La page 3 du fascicule "Progress in Alberta" nous apprend que :
1. Sous l'administration des vieux partis, de 1905 à 1921, la dette publique de l'Alberta grimpa de zéro à $95,000,000 ;
2. Sous l'administration des Progressistes et des Fermiers-Unis, de 1921 à 1935, la dette publique de l'Alberta continua de grimper, de $95,000,000 à $158,081,350 ;
3. Sous l'administration du gouvernement créditiste, de 1935 à 1943 (date de publication du fascicule), la dette publique de l'Alberta a descendu, de $158,081,350 à $140,794,191.
Pendant que les politiciens des autres provinces riaient du Crédit Social et augmentaient toutes leurs dettes provinciales, l'Alberta créditiste diminuait sa dette d'une somme de plus de 17 millions ( $17,287,159).
Des créditistes studieux d'Asbestos et d'ailleurs nous ont écrit pour demander comment l'Alberta a ainsi pu réussir à diminuer sa dette publique. Sans prétendre énumérer tous les facteurs, voici notre réponse.
On s'acquitte en payant
Il n'y a qu'un moyen de diminuer une dette, c'est de la payer, au moins en partie. Et par payer, nous voulons dire rembourser le capital avancé, pas seulement servir les intérêts. Le paiement des intérêts seuls ne diminue pas une dette, il l'empêche seulement de se grossir des intérêts dus.
En Alberta, si le gouvernement a diminué sa dette de dix-sept millions, c'est parce que, à part des intérêts, il a remboursé dix-sept millions à ceux qui avaient prêté à la province. (Quand Édouard Lacroix voudra citer un gouvernement qui ne paie pas ses dettes, il devra chercher ailleurs, et plus près de lui, qu'en Alberta.)
Mais où le gouvernement d'Alberta prend-il l'argent pour payer ? Il le prend dans la province ; il n'a aucun moyen d'aller le chercher chez les voisins.
Revenu alimenté par les taxes
Et comme le Crédit Social n'est pas encore établi en Alberta, à cause des oppositions bancaires protégées par le Fédéral, le gouvernement d'Alberta procède comme les autres gouvernements : il cueille l'argent dans la province au moyen de taxes. Mais :
1. Le gouvernement d'Alberta n'emprunte plus, donc il ne fait plus de nouvelles dettes (Avis à Duplessis) ;
2. Le gouvernement d'Alberta trouve assez d'argent dans la province pour administrer, et très progressivement, tout en réussissant de temps en temps à payer une partie de la dette.
Comment le gouvernement d'Alberta fait-il pour trouver plus d'argent dans sa province ? A-t-il institué de nouvelles taxes ?
Non. Le pourcentage des taxes n'a pas augmenté. Il n'y a même plus de taxe provinciale de vente en Alberta. Mais la base des taxes, ou le revenu de l'agriculture, du commerce et de l'industrie, a augmenté. Et il suffit de connaître l'arithmétique pour comprendre que ça rapporte plus au gouvernement tout en laissant plus aux citoyens.
À titre d'exemple : Supposons qu'un homme doive payer en taxes 10 pour cent de ce qu'il touche dans l'année. S'il touche $1,000, il donne au gouvernement $100 et garde $900. Mais s'il touche $2,000, il donne au gouvernement $200 et garde $1800. Dans ce dernier cas, le gouvernement est deux fois mieux et l'homme aussi est deux fois mieux.
Plus d'activités, plus de revenus
Mais comment le revenu des gens a-t-il pu augmenter relativement plus en Alberta que dans les autres provinces ? Parce que l'administration créditiste accélère les activités de production et d'échange en Alberta. C'est aussi ce qui explique que, même avant la guerre, le chômage diminuait en Alberta pendant qu'il augmentait ailleurs.
Ah ! là, est-ce que le gouvernement de l'Alberta possède une baguette magique ? Comment peut-il faire augmenter les activités productrices et commerciales, sans emprunter de l'argent des banques pour mettre plus d'argent en circulation ? C'est ici qu'on touche à une méthode créditiste. Pas encore le grand soleil du Crédit Social lui-même, mais un programme intérimaire inspiré de sa philosophie. Suivez l'explication si ça vous intéresse. Ce n'est pas une simple théorie, ce sont des faits.
