Devant l'autel de Staline

le jeudi, 15 mars 1945. Dans La politique

Il paraît que, si nous connaissions mieux le ré­gime soviétique et les splendeurs de la Russie, nous serions de meilleurs citoyens du monde. C'est pour nous y conduire que s'est organisé le National Council for Canadian-Soviet Friendship (Conseil national pour l'amitié canadienne-soviétique), avec siège principal à Toronto.

Comme la province de Québec semble manquer totalement de culte envers les œuvres de Staline, le Conseil National de Toronto a décidé d'établir une division québecoise (Quebec Division). Le 23 janvier, le conseil municipal de Montréal a voté majoritairement pour autoriser la constitution de cette association qui aura son siège à l'hôtel Wind­sor de Montréal.

L'Association a pour objet, déclare-t-elle, de :

"Promouvoir l'instruction, l'éducation et l'information, en fournissant au peuple canadien des renseignements authentiques sur l'Union Soviétique."

La demande d'autorisation fut signée par dix personnes, toutes du district de Montréal, dont : Louis Fitch, avocat juif ; Morris C. Davies ; Jean-Louis Gagnon, publiciste libéral qui collabore avec Louis Fitch et d'autres Israélites à la rédaction du mensuel juif Today ; et quelques autres noms ca­nadiens-français, comme l'avocat Guy Casimir Papineau-Couture, Émile Vaillancourt, et Mme Constance P. Garneau, de la Ligue des Droits de la Femme, qui est en même temps une fervente du Régisseur du logement.

Qui se ressemble s'assemble.

Mais les solliciteurs avaient toute une liste de noms distingués pour appuyer leur demande, en­tre autres : Mackenzie King, premier-ministre du Canada, qui, ayant échoué dans l'unité canadien­ne, se consolerait à voir se dessiner une unité russo-­canadienne ; Sir Eugène Fiset, lieutenant-gouver­neur de la province de Québec par la grâce de Mackenzie King ; le sénateur C.-P. Beaubien ; Mme Pierre Casgrain, la voix perlée de la Commission des Prix ; W. F. Angus, de la Dominion Bridge ; John Basset, de la Montreal Gazette ; le riche Juif Allan Bronfman, des distilleries ; Aimé Geoffrion, l'avocat de prédilection des trusts ; le Dr Cyril Ja­mes, principal de McGill ; Harold Crabtree, de l'industrie papetière ; et d'autres.

Les promoteurs ont des portes ouvertes. Leur mission ne se fera pas dans les backyards non plus. Lorsque le premier-ministre C.C.F. de la Saskat­chewan voulut transmettre un message de félici­tations à Staline, le 8 février dernier, il ne trouva rien de plus normal que de le passer par l'intermé­diaire de R. H. Davies, de Toronto, président du National Council for Canadian-Soviet friendship et lui aussi collaborateur à la revue juive Today.

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