Proportionnellement au chiffre de la population, c'est peut-être en Norvège qu'on trouve le corps le plus considérable de citoyens renseignés sur les questions monétaires et autres sujets connexes.
L'initiateur du Crédit Social, le Major Douglas, visita la Norvège en 1935 et eut l'occasion d'y exposer sa doctrine devant l'influente organisation Handelsstanden, en présence de Sa Majesté le roi Haakon.
Avant la guerre, la capitale de la Norvège avait son groupe créditiste, le Cercle Douglas d'Oslo.
Les créditistes de Norvège, comme dans d'autres pays, commirent d'abord l'erreur de former un parti politique pour faire triompher leur doctrine. Mais ils apprirent, par expérience, dès 1936, que le parti constituait un cul-de-sac et ne mènerait à rien. Ils adoptèrent depuis la stratégie de la résistance, de "l'attitude négative", recommandée par Douglas. La guerre a évidemment dérangé leurs activités.
Le 9 avril 1940, les Allemands envahirent la Norvège. L'occupation devait durer cinq ans.
La plupart des Norvégiens s'attendaient à ce que les Allemands exproprient les produits et les propriétés du pays. Chacun fut bien surpris de voir que, dès le premier jour, les Allemands ne prenaient rien sans le payer comptant, et ils payaient en bon argent norvégien. Il ne s'agissait pas là d'une politique de début pour gagner la bienveillance des habitants, car les Allemands continuèrent de payer, comptant et au plein prix, jusqu'au jour de leur retraite.
Comment les Allemands manœuvraient-ils ?
M. Bonde, journaliste norvégien, qui raconte ces faits dans Samfundsliv du 14 septembre 1945, dit que, en toute honnêteté, il faut y reconnaître les connaissances supérieures des Allemands en technique monétaire.
Les Allemands exigèrent simplement que la Banque de Norvège mît à leur disposition, chaque mois, un certain montant d'argent. Ils savaient que la Banque pouvait créer tout l'argent nécessaire. Pendant les cinq années d'occupation, une somme moyenne de 200 millions de couronnes norvégiennes fut ainsi payée chaque mois par la Banque aux autorités d'occupation. Un total de 12 milliards. Cette monnaie était versée partie en numéraire, partie en chèques. Le total des billets en circulation, de 500 millions de couronnes avant la guerre, fut multiplié par cinq.
Les professeurs d'économie politique des universités de Norvège ne tardèrent pas à prédire que cette augmentation d'argent déclencherait rapidement une terrible inflation. Mais il n'en fut rien, car les prix étaient contrôlés. Les profits étaient contrôlés. Le change était contrôlé. Il y eut même beaucoup plus de contrôles que les Norvégiens n'en désiraient.
La population de Norvège ne manqua jamais de pouvoir d'achat pendant l'occupation, et elle n'eut guère besoin d'emprunter des banques ou des compagnies d'assurance : l'argent mis en circulation par les forces d'occupation suffit largement pour alimenter les portefeuilles des habitants du pays. Il y eut même une grosse augmentation de dépôts d'épargnes dans les banques.
La vieille doctrine, en vertu de laquelle il existe seulement un certain montant fixe d'argent en existence et qu'il faut s'en accommoder, risquait de ne plus trouver de croyants. Pas plus que l'idée d'attribuer à l'argent une valeur intrinsèque.
Et qu'est-il arrivé lors de la libération de la Norvège ?
M. Bonde remarque :
"Si la Banque de Norvège appartient réellement au peuple, elle n'a qu'à effacer d'un trait de plume la dette d'occupation de 12 milliards de couronnes que les Allemands ont faite en empruntant de la
Banque. Si la Banque fait cela, les Norvégiens auront simplement perdu ce qu'ils ont réellement perdu : des hommes, des femmes et des choses. Et le pays pourra vite revenir à sa prospérité normale en utilisant la capacité de production de ses usines, qui a été augmentée pendant la guerre ; il pourra vite remplir les garde-manger et les armoires vides, aidant ainsi à hâter la guérison de plaies morales infligées par cinq longues années de noirceur et de haine."
Mais il n'en a point été ainsi. La "libération" a ramené avec elle le règne de la "Finance saine". L'État a lancé des emprunts pour rembourser à la Banque d'État les sommes empruntées d'elle par les hôtes venus d'Allemagne.
Voilà sur le plan économique.
Sur le plan politique, la libération de la Norvège a délivré les Norvégiens emprisonnés et torturés par les Allemands ; mais elle a fait incarcérer quelque 20,000 autres citoyens accusés de collaboration active ou passive avec l'ennemi. (La collaboration passive pourrait signifier, s'il plaisait aux dirigeants, toute la population restée en Norvège sous l'occupation !)
Comme conséquence directe des mesures financières et politiques adoptées par le gouvernement judéo-maçonnique de Norvège, revenu de Londres où il s'était réfugié pendant l'occupation, la Norvège subit le même sort que tous les pays libérés en l'an de grâce 1945. Les uns et les autres, soit brutalement par les Soviets, soit gentiment par les Alliés, sont amenés un peu plus près de l'État policier 100 pour cent sommairement esquissé par les auteurs des Protocoles des Sages de Sion.
(Cf. The Social Crediter, Liverpool, 12 jan. 1946.)