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Les Maisons du Trésor enrichissent la province

le samedi, 15 décembre 1945. Dans L'expérience albertaine Aberhart

Le rôle du gouvernement

Le but d'un gouvernement n'est pas de faire des profits, mais d'aider à la prospérité du pays. Mal­heureusement, la manière dont sont faits les comp­tes publics porte trop à juger de travers.

Supposons qu'un gouvernement dispose d'un million de dollars. S'il dépense ce million à la cons­truction d'une route pour relier un secteur peuplé de la province à un secteur de population, il con­tribue à aider la population des deux secteurs. C'est un actif pour la province. Mais dans les li­vres, il est inscrit seulement comme une dépense.

Si ce même gouvernement emploie ce même million à payer une partie de la dette publique à des financiers extérieurs, le million sortira de la province et n'augmentera aucunement l'actif de la province. Mais dans les livres, il paraîtra comme une diminution de la dette.

Lequel des deux a été le plus avantageux pour la province ? Le premier, évidemment. Pourtant, c'est le premier, la dépense pour la route, qui sou­lèvera le plus de critiques ; et c'est le deuxième qui récoltera le plus d'applaudissements.

La valeur d'une institution publique ne doit pas se mesurer par le surplus de ses recettes sur ses dé­penses, mais par le bien qu'elle fait au public.

Les Maisons du Trésor et le peuple

Il ne faut donc pas demander des Maisons du Trésor : Rapportent-elles des profits au Trésor ? Mais bien : Apportent-elles des profits à la popu­lation de la province ?

On sait ce que coûtent les Maisons du Trésor, et M. Vézina s'est affairé à le dire dans sa critique. Mais qu'est-ce que les Maisons du Trésor rappor­tent à la population ?

Là encore, c'est comme pour le système routier : on sait exactement ce qu'il coûte ; mais nul ne peut dire ce qu'il rapporte à la population. Pourtant, personne ne niera qu'il est d'une grande utilité.

M. Vézina a cru avoir tout dit sur le bénéfice des Maisons du Trésor en mentionnant le boni men­suel aux acheteurs qui s'en servent. Il oublie que ce boni lui-même a un but : développer l'industrie de la province, en privilégiant la vente des pro­duits de la province.

Ce but fut atteint dès le début, puisque, même avant la déclaration de guerre, le chômage dimi­nuait sensiblement en Alberta quand il se mainte­nait ou augmentait ailleurs.

On comprend que, si les Maisons du Trésor ont activé l'agriculture et l'industrie albertaines, elles ont augmenté les revenus provenant, pour les ci­toyens, des salaires et des ventes de produits. Tout le pays en a profité.

C'est dans les familles de l'Alberta, et non pas dans le livre des comptes publics, qu'il faut aller vérifier les effets des Maisons du Trésor.

Les Maisons du Trésor et le Trésor

Ajoutons que le Trésor provincial lui-même, c'est-à-dire le revenu du gouvernement, tire avan­tage du système.

Pour en revenir à notre comparaison, un gou­vernement qui établit un bon système de routes travaille à augmenter la prospérité de la province. Les gens en profitent et le gouvernement en profi­te. Il vient, de ce fait, plus d'argent dans le Trésor provincial. Ce n'est pas sur les routes que le gou­vernement cueille cet argent, mais c'est tout de même grâce aux routes.

Les Maisons du Trésor elles-mêmes n'apportent pas des surplus au Trésor, elles lui coûtent au con­traire des frais. Mais il vient plus d'argent dans le Trésor grâce à elles.

Le Trésorier de l'Alberta le sait bien, et c'est pourquoi il garde ses succursales.

La puissance financière matée

Mais il est une autre manière dont les Maisons du Trésor aident puissamment l'économie alber­taine. C'est la manière indirecte, et pas la moin­dre.

Leur concurrence, si petite soit-elle encore, fait déjà considérablement baisser pavillon aux puis­sances d'argent.

