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Je suis roi

Gilberte Côté le dimanche, 01 avril 1945. Dans Réflexions

Le régime de mon pays est un régime démocra­tique.

Cela veut dire que le roi, c'est moi Pierre, moi Jacques, moi Jean.

C'est moi qui suis responsable du bien commun, et c'est moi qui possède tous les pouvoirs de réaliser le bien commun.

    • * *

Le contraire du régime démocratique est le ré­gime monarchique, sous lequel le monarque est considéré comme le père de son peuple. C'est le monarque qui est responsable du peuple, et par conséquent, c'est lui qui possède tous les pouvoirs de défendre les droits du peuple.

Le régime du Canada, le régime de la province de Québec, sont démocratiques, c'est-à-dire qu'ils sont organisés de telle façon que chaque personne humaine du pays, de la province, a, EN DROIT, toute la responsabilité et tous les pouvoirs.

C'est comme cela, EN DROIT.

Mais en fait, en réalité, chez nous, rares sont les personnes qui admettent leurs responsabilités et qui se comportent comme ayant tous les pouvoirs.

Nous avons l'esprit monarchique dans la pro­vince de Québec. Nous pensons que le gouverne­ment est un bon père, qu'il songe au bien commun pour nous, et qu'il distribue des faveurs, comme un patriarche divise son héritage entre ses enfants.

Nous attendons tout de notre gouvernement, et depuis des siècles.

    * * *

Mais, voici que nous constatons que plus ça va, plus nos gouvernements nous jouent, comme on dit. Moins ils travaillent au bien commun.

Et voilà pourquoi nous avons tant de fois changé de gouvernements. Mais, plus ça change, plus c'est pareil, constate-t-on.

Et ça sera toujours ainsi tant que nous ne chan­gerons pas le peuple, tant que le peuple ne com­prendra pas que notre régime est un régime démocratique, sous lequel le roi c'est le peuple. Un ré­gime démocratique, sous lequel chaque personne est responsable elle-même du bien commun, et doit elle-même défendre ses droits.

Lorsque nous en serons arrivés à comprendre cela, à le faire comprendre à une majorité de la population, notre pays jouira effectivement d'un régime démocratique.

Aujourd'hui, nous avons tous les cadres d'un ré­gime démocratique. Mais la substance de notre ré­gime, c'est-à-dire le peuple, est monarchique.

Quand un nombre suffisant de personnes du peu­ple prendront en mains les affaires du bien com­mun, nous aurons la substance d'un régime démocratique.

    * * *

Chacun de nous est un roi.

Chacun de nous est responsable du bien com­mun.

Il faut se bien pénétrer de ces pensées-là.

Puis, il faut agir en conséquence.

    * * *

Que chacun de nous agisse comme un roi, non pour fusiller, mais pour servir tout le monde.

C'est le programme de l'Union Créditiste des Électeurs. Depuis que fonctionne cette organisa­tion, ses membres écrivent des lettres, font des dé­légations auprès de leurs représentants, toujours pour le bien commun.

Le 14 mars dernier, les directeurs de l'Union Créditiste des Électeurs allaient rencontrer les Ho­norables Maurice Duplessis, Onésime Gagnon, Paul Beaulieu, et Antonio Talbot, pour demander aux autorités d'établir une loi pour le bien commun.

Lorsque des individus, des groupes vont rencon­trer des ministres, d'ordinaire, c'est pour demander des faveurs pour eux-mêmes.

L'Union Créditiste des Électeurs réclame pour tout le monde. C'est reconnaître que chacun de nous est un roi, responsable du bien commun.

    * * *

Chacun de nous est un roi, responsable de tous.

Cela veut dire que chacun de nous doit se sentir les pouvoirs d'un roi, et agir comme un homme puissant.

Il faut se dire : je suis un roi. Je suis puissant comme un roi. Je possède en moi-même toute la force d'un roi, je me lèverai donc, et je poserai des actes de roi. Je ferai toutes les démarches qu'il fau­dra pour que le bien commun soit réalisé. Je pren­drai tous les moyens à ma disposition, et j'en ai beaucoup et de puissants, puisque je suis roi.

D'abord, il faut que j'en parle aux autres rois du pays, les autres qui font partie du peuple.

Puis, je les amènerai avec moi. Et nous irons en­semble voir les plus forts en intelligence, les plus forts en courage, les plus forts en prestige, les plus forts en science, les plus forts en vertu. Ils sont tous des rois comme moi.

Tous les actes que je poserai auront des consé­quences, puisque ce sont des actes de roi.

Je parlerai, privément et publiquement. Je dis­tribuerai des livres, des journaux. J'exprimerai ma volonté à ceux que je désignerai pour administrer le pays, mes ministres. Je la leur rappellerai, ma volonté, je les suivrai de près comme un roi atten­tif doit faire. Je les gronderai s'ils n'exécutent pas ma volonté. Et je les punirai. Ils me sont responsa­bles à moi, le roi.

Toujours, j'aurai en vue le bien commun, car au­trement, je ne serais plus digne d'être roi, et je n'aurais pas le droit de faire valoir ma volonté.

Et toujours, je me comporterai comme un roi, bravement, dignement, fermement, conscient de ma puissance et de mon autorité.

Gilberte Côté

Gilberte Côté

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