Primes sur les achats domestiques
Depuis 1938, le gouvernement de l'Alberta augmente les activités en payant un boni mensuel aux acheteurs de l'Alberta qui font leurs emplettes dans les magasins marqués du signe "Alberta Trade-Mark". Ce signe n'est accordé par le gouvernement qu'aux maisons qui s'engagent à s'approvisionner préférentiellement de produits albertains.
Le boni varie selon les conditions de la production. Avant que l'économie de guerre diminue la production civile, il était de 5 pour cent sur les produits faits en Alberta. Il est actuellement de 2 pour cent, mais s'étend à tous les produits, pourvu qu'ils soient vendus par les marchands qui coopèrent à activer la production albertaine.
Pour l'acheteur, il y a une condition à cette prime sur les achats. Il faut que l'acheteur paie avec des "crédits commerciaux" (trade-claims) au lieu de payer avec de l'argent ordinaire.
Les succursales du Trésor
Comment faire pour avoir des "crédits commerciaux" ? C'est très simple. Le gouvernement a établi dans la province tout un réseau de succursales du Trésor provincial. Ces succursales tiennent des livres, comme les banques. Si un citoyen veut des "crédits commerciaux" au lieu d'argent, afin d'avoir des primes sur ses achats, il n'a qu'à porter de l'argent à la succursale : $100 par exemple. La succursale va lui inscrire un crédit de $100. Pour payer son marchand, il n'aura qu'à lui passer un petit papier qui ressemble à un chèque, mais sur lequel il n'y a pas besoin de mettre de timbre. Le marchand remettra ce papier (transfert) à la succursale, et la succursale transférera du crédit du compte de l'acheteur au compte du marchand, selon le montant de l'achat.
Le crédit commercial achète donc exactement autant que l'argent. Au bout du mois, l'acheteur reçoit un boni de 2 pour cent sur le total qu'il a acheté de cette manière. Exactement le contraire de la taxe de vente de deux pour cent connue dans la province de Québec. C'est le gouvernement qui paie à l'acheteur, au lieu d'être l'acheteur qui paie au gouvernement.
Une plume qui n'endette personne
Mais où le gouvernement prend-il l'argent pour payer les bonis mensuels ? Est-ce qu'il l'obtient par des taxes ? Non. Il ne prend l'argent nulle part. Il ajoute simplement (en le créant) un crédit égal au montant du bonus, dans le compte créditeur de l'acheteur. Vous avez acheté pour $80 dans le mois, et il ne vous reste que $20 dans votre compte. La succursale va ajouter $1.60 (2 pour cent de vos achats), et vous aurez $21.60. Ce montant, $1.60, n'est sorti de la poche de personne, du compte de personne, mais il va vous permettre d'acheter davantage, dans les magasins qui s'approvisionnent dans la province.
La production provinciale et le commerce provincial sont ainsi activés et font un plus gros chiffre d'affaires. Ce plus gros chiffre d'affaires apporte plus d'argent (par les taxes) au gouvernement, tout en mettant tout le monde mieux.
Quant à l'argent apporté aux maisons du Trésor, une partie peut être réclamée par les manufacturiers ou les grossistes en échange des crédits commerciaux, lorsqu'ils sont obligés d'acheter en dehors de la province. L'autre partie peut être placée productivement. C'est aussi une réserve qui dispense le gouvernement d'avoir à recourir à des emprunts à court terme auprès des banques, pour les cas d'urgence, comme cela se fait chez nous.
D'ailleurs, le gouvernement paie ses fonctionnaires et ses achats, tout ou en partie, en crédits commerciaux, d'après entente avec les intéressés. Cela dispense les intéressés d'avoir à échanger leur argent contre du crédit, et cela dispense le gouvernement d'avoir l'argent sous la main au moment du paiement.
Les succursales du Trésor injectent donc du crédit nouveau, créé pour répondre à une expansion de la production albertaine écoulée en Alberta. Le montant n'est pas considérable. Mais cette petite injection, faite du côté consommateur et que personne n'a à rembourser, oriente la production et l'anime considérablement. Ce qui explique les plus gros revenus à la disposition du gouvernement, tant pour les améliorations publiques que pour la décharge de sa dette.
Ajoutons que la réduction du taux d'intérêt sur cette même dette publique aide le Trésor d'autant.
Ajoutons encore que l'administration de l'Alberta, depuis l'avènement du gouvernement créditiste, est d'une intégrité irréprochable. La philosophie créditiste n'admet pas la corruption politique.
