Cet été, l'Alberta a tenu une session spéciale. En Alberta démocratique, lorsqu'il s'élève une question importante, on n'hésite pas à convoquer une session d'urgence. C'est la cinquième fois en dix ans qu'une session d'urgence est ainsi convoquée dans cette province. L'une d'elles, en 1938, avait pour but l'adoption d'une loi pour permettre l'établissement des fameuses Maisons du Trésor.
À sa session spéciale de cette année, il s'agissait de régler définitivement le problème de la dette provinciale. C'était la conclusion heureuse d'une longue lutte commencée par Aberhart dès 1936.
Lorsque le gouvernement créditiste vint au pouvoir, en 1935, il trouva l'Alberta lourdement endettée par les régimes précédents. Le fardeau de l'intérêt annuel sur la dette publique était beaucoup trop considérable par rapport au revenu de la province. L'intérêt annuel absorbait presque la moitié du revenu total des taxes. Impossible, dans ces conditions, de donner au peuple le minimum de services publics auquel il peut légitimement aspirer.
Aberhart décida que les intérêts de 750,000 êtres humains devaient passer avant les intérêts de 150 millions de piastres. Il décréta donc la réduction de tous les taux d'intérêt à la moitié de ce qu'ils étaient.
C'est cette décision d'Aberhart qui ameuta le plus contre lui les intérêts financiers. Mais il tint bon. Il déclara clairement que l'Alberta ne voulait point du tout répudier sa dette ; que la province la paierait lorsqu'elle en serait capable ; mais qu'il ne consentirait jamais à sacrifier les vies et les santés aux piastres.
Le gouvernement de l'Alberta invita les créanciers à entrer en pourparlers avec lui pour discuter de la révision définitive du taux d'intérêt et du remboursement de la dette, afin de trouver une solution qui serait satisfaisante pour les deux côtés.
Bon nombre des créanciers de la province désiraient en venir à un accord. Mais d'autres s'y opposèrent systématiquement et organisèrent la résistance. Ceux-là étaient surtout les créanciers liés aux grosses maisons financières.
Les accusations contre l'Alberta continuèrent. L'Alberta tint bon.
Entre-temps, le Trésorier d'alors, l'Honorable Solon Low, fit maintes démarches auprès des obligataires, exposant la bonne volonté de l'Alberta et proposant un terrain d'entente.
Le nombre des récalcitrants alla en diminuant ; et cette année, le gouvernement de l'Alberta et les créanciers de l'Alberta mettent fin au conflit par un règlement définitif.
C'est pour obtenir l'approbation de ce règlement par les représentants du peuple que la session d'urgence a été convoquée.
Résultat : l'Alberta est maintenant, de toutes les provinces, celle qui paie le plus bas taux moyen d'intérêt sur sa dette publique, tout en donnant satisfaction aux créanciers. De plus, l'Alberta est la seule province qui possède un plan de remboursement pour éteindre complètement sa dette publique sur un nombre déterminé d'années (33 ans).
Une fois de plus, l'Alberta créditiste trace la voie aux autres provinces, bien qu'il ne s'agisse pas ici de Crédit Social, mais d'un problème courant, greffé sur un régime financier vicieux qui prévaut encore.