L'ambition politique corrompt

le mercredi, 15 août 1945. Dans La politique

Parlant des partis politiques, le Major Douglas faisait la réflexion suivante en 1935 :

"Je tiens pour certain que, s'il y avait un parti du Crédit Social en ce pays, bien avant qu'il devienne une menace formidable, son organisation contiendrait dans la plupart de ses postes de commande une équipe de co­quins qui feraient les meilleurs exhibits de Smith Square, Abington Street et Palace Chambers ressembler à des citoyens respec­tables. Il y a amplement d'éléments promet­teurs en ce moment."

Le Crédit Social est une philosophie politique en même temps qu'une technique économique au service d'un objectif. Ceux qui voudraient en faire un vulgaire parti politique, ou un piédestal pour la poursuite de leurs petites ambitions poli­tiques, ne vaudraient pas mieux que les produits dégoûtants de nos plus vieux partis politiques.

Douglas ajoute qu'il y avait en Angleterre, dès 1935, des éléments prometteurs pour aspirer à ce genre de politique sous l'étiquette créditiste. Il nous arrive parfois de penser la même chose de certains soi-disant créditistes de la province de Québec. Regardez à l'enseigne des "Pucerons" : de tels éléments n'y manquent pas.


L'affaire de chacun de nous

Le 4 août, à CLAC, Mlle Gilberte Côté commençait sa causerie sur la conférence fédérale provinciale par les réflexions suivantes :

Lundi, 6 août, va s'ouvrir la conférence du gouvernement provincial avec les neuf provinces du Dominion.

Les journaux en parlent depuis quelques mois. Vous-mêmes, vous avez peut-être lu distraitement les en-têtes, et passé outre, en disant que cela était une affaire de spécialistes, que vous n'y compreniez rien, et que, par conséquent, ça ne vous intéressait pas.

Pourtant, je veux vous en parler, et je veux en parler à vous tous, mes compatriotes, hommes et femmes, pères et mères de familles, ouvriers et avocats. Cette conférence d'Ottawa, elle vous re­garde comme tout ce qui se passe à Ottawa. Cette conférence d'Ottawa, elle s'occupera de vos affai­res, pour les arranger ou les déranger, comme toutes les lois qui se passent à Ottawa s'occupent de vos affaires.

La conférence qui s'est tenue à San Francisco dernièrement, vous avez peut-être cru qu'elle ne vous intéressait pas. Mais, qui sait si les ration­nements accentués que nous subissons depuis la fin de la guerre en Europe ne sont pas les résul­tats des grosses dents que le représentant de Sta­line a montrées à toutes les nations, à San Francisco ?

La conférence d'Ottawa se fera entre ministres fédéraux et ministres provinciaux — entre grands personnages, peut-on penser. Oui, mais elle par­lera de nous, la conférence d'Ottawa. Il en sortira des décisions qui affecteront notre vie. Il en sorti­ra peut-être des rationnements d'après-guerre plus rigoureux que les rationnements de guerre. Et les rationnements, et les prélèvements, ça rentre dans nos maisons, dans nos porte-feuilles, dans nos estomacs, dans nos santés, dans notre vie quoti­dienne, dans notre bonheur.

Nos maisons, nos porte-feuilles, nos estomacs. nos santés, notre vie quotidienne, notre bonheur, cela nous regarde, cela nous intéresse. Eh bien, ça se réglera à Ottawa, pour une grande partie, dans les sessions qui commencent la semaine pro­chaine, entre Mackenzie King et les gouverne­ments provinciaux.


Collaboration impossible

Certaines gens, surtout dans l'Ouest, se deman­dent pourquoi les Créditistes et les C.C.F.-istes ne joignent pas leurs efforts, puisque les uns et les autres veulent un changement.

Voici ce que leur répond N. B. James, dans le Canadian Social Crediter du 19 juillet :

"C'est parce que les principes des deux groupes sont diamétralement opposés ; et quand on ne s'accorde pas sur les principes, comment peut-on s'accorder sur les réalisations ?

"Nous croyons que la mise en vigueur des pro­positions du Crédit Social apporterait un change­ment complet en fait de sécurité économique et garantirait à chacun la liberté d'organiser sa pro­pre vie sans intervention d'État, en autant qu'il respecte la même liberté chez les autres.

"Les socialistes (C.C.F.), de leur côté, croient sincèrement que, pour obtenir la sécurité écono­mique, il faut être disposé à renoncer à la liberté d'action et s'en remettre au paternalisme de l'État, et qu'un objectif partiel de sécurité écono­mique ne peut être obtenu que par un contrôle d'État et une propriété d'État.

"En d'autres termes, socialisme veut dire con­trainte. Or, nous préconisons la liberté de choix.

"Les socialistes croient dans l'emploi pour tous. Nous croyons que le temps est arrivé de permet­tre aux machines de travailler pendant que nous mettrons à profit le cadeau des loisirs.

"Pour nous, le socialisme, le fascisme et le com­munisme ont tous une racine commune, et sont tous à éviter également. Pour le socialiste, quicon­que veut maintenir un système capitaliste, même purgé, est un réactionnaire.

"Est-il possible de réconcilier des idéaux et des principes aussi opposés ? Je n'en ai pas encore découvert le moyen."

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