C'est le temps opportun pour l'institution d'un système de Maisons du Trésor dans la province de Québec.
Avec la fin de la guerre, de nombreux jeunes gens vont revenir du front et de nombreux employés des usines de guerre seront mis à pied.
Si les Maisons du Trésor ont commencé à fonctionner, les industries de la province ralliées aux Maisons du Trésor verront leurs produits favorisés sur le marché domestique, et songeront à se développer. Il leur faudra de la main-d'œuvre.
Avec toute la main-d'œuvre disponible aussi, des hommes d'initiative voudront utiliser des ressources naturelles qui attendent le capital. L'injection de crédit nouveau dans le système, par la prime mensuelle, aura pour effet de permettre des placements dans des industries nouvelles. Cette injection est modérée, il est vrai, mais vu que le crédit injecté n'est pas rappelé, parce qu'il s'agit de cadeaux et non de prêts, toutes les augmentations s'additionnent.
Le seul fait aussi d'activer les achats de produits domestiques augmente les profits des producteurs sans majorer les prix. Cette augmentation de profits devient le facteur le plus intéressant pour développer des entreprises, vu qu'elle ne les grève pas de dette comme un emprunt.
L'Alberta établit ses premières Maisons du Trésor en septembre 1938. Pas toutes à la fois, mais progressivement, à mesure de la demande et de la préparation. Le réseau était à peine établi que vint la guerre, en 1939. Les restrictions qui suivirent, en fait de matériel et de main-d'œuvre, ont rendu très difficile le fonctionnement efficace d'un système établi pour une expansion de crédit en fonction d'une expansion de la production.
Si, malgré cela, les Maisons du Trésor se sont affermies et ont gagné des adhérents en Alberta, que ne peut-on attendre d'un système analogue installé dans notre province juste au moment où la main-d'œuvre va devenir abondante et où les restrictions sur le matériel vont disparaître ?
Il serait regrettable de manquer l'occasion. S'il n'y a rien qu'un système à dettes pour pourvoir à l'emploi des hommes et à l'exploitation des ressources, on risque de retomber dans l'ornière moins de deux années après la cessation des hostilités, et l'on verra encore la province se tourner du côté d'Ottawa en criant que le problème du chômage est un problème fédéral, résultant des conditions de guerre, et que le gouvernement d'Ottawa doit lui-même y voir. Ce ne serait pas le moyen de fortifier l'autonomie provinciale.
Nous souhaitons vivement voir une loi des Maisons du Trésor votée dès la présente session. Il faut plusieurs mois après cela pour établir solidement quelques succursales du Trésor ; plusieurs autres mois pour étendre le réseau ; plusieurs autres mois encore pour que le réseau produise ses effets. Une année de délai dans l'adoption de la loi signifierait une année de retard dans les résultats. Pendant cette année de retard, des facteurs désagréables peuvent s'accumuler qui créeraient des difficultés très grandes, et rendraient le développement plus pénible et plus lent.
On a toujours plus de facilités dans une fondation qui se fait en temps relativement normal que dans des conditions de crise et de désarroi.
Reginald McKenna, président de la Midland Bank, la plus grosse des banques commerciales anglaises :
"Les banques dictent la politique des gouvernements et tiennent dans le creux de leurs mains la destinée des peuples,"