Comment l'Alberta diminue sa dette
Louis Even le lundi, 15 janvier 1945. Dans L'expérience albertaine Aberhart
Les journaux publient-ils ces faits ?
La page 3 du fascicule "Progress in Alberta" nous apprend que :
1. Sous l'administration des vieux partis, de 1905 à 1921, la dette publique de l'Alberta grimpa de zéro à $95,000,000 ;
2. Sous l'administration des Progressistes et des Fermiers-Unis, de 1921 à 1935, la dette publique de l'Alberta continua de grimper, de $95,000,000 à $158,081,350 ;
3. Sous l'administration du gouvernement créditiste, de 1935 à 1943 (date de publication du fascicule), la dette publique de l'Alberta a descendu, de $158,081,350 à $140,794,191.
Pendant que les politiciens des autres provinces riaient du Crédit Social et augmentaient toutes leurs dettes provinciales, l'Alberta créditiste diminuait sa dette d'une somme de plus de 17 millions ( $17,287,159).
Des créditistes studieux d'Asbestos et d'ailleurs nous ont écrit pour demander comment l'Alberta a ainsi pu réussir à diminuer sa dette publique. Sans prétendre énumérer tous les facteurs, voici notre réponse.
On s'acquitte en payant
Il n'y a qu'un moyen de diminuer une dette, c'est de la payer, au moins en partie. Et par payer, nous voulons dire rembourser le capital avancé, pas seulement servir les intérêts. Le paiement des intérêts seuls ne diminue pas une dette, il l'empêche seulement de se grossir des intérêts dus.
En Alberta, si le gouvernement a diminué sa dette de dix-sept millions, c'est parce que, à part des intérêts, il a remboursé dix-sept millions à ceux qui avaient prêté à la province. (Quand Édouard Lacroix voudra citer un gouvernement qui ne paie pas ses dettes, il devra chercher ailleurs, et plus près de lui, qu'en Alberta.)
Mais où le gouvernement d'Alberta prend-il l'argent pour payer ? Il le prend dans la province ; il n'a aucun moyen d'aller le chercher chez les voisins.
Revenu alimenté par les taxes
Et comme le Crédit Social n'est pas encore établi en Alberta, à cause des oppositions bancaires protégées par le Fédéral, le gouvernement d'Alberta procède comme les autres gouvernements : il cueille l'argent dans la province au moyen de taxes. Mais :
1. Le gouvernement d'Alberta n'emprunte plus, donc il ne fait plus de nouvelles dettes (Avis à Duplessis) ;
2. Le gouvernement d'Alberta trouve assez d'argent dans la province pour administrer, et très progressivement, tout en réussissant de temps en temps à payer une partie de la dette.
Comment le gouvernement d'Alberta fait-il pour trouver plus d'argent dans sa province ? A-t-il institué de nouvelles taxes ?
Non. Le pourcentage des taxes n'a pas augmenté. Il n'y a même plus de taxe provinciale de vente en Alberta. Mais la base des taxes, ou le revenu de l'agriculture, du commerce et de l'industrie, a augmenté. Et il suffit de connaître l'arithmétique pour comprendre que ça rapporte plus au gouvernement tout en laissant plus aux citoyens.
À titre d'exemple : Supposons qu'un homme doive payer en taxes 10 pour cent de ce qu'il touche dans l'année. S'il touche $1,000, il donne au gouvernement $100 et garde $900. Mais s'il touche $2,000, il donne au gouvernement $200 et garde $1800. Dans ce dernier cas, le gouvernement est deux fois mieux et l'homme aussi est deux fois mieux.
Plus d'activités, plus de revenus
Mais comment le revenu des gens a-t-il pu augmenter relativement plus en Alberta que dans les autres provinces ? Parce que l'administration créditiste accélère les activités de production et d'échange en Alberta. C'est aussi ce qui explique que, même avant la guerre, le chômage diminuait en Alberta pendant qu'il augmentait ailleurs.
Ah ! là, est-ce que le gouvernement de l'Alberta possède une baguette magique ? Comment peut-il faire augmenter les activités productrices et commerciales, sans emprunter de l'argent des banques pour mettre plus d'argent en circulation ? C'est ici qu'on touche à une méthode créditiste. Pas encore le grand soleil du Crédit Social lui-même, mais un programme intérimaire inspiré de sa philosophie. Suivez l'explication si ça vous intéresse. Ce n'est pas une simple théorie, ce sont des faits.
