L'Alberta et sa dette

le dimanche, 01 avril 1945. Dans L'expérience albertaine Aberhart

L'Alberta fut érigée en province en 1905. À sa naissance, la dette était nulle. Mais, comme tout pays civilisé qui a une vie à lui, sous le système financier qui régit notre humanité moderne, la dette devait aller au pas du développement.

Sous les seize années du régime libéral, la dette monta de zéro à 95 millions. Sous les 14 années de régime progressiste et Fermiers-Unis, elle monta de 95 millions à 158 millions.

C'était donc une ascension moyenne de 5 millions par année. Impossible de continuer à cette allure. N'oublions pas, en effet, dans tous ces chiffres, que la population de l'Alberta n'est que le quart de la population de la province de Québec.

Le gouvernement créditiste fut élu pour la pre­mière fois le 22 août 1935. Dès le mois de mars suivant, 1936, le nouveau gouvernement décida de s'attaquer au problème de la dette provinciale et inaugura une administration sur le plan de "Pay-as-you-go" — tout payer à mesure. Donc, plus un sou d'augmentation de dette.

Sept ans plus tard, la dette de la province avait diminué de 17 millions et quart.

Lorsque le gouvernement créditiste prit le pou­voir, il y avait aussi des certificats d'épargnes dus par la province pour un montant de 9 millions et demi. Le gouvernement précédent avait cessé de les honorer.

Le gouvernement créditiste entreprit le rachat de ces certificats, et sept ans après, il n'en restait plus que pour une valeur de 3 millions et demi.

Cette année

Le budget actuellement devant la chambre légis­lative de l'Alberta comporte comme premier item un plan de rachat de la dette entière de l'Alberta sur une période de 33 ans.

Le plan annoncé pourvoit à une émission d'obli­gations à 33 ans, rappelables, pour un montant de $113,200,000, portant intérêt à 3½ pour cent. Ces obligations, qui seront émises le 1er juin de cette année, seront offertes en échange de toutes les obligations actuelles, échues ou non échues.

Aux obligataires qui conviennent d'échanger volontairement les obligations qu'ils détiennent actuellement, pour ces obligations nouvelles, le gouvernement offre une compensation équivalente au tiers de ce qu'ils ont perdu en intérêts depuis 1936, depuis que le gouvernement d'Aberhart dé­cida de couper en deux le taux d'intérêt sur toutes les obligations.

Ainsi, ceux qui ont des obligations à 6 pour cent ne recevaient que 3 pour cent. Désormais, avec les nouvelles obligations, ils toucheront 3½ pour cent, et le gouvernement leur donne $9.00 de compensa­tion par $100 d'obligations. Pour ceux qui avaient des obligations à 5% et ne touchaient que 2½ pour cent, les nouvelles obligations leur donneront aussi 3½ pour cent, et le gouvernement leur donne une compensation d'ajustement de $7.50 par $100.

Nous avons déjà expliqué comment la réduction d'intérêt était justifiée en équité, sinon en contrat. La conversion présente de la dette à un taux gé­néreux pour les créanciers 1945 et la compensation offerte par le gouvernement d'Edmonton décide­ront probablement les obligataires à accepter l'ar­rangement, et ce sera la fin d'un long conflit.

Cette somme de 113 millions ne comprend tou­tefois pas les obligations des Grands Canaux, s'éle­vant à 5 millions et demi.

Pour le rachat dans les 33 ans, le plan du gouver­nement pourvoit à un fonds annuel d'au moins 2 millions, employé à cette fin année après année.

L'intérêt annuel actuel à 3½ pour cent signifie une somme de 4 millions prise dans les poches des contribuables pour remettre aux créanciers. Avec une réduction annuelle de 2 millions dans la dette, l'intérêt baissera de $70,000 par année. On peut entrevoir qu'avec une charge décroissante d'in­térêt, le fonds de rachat annuel pourra augmenter : 2 millions est le minimum. De sorte que le rachat définitif sur 33 années semble tout à fait possible.

Quel autre gouvernement s'est attaqué avec au­tant de décision au problème de sa dette ? Ajoutons que le budget de cette année comporte le rachat final des certificats d'épargnes, soit, une somme de $3,200,000.

Les électeurs de l'Alberta furent réellement bien inspirés le 22 août 1935. C'est l'étude du Crédit Social qui valut ce vote, suivi d'un redressement progressif.

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