Pourquoi des taxes ?

Louis Even le mardi, 01 janvier 1963. Dans Les taxes actuelles sont un vol

Les taxes actuelles sont un vol — Chapitre 2

Trois principaux arguments sont donnés pour justifier le système de taxes :

1. Le gouvernement a besoin d'argent pour administrer le pays, et pour financer les travaux et services publics ; il faut bien qu'il prenne l'argent où il est ;

2. Les taxes servent à   corriger la mauvaise répartition de la richesse, en prenant l'argent à ceux qui en ont,   pour en donner à ceux qui n'en ont pas, par des pensions, des allocations ou d'autres   formes de secours ;

3. Les taxes servent encore à empêcher l'inflation, en ôtant l'argent qu'il y a de trop dans le pays.

Si les taxes sont détestées de tout le monde, si chacun voudrait les voir sur le dos du voisin, si elles aplatissent un pouvoir d'achat déjà insuffisant, si elles gonflent des prix déjà trop gros, pourquoi donc les endure-t-on ?

On les endure parce qu'on les considère comme une opération, douloureuse assurément, mais absolument indispensable.

Les raisons données pour montrer la nécessité des taxes semblent même, à première vue, logiques et indiscutables :

Pour financer le gouvernement

Le gouvernement a besoin d'argent, pour administrer, pour payer les fonctionnaires, pour financer les travaux publics, les services publics, la défense nationale, etc. Or, il n'a pas d'argent de lui-même. Donc, il doit taxer à moins d'emprunter aujourd'hui et de taxer demain.

Voilà bien la première raison donnée pour justifier les taxes. Tous les gouvernements nous répètent, à qui mieux mieux, qu'ils n'ont pas d'argent, à moins d'en obtenir par :

    • Des taxes ;

    • Des emprunts ;

    • Des royautés ;

    • La vente de richesses naturelles ;

    • Des profits sur des entreprises conduites par des ministères ou des commissions de la Couronne.

Ce dernier item ne vaut pas grand'chose. À part la Commission des Liqueurs, qui profite d'une passion humaine mal contenue, les entreprises gouvernementales connaissent mieux les pertes que les gains. D'ailleurs, un gouvernement patron ou un gouvernement marchand n'est pas précisément dans ses fonctions propres.

La vente des richesses naturelles ne peut rapporter que temporairement — le temps qu'on aliène un capital national. Et c'est une piètre méthode.

Les royautés sont assimilables à des taxes, payées par des compagnies ou des particuliers, en retour du privilège d'exploiter des richesses naturelles.

Les emprunts ne sont que des taxes différées. Pour rembourser, il faudra bien taxer plus tard. Pour servir l'intérêt, il faudra même prélever des taxes plus grosses que les services obtenus par ces emprunts.

C'est donc, en définitive, sur les taxes que le gouvernement se base pour avoir de quoi administrer le pays, de quoi répondre aux demandes de travaux et de services publics.

Tout de même, une question commence à se poser un peu partout : Si le gouvernement n'a pas d'argent, à moins d'en recevoir de ceux qui en ont ; si nous, citoyens, n'avons pas, non plus, d'argent, à moins d'en recevoir de ceux qui en ont — où donc l'argent commence-t-il ? D'où sort l'argent quand il augmente ? Si ce n'est pas le gouvernement qui fabrique et émet l'augmentation, qui donc le fait dans le pays ?

Corriger une mauvaise répartition

La deuxième raison donnée à l'appui des taxes, c'est de corriger un peu une mauvaise répartition de la richesse. Le gouvernement enlève du pouvoir d'achat dans des endroits, pour le mettre dans d'autres endroits qui en sont dépourvus. Les taxes financent les allocations, pensions d'indigence, octrois, etc.

C'est admettre que la répartition est mal faite à l'origine. On essaie de la replâtrer par les taxes. Mais, comme il faut continuer sans cesse de la replâtrer, c'est qu'elle continue toujours d'être mal faite.

On peut sûrement se demander s'il ne vaudrait pas mieux supprimer le mal lui-même, par la justice distributive dans la dispensation du pouvoir d'achat, au lieu de la fiscalité après une distribution boiteuse du pouvoir d'achat.

 Enlever de l'argent excédentaire

Troisièmement, enfin, les gouvernements, d'accord en cela avec les banques, déclarent qu'il faut enlever de l'argent au public, parce que, sans cela, il y aurait trop d'argent en circulation. Cette raison est donnée plus fréquemment en temps d'inflation.

Nous avons dit, plus haut, que les taxes haussent les prix — ce qui est facile à comprendre.

Pourtant, il y a, autour des gouvernements, des aviseurs financiers pour les convaincre que des taxes plus fortes feront baisser les prix !

Il est évident que, si l'on taxe le public au coton, s'il n'a plus d'argent pour acheter, il n'achètera plus. Les marchands alors courront après la clientèle, après un pouvoir d'achat déficitaire. Pour ne pas crever avec leurs stocks, ils abaisseront les prix jusqu'au niveau voisin de la banqueroute, si même ils ne franchissent pas cette ligne fatale.

C'est, de fait, ce qui arriva en 1930. Et. les prix restèrent avilis pendant des années. Mais qui y gagna : les producteurs ruinés ou les consommateurs amaigris ?

Quel soulagement y a-t-il à abaisser les prix lorsque, pour en venir là, il faut d'abord abaisser le pouvoir d'achat de la communauté ?

Mais les défenseurs des taxes maintiennent leur point : Le programme d'armement, la fabrication de munitions distribue de l'argent ; le public n'achète pas les munitions ; si vous ne taxez pas, il y aura trop d'argent par rapport aux produits que le public achète.

 • • • 

Voilà donc les principales raisons données à l'appui du système de taxes :

    • Fournir de l'argent au gouvernement ;

    •  Corriger un pouvoir d'achat mal réparti ; 

    •  Enlever de l'argent surabondant.

De prime abord, répétons-le, ces trois raisons semblent plausibles, bien fondées, incontestables. Et pourtant, nous posons la question :

Les taxes sont-elles vraiment nécessaires ?

Louis Even

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