- 1946 -

Louis Even le mardi, 01 janvier 1946. Dans L'expérience albertaine Aberhart

Souhaits de la Direction

Les directeurs offrent leurs plus sincères vœux de bonne et heureuse année à tous les membres de l'Institut d'Action Politique (créditistes actifs), à tous les abonnés à Vers Demain et à tous les amis et bienfaiteurs de la cause.

Ils remercient, par la voie du journal, ceux et celles qui leur ont exprimé des vœux, par cartes, lettres ou autrement.

Tous ensemble, avec l'aide du Ciel, nous ferons de l'année 1946 une année de progrès sans précé­dent vers l'ordre temporel plus humain et plus chré­tien que poursuivent les créditistes.

Du nouveau en Alberta

La convention provinciale annuelle des créditis­tes de l'Alberta a eu lieu à Calgary les 5 et 6 dé­cembre. Elle semble avoir été la plus importante depuis 1935.

Depuis 1939, la lutte de l'Alberta contre la dic­tature financière était moins vive, à cause des con­ditions de guerre. Dans cette lutte, l'Alberta a tou­jours trouvé le gouvernement fédéral aligné du côté des financiers. C'était donc une bataille non seule­ment entre la province et la finance, mais aussi entre la province et le fédéral.

Pour ne pas nuire à l'effort de guerre, l'Alberta a préféré cesser cette bataille pour le temps des hosti­lités militaires. C'était une sorte d'armistice tacite­ment conclu pour cas d'urgence.

Mais la guerre étant terminée, les créditistes de l'Alberta mettent fin à cet armistice.

C'est ce qui ressort clairement de la résolution capitale présentée à la Convention de Calgary :

ATTENDU que, durant les années d'avant-guerre, les efforts du gouvernement provin­cial pour instituer les réformes du Crédit Social, selon le mandat clairement reçu du peuple, furent bloqués par le désaveu fédé­ral des lois essentielles à cette fin ;

ATTENDU que, pendant la guerre, les exi­gences d'urgence nationale excluaient tou­te action provinciale susceptible de nuire à l'unité nationale dans la poursuite de l'ef­fort de guerre du Canada ;

ATTENDU que la guerre étant maintenant fi­nie, le gouvernement provincial étant muni d'un mandat encore plus fort que le mandat reçu en 1935, et le gouvernement fédéral, conjointement avec les corporations finan­cières et les avocats de la dictature d'Etat, ayant visiblement l'intention de poursuivre les mêmes lignes de conduite qui ont failli ruiner cette province et le reste du Canada avant la guerre ;

IL EST RÉSOLU que le gouvernement provin­cial soit prié de prendre telle action qu'il jugera nécessaire, en dépit de toute et n'im­porte quelle opposition, pour instituer les réformes démocratiques nécessaires, con­formément aux principes du Crédit Social, pour libérer le peuple de la menace crois­sante de dictature ;

IL EST DE PLUS RÉSOLU que cette Convention assure le gouvernement provincial de son appui inébranlable et actif dans toute ac­tion de cette nature qu'il prendra.

Les délégués à la Convention furent priés de me­surer toute l'importance de cette résolution, "la ré­solution de l'année". M. Lucien Maynard, procu­reur-général de la province, insista sur sa portée :

"Comprenez-vous bien ce que signifie cette ré­solution ? Nous avons eu des désaveux et des ultra vires. Si vous adoptez cette résolution, cela signifie une nouvelle déclaration de guerre contre ceux qui s'opposent à la volonté du peuple".

M. Maynard souligna le fait que les emprunts de la Victoire avaient eu pour but d'enrôler chaque

homme, femme et enfant du Canada du côté de la finance : "Lorsque tout le monde possède des bons de la Victoire, la lutte du gouvernement de l'Alber­ta contre la finance devient plus dure."

Il ajouta :

"Voulez-vous réellement une action violente maintenant ? Désirez-vous une campagne illimitée contre la finance ? Avez-vous l'intention de passer par-dessus la loi, si c'est nécessaire ? Avez-vous l'intention de passer par-dessus la constitution ?

