L'élection dans la Beauce - M. J.-E. Grégoire, candidat

le jeudi, 01 novembre 1945. Dans La politique

Les créditistes dans la lutte

À la Convention du 21 octobre, à Beauceville, les créditistes de la Beauce ont décidé de mettre un candidat sur les rangs.

Ils n'ont point pris cette décision à la légère, ni sans avoir pesé les arguments pour et contre.

Toute la province créditiste trépignait du désir de voir les créditistes participer à la lutte et d'y mettre tout leur cœur. Mais ce sont les Beauce­rons qui, malgré l'aide de l'extérieur, doivent faire le gros du travail, et c'est à eux seuls qu'il appar­tenait de prendre la décision.

Ce sera une grosse bataille. Les deux grands partis provinciaux amènent tous leurs plus gros canons, sur le terrain. Les promesses de faveurs et de contrats n'ont pas tardé. La boisson va couler à flot. L'ar­gent aussi. Pas par centaines de piastres. Pas par milliers de piastres. Mais par di­zaines, par vingtaines, sinon par cinquan­taines de mille piastres.

Dans un caucus d'organisateurs locaux de l'Union Nationale, le candidat M. Poulin avertissait ses gens de se préparer à une grosse bataille, parce que les Libéraux vont y aller ferme, avec une grosse caisse, jus­qu'à $100,000 s'il le faut. Croit-on que l'Union Nationale va se laisser battre en fait de générosités électorales ?

Mais c'est justement cela qui a été l'ar­gument décisif pour déterminer les crédi­tistes de la Beauce à retrousser leurs man­ches et à foncer dans l'arène.

Les créditistes sont l'avant-garde de la démocratie et les porte-bannières de la po­litique pure. Lorsque les partis politiques déferlent avec leurs moyens de corruption ; les créditistes n'ont pas le droit de laisser faire sans prendre les armes.

Il faut qu'au milieu de cet enfer, on en­tende encore des voix mieux inspirées. Les électeurs de la Beauce doivent avoir une autre alternative que voter pour l'une ou l'autre des deux équipes d'exploiteurs po­litiques de la masse qui ne reculent devant rien pour passer leur homme.

M. J.-Ernest Grégoire, candidat

Aussitôt la décision prise, les délégués à la Convention ont dû procéder au choix de leur candidat.

Un seul nom a été proposé : J.-Ernest Grégoire, l'avocat des créditistes, qui fut toujours — victoire ou défaite — le cham­pion de la politique pure.

M. Grégoire est la gloire du Crédit Social qu'il sert si bien.

Diplômé de plusieurs universités, du Canada et d'Europe, professeur d'économie politique, ancien maire de Québec (pour deux termes), élu député de Montmagny dans la grande lutte entreprise en 1935 et en 1936 pour nettoyer la politique pro­vinciale, fidèle à son idéal plutôt que d'accepter un ministère dans le premier cabinet de Duplessis, M. Grégoire est une figure marquante du front politique provincial.

Dès qu'il a eu compris le Crédit Social, il s'y est attaché indéfectiblement, malgré tout le scan­dale que cette adhésion créait dans certains mi­lieux des couches élevées.

C'est que M. Grégoire n'est pas seulement un lutteur de la politique. Il n'est pas seulement un professeur et un savant. M. Grégoire est aussi un homme d'Évangile, et il a vite reconnu dans le Crédit Social l'application sur le plan concret de bien des préceptes évangéliques.

À la première convention nationale du Crédit Social, tenue à Toronto en avril 1944, M. Grégoire fut élu, à l'unanimité, vice-président de l'Associa­tion Créditiste du Canada. Il devenait dès lors une figure nationale dans le mouvement créditiste canadien.

Les créditistes beaucerons se sont fort honorés en choisissant M. Grégoire comme candidat.

M. Grégoire est un modeste, et sa première réac­tion a été de décliner ce choix et de conseiller aux Beaucerons d'en choisir un autre, un de leur milieu. Il se serait fait un devoir de venir dans la Beauce faire la lutte créditiste au maximum de ses capacités, pour n'importe quel créditiste véritablement actif que les Beaucerons auraient choisi.

Mais les délégués n'ont point voulu démordre. Et si M. Grégoire est un modeste, c'est aussi un homme qui ne recule jamais lorsqu'il sent que l'idéal le réclame.

M. Grégoire est donc le candidat de la Beauce.

Les adversaires ne manqueront pas de dire qu'il n'est pas un homme de la Beauce. Ils oublieront de nous dire si Mackenzie King était un homme de la Saskatchewan avant les dernières élections, et s'il est un homme de Glengarry depuis les der­nières élections.

M. Grégoire est un chef du mouvement, et les chefs provinciaux sont de toute la province, com­me les chefs nationaux sont de tout le Canada.

Candidat des Électeurs

D'ailleurs, les créditistes ne conçoivent pas la politique de la même manière que les politiciens de partis.

Lorsque M. Poulin dit aux électeurs de la Beau­ce de faire de l'élection une question d'affaires, il traite les électeurs comme des hommes à acheter et à vendre. Il faudrait donc que le député d'un comté soit du côté du gouvernement, pour que le comté ait droit à sa juste part des revenus publics ?

