Les 45 légionnaires qui étaient allés de toute la Province donner une semaine de leur temps pour l'élection de la Beauce sont revenus en caravane de plusieurs automobiles, passant toutes par Québec pour aller à Montréal ou même à Sherbrooke, à cause de la grosse tempête de neige du lendemain de l'élection.
Ils furent admirables de courage, de patience et d'entrain, malgré la défaite électorale des créditistes dans la Beauce. Nous ne savons pas encore le résultat exact du vote. Et nous ne croyons pas que les 45 légionnaires, pendant leur dernière semaine de travail dans la Beauce, aient fait monter le vote, puisque celui-ci ne va pas beaucoup au-delà de mille. (On vient d'apprendre qu'il s'élève à 1,518.)
Nous avons perdu des votes depuis l'élection de juin puisqu'alors le docteur Fortin en avait recueilli 5,700 ; et même nous en avons perdu depuis l'élection d'août 1944, puisque monsieur Legault en avait eu 2,900.
C'est que la corruption électorale a été poussée à son comble dans la Beauce. Avant la déclaration de l'élection, l'Union nationale avait acheté directement ou indirectement, surtout par l'influence de son patronage politique, les votes des électeurs de la Beauce.
Les créditistes savaient cela. En conséquence, tous nos représentants de polls avaient décidé de faire prêter serment à tous les électeurs pour affirmer qu'ils n'avaient subi aucune corruption électorale.
Le matin du vote, dans presque tous les polls, les scrutateurs refusèrent le serment. Même dans la majorité, ils mirent nos représentants dehors sans façon. Monsieur Grégoire lui-même fut chassé d'un poll.
Toute la crapule d'avocats de la province était rendue dans la Beauce. Il y en avait un par poll au moins. Ils y faisaient la pluie et le beau temps, donnant des ordres en maître aux scrutateurs intimidés. Ils disaient ce qu'ils voulaient dans les polls, intimidaient les électeurs, faisaient des discours d'élections, menaçaient des poings et du reste.
C'était un véritable scandale. Les créditistes se sont plaints à l'officier-rapporteur. Celui-ci a répondu qu'il n'y pouvait rien. Monsieur Grégoire a téléphoné au Procureur général pour demander l'aide de la police. Le procureur-général, Maurice Duplessis, était à Montréal, se lavant les mains de toute cette cochonnerie, comme Ponce Pilate au Prétoire devant la canaille juive.
Le peuple, lui, il est victime. Il ne comprend pas tout cela. S'il comprend, on lui ferme la bouche avec des fromages.
Mais quand même, le travail des créditistes fut une victoire. Pas une victoire pour gagner un député dans le Parlement, mais une victoire pour montrer aux adversaires la vertu des créditistes. Et soyez bien sûrs que la vertu est pour ces hommes vicieux l'ennemi qu'ils craignent le plus. Cet ennemi-là, ils ne peuvent pas le tuer avec leurs vices.
L'abnégation des créditistes travaillant pour rien, affrontant les injures à cause d'un idéal, subissant les menaces et les coups pour sauver leur pays, c'est une gloire qui auréole les créditistes en même temps qu'elle fait honte aux politiciens dégradés.
Souvenons-nous que les politiciens qui aiment beaucoup l'argent aiment aussi beaucoup les honneurs. L'argent ils l'ont encore, mais les honneurs, ils sont à la veille de ne plus y goûter beaucoup, parce que les créditistes les démasquent de plus en plus. Ce voile déchiré sur leur hypocrisie est un commencement de défaite pour eux et un commencement de victoire pour nous.
Les créditistes ont aussi édifié les électeurs de la Beauce. Les 1,500 électeurs qui se sont tenus debout malgré tout, ont dû pratiquer une vertu héroïque. Nous les admirons, et nous leur rendons grâce de cet exemple qu'ils donnent à leurs compatriotes.
Si tous ces sacrifices n'ont pas gagné des votes, au moins ils ont dû gagner des cœurs, des cœurs qui se convertiront bientôt. Et cela aussi c'est une victoire, et une très grande victoire.
Cette grande semence de vertu qui s'est faite dans la Beauce, aura certainement un jour sa moisson de fruits délicieux. Là, des créditistes ont vécu vraiment leur idéal. Et pour arriver au Crédit Social c'est cela qu'il faut, des créditistes qui vivent leur Crédit Social.
Gilberte Côté
Dans notre numéro du 15 novembre, page 2, Mlle Gilberte Côté commentait certains points de l'allocution prononcée par Sa Sainteté Pie XII le 21 octobre dernier, au sujet des devoirs de la femme et du rôle qu'elle peut jouer dans la vie sociale et politique de son pays.
La maison d'édition Fides a fait imprimer cette allocution du Pape en une plaquette de 30 pages, avec couverture. C'est cet opuscule que nous offrons pour deux coupons roses. (Voir "COUPONS ROSES page 3.)