Ils ne veulent pas de la Russie

le lundi, 22 septembre 2025. Dans La politique

Extraits du discours prononcé à la Chambre des Communes d'Ottawa, le 24 septembre, par M. Anthony Hlynka, député créditiste du comté de Vegreville (Alberta) :

S'exilent par horreur du communisme

Le 26 mars 1945, au cours d'un débat sur la Conférence de San Francisco, j'ai rappelé dans cette enceinte l'urgente nécessité d'un organisme grâce auquel les gens dépourvus de citoyenneté puissent faire valoir leurs opinions.

Aujourd'hui, me fondant sur ce qui se passe dans la sphère d'influence soviétique, je suis plus que jamais convaincu que le besoin d'un tel orga­nisme est même plus manifeste qu'alors. Il est bien évident que tout problème qui intéresse des mil­lions de gens ne peut et ne doit pas être écarté à la légère.

Pour démontrer la gravité de ce problème, je cite un éditorial paru dans le numéro du 15 sep­tembre de l'Evening Citizen d'Ottawa, sous le titre "Odyssée estonienne" :

"Une brève nouvelle transmise de Londres annonce le départ, de la côte occidentale de l'Écosse, à bord d'un yacht à voiles de 37 pieds, d'un groupe de 16 réfugiés estoniens. Ce groupe, comprenant 7 hommes, 5 femmes et 4 enfants, est en route pour les États-Unis. À trois reprises déjà, le petit navire a pris la mer ; mais on peut juger combien ces gens sont déterminés à ne pas retourner dans leur patrie par le fait qu'ils tentent un quatrième effort en vue d'atteindre le Nouveau-Monde, dans l'espoir d'y refaire leur existence.

"Le désir que ces gens ont de s'éloigner de leur patrie fera certainement surgir des com­plications de ce côté-ci de l'Atlantique, au cas où ils réussiraient dans leur tentative déses­pérée. Cela met en lumière le triste sort de plusieurs milliers de gens présentement dési­gnés comme déportés.

"Des pays comme l'Estonie, la Lituanie et d'autres en Europe, où les gouvernements sont changés, comptent nécessairement une foule de résidents qui ne veulent pas retour­ner à leur ancien foyer. Ceux de l'Estonie ne veulent pas réintégrer le territoire maintenant annexé à l'Union Soviétique."

Devenir communiste ou périr

D'autres rapports décrivent le sort pitoyable et des plus pathétiques des millions de sans-foyer.

Voici un autre extrait du bulletin de la presse tchécoslovaque du 28 juin 1945. Ce bulletin, publié à Londres, Angleterre, contient un article intitulé : Nouvelles du continent crucifié, et dont le sous-titre est : Être communiste ou périr.

"À la lumière des renseignements de Trieste, les Alliés de l'Ouest (Anglais et Amé­ricains) forcent à retourner aux régions qu'ils ont fuies un grand nombre de ceux qui ont échappé à la colère des communistes de Tito.

"Des milliers de Croates et de Slovènes qui ont cherché refuge dans la zone britannico‑américaine de Karinthie, ont été remis à Tito. Dépouillés de leurs vêtements, ils ont été vic­times du feu meurtrier des mitrailleuses.

"L'évêque de Ljubljana et 161 prêtres et membres du clergé slovènes sont allés cher­cher protection dans la zone américaine. Il n'est pas encore décidé si on les remettra aux mains de Tito.

"Les journaux des pays à civilisation chrétien­ne gardent le silence sur ces horreurs. Il semble presque décidé que les peuples du continent européen sont voués au sacrifice."

Les deux citations que je viens de donner révè­lent que plusieurs peuples épris de liberté se trouvent dans une situation très critique. J'ajou­terai que le sort du continent européen est entre les mains des nations de langue anglaise, y com­pris le Canada.

D'après les statistiques du Bureau International du Travail, la guerre a entraîné la déportation d'au moins 40 millions de personnes. Bon nom­bre de ces personnes retourneront dans leur pays de leur plein gré ; mais dans le cas de ceux que j'appellerai les sans-patrie, le mot rapatriement a un sens différent. Pour eux, cela comporterait les travaux forcés, les camps de concentration, ou, pour me servir d'un terme cher aux Soviets, la "liquidation".

Ce qu'il y a de plus tragique et de plus ironique dans tout cela, c'est que ce groupe se compose de gens aux opinions démocratiques ; et, comme la citation le dit, les démocraties les forcent à deve­nir communistes ou à périr.

Rapatriement par la force

Au cours des quelques dernières semaines, plu­sieurs de nos foyers canadiens ont reçu des lettres, des messages et des requêtes désespérés, et nous avons lu des dépêches dans les journaux sur le même ton, portant que le groupe des déportés que l'on trouve dans les zones américaines et britan­niques sont renvoyés de force dans leurs anciens foyers.

Plusieurs des déportés se suicident plutôt que de retourner sous le régime soviétique. D'autres vont même jusqu'à résister, en état de légitime défense, aux agents de police militaire britanni­ques et américains, la situation s'aggrave.

À ce sujet, je demanderais si le rapatriement par la force est une solution au problème, et si c'est agir selon les principes de la Charte de l'Atlantique, à savoir "le droit de tous les peuples de choisir le régime politique sous lequel ils vi­vront", et assurer aux hommes de toutes les nations une vie à l'abri de la crainte et de la misère."

Un appel

Bien des combattants revenus de la présente guerre, qui ont connu de ces déportés et qui sont personnellement au courant de la situation sur la question du rapatriement, vu qu'ils sont eux-mê­mes d'origine ukrainienne, sont venus me voir pour me demander de plaider la cause de ces infortunés, dont plusieurs sont leurs compatriotes.