Primes sur les achats domestiques
Depuis 1938, le gouvernement de l'Alberta augmente les activités en payant un boni mensuel aux acheteurs de l'Alberta qui font leurs emplettes dans les magasins marqués du signe "Alberta Trade-Mark". Ce signe n'est accordé par le gouvernement qu'aux maisons qui s'engagent à s'approvisionner préférentiellement de produits albertains.
Le boni varie selon les conditions de la production. Avant que l'économie de guerre diminue la production civile, il était de 5 pour cent sur les produits faits en Alberta. Il est actuellement de 2 pour cent, mais s'étend à tous les produits, pourvu qu'ils soient vendus par les marchands qui coopèrent à activer la production albertaine.
Pour l'acheteur, il y a une condition à cette prime sur les achats. Il faut que l'acheteur paie avec des "crédits commerciaux" (trade-claims) au lieu de payer avec de l'argent ordinaire.
Les succursales du Trésor
Comment faire pour avoir des "crédits commerciaux" ? C'est très simple. Le gouvernement a établi dans la province tout un réseau de succursales du Trésor provincial. Ces succursales tiennent des livres, comme les banques. Si un citoyen veut des "crédits commerciaux" au lieu d'argent, afin d'avoir des primes sur ses achats, il n'a qu'à porter de l'argent à la succursale : $100 par exemple. La succursale va lui inscrire un crédit de $100. Pour payer son marchand, il n'aura qu'à lui passer un petit papier qui ressemble à un chèque, mais sur lequel il n'y a pas besoin de mettre de timbre. Le marchand remettra ce papier (transfert) à la succursale, et la succursale transférera du crédit du compte de l'acheteur au compte du marchand, selon le montant de l'achat.
Le crédit commercial achète donc exactement autant que l'argent. Au bout du mois, l'acheteur reçoit un boni de 2 pour cent sur le total qu'il a acheté de cette manière. Exactement le contraire de la taxe de vente de deux pour cent connue dans la province de Québec. C'est le gouvernement qui paie à l'acheteur, au lieu d'être l'acheteur qui paie au gouvernement.
Une plume qui n'endette personne
Mais où le gouvernement prend-il l'argent pour payer les bonis mensuels ? Est-ce qu'il l'obtient par des taxes ? Non. Il ne prend l'argent nulle part. Il ajoute simplement (en le créant) un crédit égal au montant du bonus, dans le compte créditeur de l'acheteur. Vous avez acheté pour $80 dans le mois, et il ne vous reste que $20 dans votre compte. La succursale va ajouter $1.60 (2 pour cent de vos achats), et vous aurez $21.60. Ce montant, $1.60, n'est sorti de la poche de personne, du compte de personne, mais il va vous permettre d'acheter davantage, dans les magasins qui s'approvisionnent dans la province.
La production provinciale et le commerce provincial sont ainsi activés et font un plus gros chiffre d'affaires. Ce plus gros chiffre d'affaires apporte plus d'argent (par les taxes) au gouvernement, tout en mettant tout le monde mieux.
Quant à l'argent apporté aux maisons du Trésor, une partie peut être réclamée par les manufacturiers ou les grossistes en échange des crédits commerciaux, lorsqu'ils sont obligés d'acheter en dehors de la province. L'autre partie peut être placée productivement. C'est aussi une réserve qui dispense le gouvernement d'avoir à recourir à des emprunts à court terme auprès des banques, pour les cas d'urgence, comme cela se fait chez nous.
D'ailleurs, le gouvernement paie ses fonctionnaires et ses achats, tout ou en partie, en crédits commerciaux, d'après entente avec les intéressés. Cela dispense les intéressés d'avoir à échanger leur argent contre du crédit, et cela dispense le gouvernement d'avoir l'argent sous la main au moment du paiement.
Les succursales du Trésor injectent donc du crédit nouveau, créé pour répondre à une expansion de la production albertaine écoulée en Alberta. Le montant n'est pas considérable. Mais cette petite injection, faite du côté consommateur et que personne n'a à rembourser, oriente la production et l'anime considérablement. Ce qui explique les plus gros revenus à la disposition du gouvernement, tant pour les améliorations publiques que pour la décharge de sa dette.
Ajoutons que la réduction du taux d'intérêt sur cette même dette publique aide le Trésor d'autant.
Ajoutons encore que l'administration de l'Alberta, depuis l'avènement du gouvernement créditiste, est d'une intégrité irréprochable. La philosophie créditiste n'admet pas la corruption politique.