Bureaucratie - Coupons

le mercredi, 15 décembre 1943. Dans Réflexions

À Ithaca, dans l'état de New-York, une vache fut prise de coliques. Consulté, le vétérinaire prescrivit de bonnes doses de kérosène.

Le fermier, M. Vose, se mit en devoir d'acheter quatre pintes de kérosène. Mais il fallait des cou­pons, et notre homme, n'étant point propriétaire d'auto, n'avait pas de coupons.

À force d'argumenter, il se fit servir le kérosène, promettant de faire une demande de coupons et de les remettre au marchand une fois obtenus.

M. Vose écrivit donc au bureau de l'Office des Prix, à Syracuse. Pas de réponse.

Deuxième lettre au bureau. Cette fois, il reçut un questionnaire à remplir.

S'asseyant, le brave fermier répondit le plus cons­ciencieusement possible à toutes les questions :

Quelle marque ? — Une Jersey.

Quel genre de carosserie (body type) ? — Deux cor­nes, une queue, quatre pattes, un pis et quatre trayons.

De quelle année ? — 1940.

Capacité de siège ? — Je ne me suis encore jamais as­sis dessus, mais je m'imagine qu'il y a place pour deux personnes.

Millage et vitesse ? — Le vétérinaire vient de lui faire prendre une pinte de kérosène, et elle a couru sur une distance de quatre milles. Je m'imagine qu'avec les quatre pintes, elle fera 16 milles. Mais je ne puis spécifier la vitesse, car le vété­rinaire ne l'a pas encore rattrapée.

(Reader's Digest, avril 1943)

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