J'ai de plus reçu des lettres et des télégrammes presque chaque jour, des congrégations religieuses ukrainiennes, et d'autres associations canado-ukra­iniennes de toutes les parties du pays, me deman­dant de signaler cette question au Gouvernement ainsi qu'au tribunal démocratique que nous for­mons.

Au nom des réfugiés ukrainiens et des autres qui tombent sous cette mesure de rapatriement, je supplie le gouvernement de transmettre, par l'in­termédiaire de ses hauts fonctionnaires auprès du gouvernement anglais et du gouvernement amé­ricain, un appel vibrant à faire cesser le rapatrie­ment obligatoire des déportés.

Oui, la démocratie comparaît devant le tribunal de l'opinion. Aucune théorie athée de con­trainte, de torture et d'extermination ne restau­rera à l'humanité le droit démocratique divin, à moins que les démocraties qui survivent n'écri­vent un nouveau chapitre d'histoire fondé sur les principes du christianisme.

Anthony HLYNKA


Propagande de gauche

La propagande organisée continue pour exalter la Russie soviétique, blanchir Staline, d'une part, et, d'autre part, couvrir Franco de tous les crimes.

Certains de nos journaux canadiens-français, les journaux libéraux surtout, sont de la partie. Quand ce n'est pas le Canada, c'est le Soleil. Quand ce n'est pas le Soleil, c'est le Canada.

Ainsi, Le Soleil du 20 septembre présente deux articles éditoriaux : le premier pour la Russie, le second contre l'Espagne.

S'il faut en croire Le Soleil, "les exigences de la Russie s'expliquent, et elles ne sont pas plus glou­tonnes que celles de plusieurs puissances de l'Oc­cident après les première et deuxième guerres mon­diales."

Alors, que l'Europe centrale et orientale passe sous la tutelle de Moscou, rien à dire.

C'est à force de répéter des choses de ce genre qu'on finit par faire avaler des couleuvres.


Le goût des contrôles

Le bill No 15

Ce n'est pas le citoyen, mais le gouvernement qui a le goût des contrôles.

Un bill, déposé par l'Hon. St-Laurent en sa qualité de ministre de la Justice, est actuellement devant la Chambre des Communes, pour donner au gouvernement fédéral le droit de continuer à administrer par décrets pour une période d'au moins, une année.

C'est contraire aux désirs clairement exprimés à leurs députés par une foule d'électeurs qui savent ce qu'ils veulent et qui sont organisés pour le dire.

La nouvelle loi, loi des mesures d'urgence en temps de paix, veut donner au gouvernement le pouvoir absolu, sans même consulter le Parlement :

Sur la production, les manufactures. Le com­merce intérieur et extérieur ;

Sur les changes ;

Sur tous les transports : chemins de fer, ca­mions, bateaux et avions ;

Sur les ventes de marchandises et de services, et sur leurs prix ;

Sur l'emploi, et sur les salaires ;

Sur la prise de possession, la confiscation des biens, et sur le contrôle des loyers et de l'occupa­tion des logements ; Etc., etc.

C'est la continuation, en temps de paix, de la dictature établie en temps de guerre.

Aussi bien renvoyer le Parlement et déclarer au pays qu'on adopte les méthodes des pays tota­litaires qu'on a combattus !

Nos députés vont-ils voter une loi qui fait d'eux des personnages inutiles ?

Le journal Vers Demain se fera un devoir de renseigner ses lecteurs sur l'attitude prise par nos représentants à Ottawa vis-à-vis de ce nouvel acte de dictature.


Griffes russes sur la Pologne

Extrait d'un discours prononcé à la Chambre des Communes par M. Norman Jaques, député cré­ditiste de Wetaskiwin (Alberta) :

J'approuve ce que disait hier l'honorable député de Vegreville (A. Hlynka).

Lors de mon séjour en Angleterre, durant l'hiver de 1944, j'ai eu l'occasion de parler avec plusieurs Polonais et plusieurs autres soldats et autres réfu­giés ; et depuis lors, j'ai lu tout ce que j'ai pu trou­ver sur cette question.

Pour l'instant, je me contenterai de citer un passage de ce que disait récemment l'ancien premier-ministre de Pologne, M. Arciszewski : "Le gouvernement qu'on a formé en Pologne n'a rien de nouveau. Il comprend seize com­munistes et crypto-communistes, affublés de fausses étiquettes de partis. Le nouveau pré­sident du conseil est un citoyen soviétique et un directeur du Komintern depuis vingt ans."

Plus loin, il ajoute :

"La Pologne est aujourd'hui contrôlée par la N.K.V.D. (Ce sont les initiales de la police secrète soviétique.) L'armée polonaise est commandée par des officiers de l'armée rouge. "Des milliers de Polonais sont expulsés tous les jours vers la Sibérie, parce qu'ils sont des patriotes polonais ; et ces expulsés compren­nent des femmes et des enfants.

"Je puis affirmer que, sous le régime imposé à la Pologne par Moscou, la démocratie est appelée à disparaître en Pologne, et les luttes des cinq dernières années contre le totalita­risme ne seront plus qu'un objet de risée."

Norman JAQUES.


Le cardinal Suhard, archevêque de Paris, dans une lettre pastorale traitant des réformes de structure, remarque : "L'Église condamne dans le capitalisme actuel les injustices de la répartition des richesses. Elle lui reproche d'avoir fait naître un excès inverse, non moins dangereux que le marxisme, qui a des vues généreuses mais qui sacrifie l'homme à la produc­tion... Tout le problème est de renverser l'ordre des facteurs, en mettant le capital au service des valeurs humaines, car l'argent doit rester le serviteur et ne peut commander."

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