S'attaquer aux causes

le jeudi, 01 février 1945. Dans Réflexions

Lettre de J.-Robert Ouellette à Jacques Bouchard, président de la campagne du Timbre de Noël de l'Abitibi. Cette lettre répond à une demande de souscription en faveur des victimes de la tuberculose.

Villemontel, le 21 décembre 1944

Cher Monsieur le Président,

Je suis bien déterminé à collaborer le plus possible avec tous mes concitoyens désireux de prendre les dis­positions nécessaires pour :

    1. Favoriser la guérison des victimes actuelles de la tuberculose ;

    2. Enrayer complètement si possible cette épidémie qui fait de ce temps-ci tant de victimes parmi les nôtres.

Étant donné qu'il ne peut y avoir d'effets sans causes, le moyen le plus sage de lutter contre la tuber­culose est, selon moi, d'en découvrir les causes et de prendre les moyens nécessaires pour les éliminer.

Or, je suis d'avis que la sous-alimentation, la nu­dité et le manque de confort chez nos familles cana­diennes constituent les facteurs principaux de cette épidémie.

La possibilité physique de satisfaire tous les besoins principaux des Canadiens, au moins en temps de paix, est indiscutable. Ceux qui se sont donné la peine de consulter les statistiques des quelques années qui ont précédé la présente guerre savent que des milliers et des millions de tonnes de produits de toutes sortes ont été détruits, et qu'une main-d'œuvre innombrable, capable de produire, est restée inusitée. Le tout pen­dant que des milliers de familles canadiennes se pri­vaient du plus strict nécessaire à la vie, à cause d'un pouvoir d'achat insuffisant.

Je ne veux pas déprécier l'œuvre des Camps de Santé. Vous me dites qu'au cours de l'été, 90 enfants faibles et maladifs, venant de toutes les parties de l'Abitibi, ont séjourné un mois durant à votre camp de La Ferme. Je veux bien admettre que les soins et le régime salutaire dont ces enfants ont bénéficié pendant cette courte période puissent avoir favorisé leur réta­blissement.

Mais, de là à croire que c'est le moyen le plus effi­cace d'enrayer cette épidémie, il reste une marge assez large.

Si nous prenions les dispositions nécessaires pour voir à ce que chaque famille, voire même chaque citoyen du Canada, puisse jouir de la bonne mesure de minimum vital permise par les possibilités réelles de son pays, nous éliminerions la cause première de bien des maux.

Il n'y a qu'une seule doctrine économique qui reconnaisse à chaque citoyen le droit de vivre selon les possibilités de son pays, sans entraves à sa liberté. C'est le Crédit Social.

Voilà pourquoi nous, créditistes, travaillons de plus en plus à répandre la lumière sur ce sujet. J'ai moi-même consacré, au cours de l'année qui s'achève, six mois de mon temps au service de cette cause. Je pro­jette de faire encore plus l'an prochain. C'est la meilleure contribution que je puisse fournir.

Je vous prie de me croire votre tout dévoué,

Jean-Robert OUELLETTE (Colon)

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