La session de Québec

le jeudi, 15 février 1945. Dans La politique

À l'heure où nous écrivons ces lignes, les députés et les conseillers législatifs s'assemblent à Québec pour écouter la lecture du discours du Trône. On appelle ce discours "discours du Trône", parce qu'il est lu par le représentant du roi, le lieutenant-gouverneur de la province de Québec.

En réalité, le discours du Trône est préparé par le premier-ministre, choix du peuple de la province de Québec. Ce discours est supposé être le som­maire de la législation proposée par le gouverne­ment pendant la session qui s'ouvre. Mais, l'habi­tude est de préparer un discours si élastique qu'il peut signifier n'importe quoi.

Le discours du Trône est une pièce vague sur laquelle pourront parler, aussi vaguement et aussi longuement qu'ils le voudront, tous les députés qui le désirent. Ils feront surtout des hommages à leurs électeurs, au moins à ceux qui les ont mis là : c'est pour plusieurs leur principal et unique exercice des méninges pour gagner leurs $3,000.

Ces discours, qui peuvent occuper deux, trois semaines ou plus, ne sont d'ailleurs que les préli­minaires à la véritable législation. C'est pour ac­climater les députés à leur nouveau milieu. L'accli­matation se fait sans brusquerie : une séance de trois heures par jour, trois jours par semaine. Leur semaine est plus légère qu'un régime de convales­cents : mardi, 3 heures à 6 heures ; mercredi, 3 heu­res à 6 heures ; jeudi, 3 heures à 6 heures. Et enco­re peuvent-ils s'absenter de leurs sièges et passer le temps où ils veulent, pourvu qu'ils répondent à la cloche du whip lorsqu'il y a appel pour un vote.

Plus tard, une fois habitués, les députés auront des séances plus fréquentes et plus longues. Dans les derniers jours, ils les prolongeront bien au-delà de minuit, pour passer en vitesse les principales lois et voter les plus gros crédits. C'est la caractéristi­que des régimes démocratiques : s'attarder sur les bagatelles et escamoter les choses sérieuses.

Nous allons faire suivre les séances, même les plus insignifiantes, par un représentant. Roland Corbeil et Gérard Mercier sont sur les lieux pour l'ouverture ; mais leurs journées vont durer bien plus de trois heures, parce qu'ils ont un tout autre programme que les illustres représentants des comtés. Les députés portent dans leur tête (croyons-le du moins) un peuple qui les a élus le 8 août. Nos commandants portent dans leur tête un peuple qui bouge entre les élections.

Vers Demain tiendra ses lecteurs au courant des "travaux" de la session.

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