Une menace et sa cause

le lundi, 15 février 1943. Dans Réflexions

Des médecins, des dentistes et des pharmaciens s'alarment de la législation dite d'assurance-santé nationale et contributoire projetée par le gouverne­ment du Canada:

"Si la législation proposée est passée au Canada, non seulement elle menacera les pro­fessions médicales, mais elle minera l'avenir de la science médicale et assénera un nouveau coup aux racines mêmes des droits démocrati­ques de la nation.

"Il s'agit de décider si les médecins, les den­tistes et les pharmaciens continueront de four­nir des biens et des services au peuple du Ca­nada en réponse à ses besoins et en rapport avec la science médicale disponible, sous le système actuel de responsabilité individuelle combinée avec la liberté de l'initiative person­nelle; ou bien, si l'État contrôlera et dirigera en tout ou en partie les services médicaux du pays." (The Threat of Bureaucracy, page 2.)

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Nous sommes tout à fait de l'avis des médecins, dentistes et pharmaciens auxquels répugne cette ascension du socialisme d'État, qui ne peut que nuire à l'initiative personnelle, tuer la responsabi­lité personnelle et ralentir l'avancement de la scien­ce.

Mais, qu'est-ce qui donne à l'État une sorte de justification pour s'immiscer ainsi dans les services médicaux et autres? Et qu'est-ce qui fait que cet­te innovation est bien reçue d'un grand nombre?

N'est-ce pas parce que, malgré ce que dit une partie de la citation ci-dessus, les services médicaux n'ont point du tout répondu aux besoins des Cana­diens en rapport avec la science médicale disponi­ble? Ils ont été limités à la demande effective, et cette demande effective, fort en-dessous des be­soins réels, a été limitée au pouvoir d'achat trop restreint des individus et des familles.

Évidemment, le remède, ce n'est point de faire l'État intervenir, en payant, par le revenu de taxes et de contributions, les services médicaux à tout le monde, en tout ou en partie, faisant des médecins des fonctionnaires du gouvernement. Ce serait, bien plutôt, comme les créditistes le crient depuis longtemps, d'augmenter le pouvoir d'achat des in­dividus et des familles pour qu'eux-mêmes commandent, du médecin qu'ils voudront, les services dont ils ont besoin.

Le gouvernement s'oriente vers la méthode bu­reaucratique et socialiste. La méthode créditiste permettrait la continuation de la responsabilité individuelle et de l'initiative personnelle, beaucoup plus conformes aux aspirations naturelles, plus res­pectueuses des droits de la personne et plus propres à stimuler l'avancement de la science.

Mais qu'ont fait les médecins, les dentistes et les pharmaciens pour placer le poids de leurs orga­nisations à l'appui d'une demande de relèvement du pouvoir d'achat?

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Un dividende national à tout le monde eût per­mis de faire un appel plus adéquat aux services des médecins, des dentistes et des pharmaciens, sans avoir besoin de la bureaucratie gouvernementale. Les honoraires accrus par cette augmentation de demande effective eussent permis aux médecins, dentistes et pharmaciens de tirer davantage sur les produits du pays dont l'accumulation créait le chômage abject.

Aujourd'hui encore, il ne sert à rien aux méde­cins, dentistes et pharmaciens de récriminer contre l'ingérence socialisante de l'État, s'ils ne poussent pas une autre méthode pour permettre au public de recourir de lui-même plus abondamment aux immenses possibilités, de la médecine, de la dentis­terie et de la pharmacie.

Quiconque croise les bras en face du désordre qui fait souffrir des foules, ne doit pas être surpris d'y voir appliquer un remède qu'il ne prise peut-être pas.

Personne ne veut plus la continuation du régime d'avant-guerre, du régime de la pauvreté en face de l'abondance. Personne n'en veut plus, pas même vous, sans doute, messieurs les médecins, dentistes et pharmaciens. Vous voulez, vous aussi, une meil­leure distribution des biens. La voulez-vous à la manière créditiste, qui permet de tirer librement sur l'abohdance? Ou la voulez-vous à la manière socialiste, qui se croit encore en face de la rareté de biens et de services et fait intervenir l'État pour répartir la rareté?

Si vous voulez l'économie créditiste, réclamez-la. Si vous n'en voulez pas, acceptez l'économie bu­reaucratique et socialisante qui s'en vient avec des plans à la Beveridge, annoncés à grands sons de trompettes par les valets et les gogos.

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