Plus vivant que jamais

Louis Even le mardi, 15 janvier 1946. Dans La vie créditiste

Plus vivant que jamais, le mouvement créditiste de Nouvelle-France. Plus agressif que jamais en politique, sous la forme de l'Union des Électeurs.

Les lecteurs réguliers de VERS DEMAIN n'ont plus besoin d'explication pour saisir l'analogie en­tre le Crédit Social et l'Union des Électeurs.

Le Crédit Social, c'est la démocratie en action : en politique, les institutions gouvernementales au service de la volonté commune et légitime des ci­toyens ; en économie, les biens au service des be­soins, l'argent servant au lieu de dominer.

Et qui peut mieux revendiquer la volonté com­mune des électeurs que les électeurs eux-mêmes, organisés à cette fin ?

Nous sommes loin ici de l'organisation d'un par­ti politique pour capter le vote des électeurs tous les quatre ou cinq ans, et les ignorer autrement que comme contribuables entre les élections.

L'Union des Électeurs, électeurs éclairés et orga­nisés en permanence, pour se faire entendre en permanence, dans tous les domaines : municipal, provincial et fédéral.

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Les esprits ratatinés, qui prennent le Crédit So­cial pour une simple technique monétaire, peuvent certainement s'étonner de trouver les créditistes alignés en guerre douze mois par année. Toujours là, même quand il n'est nullement question d'ar­gent.

Toujours là, les créditistes, oui, parce qu'il y a toujours le bien commun de tous et de chacun à protéger contre les exploiteurs d'hommes. Et c'est cela le Crédit Social : la revendication, pour tous et chacun, sur le plan politique, économique et social, des avantages qui doivent résulter pour chacun de la vie en société.

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Aussi les créditistes, par leur Union des Élec­teurs, sont-ils au premier rang pour demander tout haut ce que tout le monde désire tout bas.

La province de Québec veut la démobilisation des conscrits ; elle n'a jamais accepté la conscrip­tion dans son esprit ni dans son cœur. Or, qui, dans la province, a le plus dénoncé la conscription, et qui, aujourd'hui, demande le plus fort la démobili­sation immédiate de tous les conscrits ? — L'Union des Électeurs organisée par les créditistes de Nou­velle-France.

La population de la province de Québec est ré­voltée de voir la gestapo militaire, six mois après la fin des hostilités, rechercher encore les jeunes gens qui ont préféré se cacher et renoncer à bien des joies de la vie plutôt que se plier à l'infâme loi de conscription. Or, qui a pris les devants pour ré­clamer et faire réclamer l'amnistie générale pour les délinquants et déserteurs ? Qui ? — L'Union des Électeurs, organisée par les créditistes de Nouvel­le-France.

Les Canadiens ne veulent pas du tsarisme bu­reaucratique introduit pendant la guerre, et que le gouvernement fédéral cherche à maintenir aussi longtemps que possible ? Or, qui a élevé les pre­mières protestations contre l'imposition d'un régis­seur du logement à Montréal et Québec ? Qui ? L'Union des Électeurs.

Qui a attaché le grelot pour combattre le Bill 15 ? L'Union des Électeurs, les créditistes de Nouvelle-France.

Quel a été le premier et à peu près le seul jour­nal à dénoncer le Bill 15 ? Le journal VERS DE­MAIN, l'organe de l'Union des Électeurs.

Veut-on se renseigner contre la propagande or­ganisée en faveur du soviétisme, en faveur du planisme, en faveur de Brettons Woods, en fa­veur de l'expulsion de Franco, en faveur du grand plan judéo-maçonnique ? Que faut-il lire ? VERS DEMAIN, le journal de l'Union des Électeurs.

Veut-on voir exposer certains dessous et la ser­vilité de la politique de chez nous, c'est encore la littérature de l'Union des Électeurs qu'il faut con­sulter.

Comme on le voit, on est loin, dans le Crédit So­cial, dans l'Union des Électeurs, de se borner à la simple demande d'une réforme monétaire. Et quand on y parle de réforme monétaire, ce n'est pas d'une simple fabrication d'argent par l'État qu'on parle, mais de la sécurité économique et de la liberté de choix garanties à chaque citoyen. C'est un vaste programme.

C'est que le Crédit Social est une doctrine de vie. L'Union des Électeurs y a puisé la sève, qui l'anime et un dynamisme que nul obstacle ne pourra arrêter.

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Plus vivante que jamais, l'Union des Électeurs, malgré les indications fausses du baromètre élec­toral.

Battue aux urnes dans une élection provinciale générale en 1944, battue de nouveau dans une élection fédérale générale en juin 1945, battue en­core dans l'élection partielle de Beauce, le 21 no­vembre dernier, l'Union des Électeurs rebondit plus forte et plus déterminée que jamais.

Les machines des partis sont remisées pour trois ou quatre ans. D'autres mouvements politiques sont rentrés sous leur tente. Qui parle aujourd'hui des "Indépendants", subitement venus sur la scène politique à la veille de l'élection de juin dernier ? Quant au Bloc Populaire, qui reçut beaucoup plus de publicité et bénéficia de beaucoup plus d'appui en hauts lieux que l'Union des Électeurs, il n'a mê­me plus d'organe aujourd'hui ; les Bloquistes n'ont pu faire vivre leur journal après leur défaite aux polls.

Mais l'Union des Électeurs, la modeste Union des Électeurs, faite d'hommes et de femmes du peuple, bâtie en dehors des experts de la politique, l'Union des Électeurs est plus vigoureuse que ja­mais. Son organe, le petit journal VERS DEMAIN, qui n'avait pas 30,000 abonnés en juillet 1944, qui a dû depuis faire face aux déceptions de trois défaites électorales, a quand même, envers et con­tre tout, touché le haut sommet de 46,000 abonnés en règle au cours de 1945.

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Et voici que l'Union des Électeurs, forte de sa phalange d'hommes renseignés et actifs, entre­prend ni plus ni moins que de déclarer elle-même une campagne électorale ouverte dans la province de Québec, et de former son propre parlement, pour faire face au parlement d'usurpateurs mis en selle par des machines à corruption.

"Pas de chance pour des partis nouveaux", crie-t-on dans la province de Québec.

Soit. Pas de chance pour un parti nouveau. Mais place, croyons-nous, pour une politique nouvelle, en dehors de tout parti.

Les partis cherchent le pouvoir et les privilèges que confèrent la possession du pouvoir : il peut bien y avoir chicane, et la menace d'un troisième larron peut bien être mal vue des deux premiers.

Mais l'Union des Électeurs cherche le service, le service de toute la communauté, sans s'occuper de la couleur politique de ceux qui servent — pourvu qu'ils servent. À qui, bien intentionné, l'Union des Électeurs peut-elle donc porter ombrage ?

Quoi qu'il en soit, l'Union des Électeurs va de l'avant. Et pour aller de l'avant avec plus de force encore, elle pousse plus que jamais son petit jour­nal VERS DEMAIN. L'année 1946 n'est qu'à son début : elle sera une année de développement sans précédent pour l'Union des Électeurs.

Louis Even

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