Nous avons déjà signalé le député Bellemare, le polisson de Champlain, qui faisait des siennes à Vallée-Jonction le jour du vote de la Beauce.
Il avait comme compagnon Camille Côté, député de Ste-Marie de Montréal.
Comme Bellemare, Côté faisait des discours aux électeurs qui venaient voter :
"Monsieur (ou Madame), je vous préviens. Ne vous offensez pas de l'attitude de M. Grégoire. C'est le candidat de l'Union Créditiste des Électeurs. Il n'a pas de confiance en vous. Il va demander votre assermentation. Excusez-le : il est de mauvaise humeur. Nous, nous avons confiance en vous et nous ne vous demanderons pas votre serment. Ne faites pas attention à M. Grégoire ; prenez le bulletin et allez voter sans vous occuper de sa demande."
Bellemare, évidemment, renchérissait. Et c'était si communicatif que le scrutateur faisait des discours à son tour.
Les choses allèrent si loin que Camille Côté, en voyant M. Grégoire prendre des notes, crut sage d'apporter une dose nouvelle :
"Monsieur le scrutateur, en toute justice, M. Grégoire a peut-être raison de protester contre vos discours. Comme scrutateur, vous n'avez peut-être pas le droit de parler de cette manière aux électeurs. Mais, moi, c'est différent. Moi, j'en ai le droit, parce que je représente le gouvernement."
Ces messieurs (si l'on peut encore les appeler ainsi) ont fabriqué une loi, et la loi qu'ils ont fabriquée demande le silence dans les bureaux de votation. Mais ils se fichent de la loi quand cela fait leur affaire.
Des législateurs de ce calibre seraient mieux à leur place à tenir un balai sur la voirie.