"Dans les années de lutte d'avant 1939, deux de nos hommes durent faire de la prison. Voulez-vous aller jusque-là ? Pour moi, comme je le disais à la Chambre de Commerce Junior de Calgary en 1936, je suis prêt à aller en prison."

Le premier-ministre Manning attira aussi l'at­tention des délégués sur la signification de la réso­lution proposée.

Et pourtant, à l'unanimité, les 180 délégués pré­sents adoptèrent la résolution.

Que va-t-il sortir de là ? En Alberta, le gouverne­ment comprend qu'il est le serviteur du peuple ; et quand le peuple insiste sur des résultats, le gouver­nement croit qu'il doit tout faire pour assurer ces résultats.

Commentant cette sérieuse résolution, le rédacteur éditorial du Canadien Social Crediter écrit :

"Quand le premier coup de canon de cette nouvelle bataille sera-t-il tiré, et en quoi con­sistera-t-il ? C'est encore le secret du Crédit Social. Mais le coup de canon viendra certai­nement."

Le premier-ministre Manning a dit à la Conven­tion que son gouvernement pourra utiliser des mé­thodes qui prendront les financiers par surprise, lorsque la bataille recommencera : "Nous n'avons pas encore épuisé tous les trucs dans notre sac".

Le Canadien Social Crediter ajoute :

"Depuis 1935, la doctrine créditiste s'est étendue et a gagné du terrain. Cette fois-ci, lorsque reprendra la lutte, des citoyens de tout le Canada, de toutes les parties du Canada, seront avec nous pour nous défendre."

Du nouveau dans Québec

Et nous, créditistes de Nouvelle-France, allons-nous marquer le pas pendant que nos frères d'Al­berta décident de se relancer, tête baissée, dans la bataille ?

Non. Nous ne piétinerons pas sur place. Nous sommes bien décidés d'aller de l'avant.

Et nous, non plus, n'avons pas sorti les dernières flèches de notre carquois. Nous aussi, nous tenons en réserves de nouvelles armes pour de nouvelles batailles.

Voici dix années que furent passés les premiers messages créditistes en cette province. Depuis 1936, depuis 1939 surtout, le mouvement s'est dé­veloppé et a couvert une bonne partie de la pro­vince.

Il y a cette différence entre nous et les créditistes de l'Alberta — que, pendant qu'ils apaisaient leur lutte créditiste pour contribuer à l'effort de guerre, nous allions de l'avant, bien plus préoccupés de l'idéal créditiste que de la défense de l'Empire.

Au cours de ces six années, nombreux sont ceux qui ont bougé pour le Crédit Social. Les uns ont sus­pendu leurs activités, pour cause de fatigue ou au­tres raisons. D'autres ont continué, et des nouveaux les ont rejoints. Notre armée est belle, animée, et grossit toujours.

En cette année 1946, malgré un programme déjà chargé, nous trouverons le moyen d'organiser des soirées-souvenirs régionales, où nous inviterons, non seulement les travailleurs actuels, mais ceux des années 40-41-42-43-44, pour qu'ils viennent redire aux plus jeunes leurs efforts des premières années de Vers Demain et de l'Institut d'Action Politique. Les conférenciers de 1941, même ceux que des cir­constances ont rendus silencieux depuis, nous rap­pelleront comment ils parcouraient les campagnes

et comment ils vainquaient leur timidité pour faire leurs premiers discours en public.

Cela, c'est de l'histoire, de l'histoire passée, mais qui est toujours à sa place quand on sait en profiter pour déterminer les actions à venir.

Et des actions à venir, on peut en attendre de la part des créditistes de Nouvelle-France.

Nous projetons, nous aussi, des coups de canon d'un genre nouveau. Que seront-ils ? C'est encore le secret de l'organisation. Mais avant que l'année 1946 soit bien avancée, la nouvelle tactique des créditistes québécois dans le domaine politique se dessinera pour ceux qui ont des yeux pour voir.

L'avenir est au Crédit Social.

Louis Even

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