Avec un tel concept de la politique, pour être logique, on devrait ajouter que les comtés de l'opposition n'ont pas à payer de taxes.

La politique n'est pas une question d'affaires, ce n'est pas un marché pour acheter des votes.

Les créditistes voient dans un député l'homme des électeurs, et c'est pourquoi leur candidat est un "candidat des électeurs".

Cela veut dire que le député et les électeurs collaborent, en se rencontrant pour prendre en­semble les décisions sur les grandes questions qui surgissent dans la politique. C'est pour cela que les créditistes font les électeurs s'organiser pour faciliter ces rencontres ; et ils les font étudier, pour pouvoir décider en connaissance de cause. C'est pour cela qu'un véritable député des électeurs favorise cette organisation des électeurs, la stimu­le, y apporte son appui.

A-t-on jamais vu faire cela par l'un ou l'autre des deux candidats de partis en présence dans la Beauce ?

M. Grégoire le fait à cœur d'année. Il est capa­ble de venir dans la Beauce en tout temps, à l'ap­pel des électeurs, avec autant de facilité qu'il se rend à Montréal, à Sherbrooke, au Lac St-Jean, en Abitibi, lorsqu'il s'agit de travailler à y édifier l'Union des Électeurs ; et même jusqu'au Nouveau-Brunswick, jusqu'en Ontario, voire jusqu'à Van­couver, lorsque son titre de serviteur des créditis­tes du Canada l'y appelle.

M. Grégoire est plus près des électeurs de la Beauce que des hommes de la Beauce qui ne s'occupent des électeurs que pendant la campagne électorale, ou lorsqu'il y a du patronage à utiliser pour se faire des amis à même les deniers publics, en vue d'une prochaine élection.

La Province créditiste avec la Beauce

Non seulement les créditistes de la Pro­vince ont les yeux sur la Beauce ; mais nombreux sont ceux qui jugent que des dé­sirs ne suffisent pas et qu'ils doivent faire leur part pour soutenir la lutte créditiste.

Nous ne recevons pas seulement des let­tres d'approbation, mais aussi des lettres chargées — chargées des oboles des tra­vailleurs, chargées aussi de l'engagement à contribuer personnellement à la campagne.

Hier, 22 octobre, un téléphone du Dr Lambert, de Montréal, nous apprenait qu'il va faire son possible pour passer les deux dernières semaines de la campagne dans la Beauce, avec son auto.

M. Roméo Beauparlant, de Montréal, nous écrit la même chose d'Ottawa, où il était de passage dans sa tournée de voya­geurs de commerce.

Aujourd'hui, une lettre de Sherbrooke nous apprend que l'équipe de Voltigeurs de cette ville veut aller faire trois diman­ches dans la Beauce. Mieux que cela, sept hommes de Sherbrooke — Hervé Proven­cher, Roméo Gauthier, H. Dubord, Ovila Martel, A. Girard, E. Perron, Ephrem Jac­ques — et Léo Simoneau de Windsor Mils, vont donner la dernière semaine tout en­tière à la Beauce, avec trois automobiles et un haut-parleur.

Pitre Simard et Napoléon Moreau, de Ste-Anne de Beaupré ; M. Mercier de Qué­bec ; Gérard Houle, de Johnville ; Roger Phaneuf, de St-Jérôme ; Roland Pelletier et au moins deux autres d'Asbestos ; Henri Turcotte, de Montréal, ont déjà donné leur nom nom (25 octobre). Et la liste n'est pas close.

Nous comptons sur un plein auto de l'Abitibi et de Rouyn-Noranda.

Edmond Major de Drummondville et Roland Corbeil de Granby seront sûrement de la partie. L'enthousiasme lève de partout. Nous encoura­geons tous les hommes de cœur à faire leur part, toute leur part. Nous sommes en Beauce les seuls à lutter contre les vieux partis qui ont corrompu la politique et exploité l'électorat.

Actuellement, trois commandants sont en Beau­ce et y resteront jusqu'au lendemain de l'élection : Gérard Mercier, Rosaire Fortier et Robert Ouel­lette. Ils se sont divisé la Beauce en trois districts, chacun d'eux voyant au sien et bien décidé à mon­ter la plus forte organisation qu'il soit possible de monter avec les moyens dont ils disposent.

Nous relançons l'appel : appel d'aide en hom­mes, appel d'aide en argent.

Pour l'aide en hommes, adresser soit au bureau de Vers Demain, soit à Gérard Mercier, a/s J.-Ar­thur Lessard, St-Joseph de Beauce.

Les équipes de Voltigeurs qui vont faire des di­manches en Beauce peuvent aussi s'adresser à Gé­rard Mercier ; ou simplement choisir leur place et demander sur les lieux le responsable local ; il est connu.

Pour l'aide en argent, adresser au secrétaire-trésorier de l'Union Créditiste des Électeurs de Beauce : J.-Arthur Lessard, menuisier, Saint-Joseph de Beauce. Ou encore à : Fonds de Beauce, Journal Vers Demain, C. P. 17, Station. Delormier, Montréal.

(Voir programme de M. Grégoire en page 6)

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