Face à eux-mêmes

le dimanche, 01 avril 1945. Dans La politique

Ceci se passe en Australie :

Le 5 avril 1944, le parlement fédéral australien adoptait une loi d'assurance-chômage et d'assu­rance-maladie.

Le 17 juillet 1944, 22 sénateurs et 51 députés, dont le premier-ministre Curtin, le Procureur-général Evatt et plusieurs autres ministres, sous la pression d'électeurs avisés, signaient l'engage­ment de ne jamais sanctionner aucune forme de conscription industrielle après la guerre : "Nous répudions expressément toute idée que nous puis­sions permettre à aucun gouvernement d'enrégi­menter, de conscrire ou de contraindre le travail d'un seul citoyen libre d'Australie."

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Or, il est maintenant question que le gouverne­ment doit mettre en vigueur, au cours de 1945, la loi votée le 5 avril 1944.

Et que dit cette loi ?

La clause 15 interdit le droit de grève à qui veut bénéficier du bénéfice de non-emploi ; puis elle enlève le bénéfice à quiconque n'est pas prêt à accepter tout emploi que le directeur-général, ou son délégué, juge convenir au travailleur.

Si c'est le directeur-général ou son délégué qui juge, ce n'est donc plus l'ouvrier lui-même — c'est de la contrainte.

La clause 28 supprime les bénéfices à toute personne qui est tombée dans le chômage par sa faute (évidemment, c'est le directeur-général ou son délégué qui juge) ; à toute personne qui a perdu son emploi par sa mauvaise conduite (encore le fonctionnaire du gouvernement qui juge) ; et à toute personne qui refuse, sans raisons bonnes et suffisantes (au jugement du fonctionnaire) d'accep­ter un emploi que le fonctionnaire considère con­venable au travailleur.

La clause 46 sent la gestapo et oblige à la mouchardise :

"Le directeur-général peut forcer toute personne qu'il croit en position de le faire, de lui fournir un rapport confidentiel sur tout ce qui se rap­porte au paiement de bénéfices à une autre per­sonne quelconque ; et si la personne à laquelle ce rapport est demandé ne le fournit pas dans un temps raisonnable, ou si ce rapport est faux dans quelque détail, cette personne est passible d'une amende de 50 livres ( $250) ou de trois mois de prison."   .

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C'est donc le travail forcé, et la dénonciation forcée pour mettre le travail forcé en vigueur. Aussi la Sound Policy Association (quelque chose comme notre Union Créditiste des Électeurs) place-t-elle les députés en face de leur si­gnature, telle la lettre à l'un d'eux, M. Bryson, qui se termine ainsi :

"Vous êtes en face de deux alternatives, M. Bryson :

    1) Vous opposer à la mise en vigueur de cette loi ; ou bien

    2) Répudier votre engagement signé. Lequel allez-vous faire ?"

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Comme on voit, en Australie aussi bien qu'au Canada, la dictature inaugurée à l'occasion de la guerre, cherche à s'établir définitivement. Et pas plus en Australie qu'au Canada, les députés n'ont assez de principes pour y tenir tête. Là comme ici, seuls les électeurs renseignés, vigilants et or­ganisés peuvent faire échec à la tyrannie qui se camoufle sous le manteau de la sécurité sociale.

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