Au service de ses électeurs

le jeudi, 15 novembre 1945. Dans La politique

Un député attentif à découvrir les désirs de ses électeurs et à prendre tous les moyens possibles pour les réaliser — ce phénomène est rare, mais il existe. On en compte un au Parlement de la Nouvelle-Zélande : M. R. M. Algie, député de Remuera, faubourg d'Auckland.

M. Algie était professeur de droit à l'Université d'Auckland. En 1937, il donna sa démission de professeur et établit la Ligue de la Liberté, au service de laquelle il consacra sa plume habile et sa parole éloquente pendant plusieurs années.

Aux élections générales de 1943, M. Algie fut élu, avec une grosse majorité, député du comté de Remuera, un des centres les plus conservateurs de la Nouvelle-Zélande.

À peine entré au Parlement, M. Algie annonça que, selon lui, ses fonctions consistaient à essayer d'accomplir la volonté de ses électeurs en tout temps. Il exprima publiquement le désir de voir se former dans son comté des comités locaux de citoyens, pour le tenir au courant et lui transmettre fréquemment les instructions de ses électeurs.

Pour commencer, personne ne s'occupa de répondre à cette avance. C'était à croire que les électeurs ne désiraient rien ou qu'ils n'appréciaient pas le geste de leur député.

Récemment, cependant, une dame d'initiative et d'énergie, Madame Gertrude Brooks, entreprit la formation des comités d'électeurs. Elle commença par ses voisins. Les citoyens de Remuera s'aperçurent vite qu'ils avaient des désirs communs, auxquels tous se ralliaient, indépendamment de leur couleurs politiques : un meilleur éclairage des rues, une meilleure location des magasins, pour qu'ils soient placés à portée des résidents, et non pas dans tel ou tel site déterminé par un bureaucrate du gouvernement ; un service d'autobus, malgré les restrictions officielles sur la gazoline.

À la surprise et à la grande joie des citoyens, M. Algie répondit promptement et énergiquement à leurs demandes, et ses activités obtinrent vite les résultats désirés.

Ses électeurs lui ayant écrit une lettre de remer­ciement, il leur répond que c'est un plaisir pour lui de servir une communauté de citoyens qui s'est montrée si capable de décider ce qu'elle veut et de l'exprimer clairement.

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Remarquons que l'organisatrice, Mme Brooks, est une créditiste, qui étudie depuis longtemps, non seulement la technique de l'argent, mais la philoso­phie et les conseils de tactique du Major Douglas.

Quant au député Algie, s'il ne porte pas l'éti­quette de créditiste, il pratique tout de même la plus pure politique du Crédit Social. Avec des députés de ce calibre, si les citoyens n'obtiennent pas ce qu'ils désirent, ils n'ont à s'en prendre qu'à eux-mêmes et non pas à leurs élus.

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Ajoutons que M. Algie s'est fait remarquer en Chambre par son attitude vis-à-vis de la ratifica­tion de la Charte de San Francisco par le parlement de Nouvelle-Zélande. Il a refusé de voter cette approbation, parce que, dit-il, c'est signer un chèque en blanc. Le peuple n'a pas été mis au courant du contenu de la charte, ni des obligations qu'elle comporte pour les citoyens des pays qui s'y soumettent. L'approuver, c'est donc lier le peuple à son insu.

M. Algie fit aussi remarquer que le mot "Charte" est un terme impropre. C'est plutôt un traité ou un accord. Le mot "Charte" implique des droits, des avantages conférés : où sont-ils dans les cent onze points de l'accord de San Francisco ?

(D'après le Social Crediter (Liverpool) du 20 octobre 1945.)

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