Il y a quelques jours, le général Crerar revenait d'Europe. Réceptions partout. L'Université Laval lui conférait le titre de Docteur honoris causa. Les journaux de Québec et de Montréal étalaient, en première page, les photographies du général causant avec Son Éminence le Cardinal de Québec, avec l'archevêque de Montréal, avec le recteur de l'Université de Montréal.
Que le général méritât tous ces honneurs, nous ne le discutons pas. Mais, comme d'un commun accord, les journaux ont su quelles photographies reproduire. Il n'y a pas d'acte concerté sans but.
Les mêmes journaux, dans leur même première page, donnaient une déclaration du général Crerar, disant qu'il fallait se tenir prêts pour la prochaine guerre. Même si l'Angleterre n'est pas prête, le Canada doit l'être, pour voler à la défense de l'empire, de la civilisation et de tout le tra la la. Et pour cela, le général trouve urgent d'établir au Canada le service militaire obligatoire en temps de paix.
Si l'Intelligence Service ou les grands maîtres de l'impérialisme britannique s'étaient chargés de monter la scène, ils n'auraient pas mieux réussi. Au fait, leur doigt n'est peut-être pas absent.
Il faut cela pour gagner à l'idée de la conscription en temps de paix les catholiques de la Province de Québec. Le voisinage des hautes autorités ecclésiastiques donne du lustre au personnage ; et quand il ouvre la bouche pour prêcher le service militaire obligatoire, les bonnes gens peuvent croire qu'il vient de recevoir le Saint-Esprit.