Voix créditiste à Ottawa

le lundi, 15 octobre 1945. Dans La politique

Le Parlement est en session à Ottawa. Les dé­putés créditistes, actuellement au nombre de trei­ze, ne manquent aucune occasion de faire enten­dre la voix créditiste sur le parquet de la Chambre.

C'est tantôt le leader Solon Low, rappelant au gouvernement qu'il y a un moyen moins vil que l'emprunt et moins maladroit que des taxes exces­sives, pour financer l'administration publique et garantir aux citoyens un minimum de sécurité éco­nomique avec un maximum de liberté personnelle.

C'est tantôt Blackmore, répétant des explica­tions sur la technique actuelle de la fabrication de l'argent et lui opposant la technique monétaire du Crédit Social.

C'est Ashby, assurant le Parlement qu'il est ve­nu à Ottawa pour faire servir ses électeurs et non pour les faire régir.

C'est Kuhl, démontrant l'absurdité de l'embau­chage intégral dans un monde où la machine amon­celle de plus en plus la production avec de moins en moins de labeur humain.

C'est Hlynka, revendiquant les droits de la Po­logne, de l'Ukraine, des Yougoslaves, contre le pressoir de la Russie communisante et persécutrice.

C'est Jaques, appuyant ces revendications et dénonçant le gouvernement invisible de la judéo-­maçonnerie.

C'est Quelch, incriminant les vieux partis qui, par leur incurie, ont ouvert la porte à la montée du socialisme, et qui ne sont pas capables de favori­ser les activités économiques du pays sans l'en­detter de plus en plus (la dette publique, de 3½ milliards en 1939, approche les 15 milliards, parce qu'on a bougé pour la guerre au lieu de croiser les bras comme pendant la crise.)

C'est Fair, tantôt dénonçant le cartel du blé, tantôt stigmatisant le gouvernement pour la ma­nière parcimonieuse dont il a traité les vétérans de la première guerre, parce qu'il les a sacrifiés aux rationneurs de l'argent.

C'est Hansell, exposant la dictature parlemen­taire et réclamant un gouvernement vraiment dé­mocratique, contrôlé par le Parlement, et un Par­lement réellement contrôlé par le peuple.

Et les autres, tous revenant à tour de rôle, à l'occasion de l'adresse en réponse au discours du trône, à l'occasion des amendements et sous-amen­dements à cette adresse, à l'occasion des crédits supplémentaires demandés par le ministre des Fi­nances, à l'occasion des motions de députés.

Sur tous les sujets, ils promènent la lentille du Crédit Social, c'est-à-dire qu'ils placent les sujets dans la lumière des réalités, et non pas sous le prisme déformant d'un système financier à cami­soles.

Nous reproduisons quelques-uns de leurs dis­cours dans ce numéro. Nous en donnerons d'au­tres — au moins des extraits — de temps en temps.

Les députés des autres partis peuvent gausser les députés créditistes, mais ils ne peuvent démo­lir un seul iota de leur argumentation. Les crédi­tistes ont la logique pour eux ; les autres sont es­claves de la routine servile.

* * *

Il serait plaisant n'est-ce pas, de faire ainsi en­tendre la voix créditiste à Québec, sur toutes les questions provinciales. Si l'on avait au moins un député créditiste au Parlement de Québec !

L'élection partielle dans la Beauce fournit l'oc­casion d'essayer. Et les créditistes de la Beauce sont bien déterminés à essayer. Nous en parlons ailleurs dans ce numéro.

Nous espérons que les créditistes de toute la Nouvelle-France vont vouloir participer à cette lutte, pas seulement par des souhaits de succès, mais par leurs propres efforts, en collaboration personnelle ou en argent.

Créditiste, debout !

Ton étendard est beau.

Toujours, partout,

S'étalera le blanc de ton drapeau.

Toujours, partout, Resplendira l'or pur de ton drapeau.

Toujours, partout,

Rayonnera le feu de ton drapeau.

LOUIS EVEN


100 ans de prédication

La note suivante est extraite du New Times, publié à Melbourne, Australie.

Il y a exactement cent ans, le conseil municipal de Melbourne décidait de lever un emprunt de 5,000 livres sterling, pour mettre les principales rues de la ville en conditions passables.

L'intérêt de l'emprunt serait payé chaque an­née par des taxes imposées aux contribuables.

Le journal le plus lu de ce temps-là avait ses bureaux situés sur une des rues à améliorer ; évidemment il était gagné à la cause. Aussi fut-il très éloquent pour démontrer que l'emprunt méritait l'appui de tous les hommes intelligents. La géné­ration de l'heure, déclarait-il, ne devait pas porter seule le fardeau de biens publics qui demeureraient après elle : la postérité devait contribuer à payer l'actif qui lui serait légué.

La postérité, ce sont les Australiens d'aujour­d'hui. Après cent ans, ils continuent de payer l'in­térêt sur cet emprunt de 5,000 livres sterling. On sait qu'en effet, sous le régime actuel, les dettes publiques se perpétuent nécessairement, car tout l'argent du pays ne suffirait pas à les rembourser. On se contente de payer les intérêts. Lorsque les obligations atteignent leur échéance, on les conver­tit simplement en obligations nouvelles et l'inté­rêt continue.

Si l'intérêt de l'emprunt de 1845 et de ses con­versions successives a été en moyenne de 4 pour cent par année, les Australiens ont payé à date 20,000 livres sterling d'intérêt, quatre fois le mon­tant du capital, et ils doivent encore tout le capi­tal de 5,000 livres.

Pendant ce temps-là, les routes améliorées pour la postérité sont disparues ; d'autres améliorations les ont remplacées en accumulant de nouvelles dettes, toujours pour la postérité. Pauvre posté­rité !

Mais, la postérité peut poser une question : ces intérêts vont à des individus : en quoi ces indivi­dus, qui vivent aujourd'hui et touchent aujour­d'hui les intérêts de l'emprunt de 1845, ont-ils contribué physiquement ou financièrement à la construction de la route ?

Pourtant, allez cesser le paiement de ces inté­rêts : vous entendrez de belles protestations au nom de la justice et de l'honnêteté !

Cent années que cela dure. Cent années qui prê­chent la stupidité de la finance publique par des emprunts. Et l'on continue de plus belle à em­prunter — en Australie comme au Canada.

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