On sait que, dans notre province, le monopole de l'électricité a parfaitement ignoré les cultiva­teurs dans le passé. Mais au printemps dernier, le gouvernement Duplessis a voté une loi pour favo­riser l'électrification rurale par l'intermédiaire des coopératives établies à cette fin. Et les cultivateurs ont déjà formé des douzaines de ces coopératives.

Immédiatement, le monopole s'est mis en branle pour devancer les coopératives. Les compagnies trouvaient toujours que ça ne payait pas d'établir des lignes pour porter le courant aux fermes. Elles trouvent maintenant que ça paye et veulent être les premières arrivées chez les cultivateurs.

Eh bien, c'est la même chose en Alberta pour le courant de l'argent. Les banques ont abaissé leurs taux et sont moins exigeantes pour les garanties. Pourquoi ? Parce qu'il y a les réservoirs des Mai­sons du Trésor. Petits, si l'on veut, comparé aux réservoirs des banques aidés d'une plume créatrice. Petits, mais capables de prendre de l'importance si les maisons financières ne se montrent pas plus généreuses.

On pourra dire que les Caisses Populaires exis­tent déjà pour faire concurrence aux prêts bancai­res. Et c'est vrai pour l'usage de l'argent. Mais qu'ont-elles pour faire concurrence à la plume créa­trice de crédit ? Elles dépendent des banques pour l'existence de l'argent. Si les Maisons du Trésor aussi font affaire surtout avec l'argent existant déjà, elles possèdent tout de même un instrument d'émission qui, sans être bien producteur encore, est là comme une menace de développement au cas où les banques ne voudraient pas filer doux.

Effets sur la dette publique

Nous causions l'autre jour des Maisons du Trésor avec deux personnages autorisés pour en parler en connaissance de cause : M. Solon Low, qui fut huit ans Trésorier de l'Alberta, et M. L. D. Byrne, l'aviseur technique du gouvernement al­bertain en matière d'argent et de crédit.

On admettra que l'un et l'autre sont mieux à même de savoir ce que sont et font les Maisons du Trésor, que l'avocat de Québec qui écrit dans l'Action Catholique.

M. Low remarquait, entre autres, que jamais il n'aurait pu imposer une réduction d'intérêt sur la dette publique de l'Alberta, sans l'existence des Maisons du Trésor. Les financiers ont bien crié et fait crier dans les journaux ; mais la menace des Maisons du Trésor — d'un système capable de se passer d'eux s'ils décidaient de plier bagages — les a amenés à résipiscence.

Du coup, c'est une moyenne de 4 millions de dollars par année que la province épargnait. À ce compte seul, les frais des Maisons du Trésor sont une dépense bien minime. Il n'est pas un Tréso­rier, pas même M. Onésime Gagnon de la province de Québec, qui ne consentirait à payer $250,000 pour avoir $4,000,000.

La dette publique de l'Alberta était de 158 mil­lions en 1935, lorsque le gouvernement créditiste vint au pouvoir. Elle n'est plus que de 113 millions aujourd'hui. Une diminution de 45 millions.

Évidemment, l'Alberta n'a pas fabriqué 45 mil­lions pour la payer. Mais l'impulsion donnée à l'in­dustrie, en grande partie par le système des Mai­sons du Trésor, a augmenté la circulation dans la province et a permis cet accomplissement.

La dette publique de l'Alberta a été entièrement reconsolidée en juin dernier, à ce chiffre de 113 millions, et au bas taux d'intérêt de 3.39 pour cent. Or, non seulement les obligataires ont accepté ce taux réduit, mais on s'est disputé la faveur d'avoir les obligations, si bien que le gouvernement fédéral a été obligé de présenter une mesure exprès pour taxer les profits faits sur l'achat des obligations albertaines avant la reconsolidation et leur vente après la reconsolidation.

C'est l'Alberta qui, de toutes les provinces, paie le plus bas taux moyen d'intérêt sur sa dette, alors qu'elle payait du 5, 6, et 7 pour cent autrefois. Les Maisons du Trésor ont forcé les financiers à me­surer leur appétit.

Ajoutons que l'Alberta, qui n'a pas emprunté un seul sou des banques depuis l'entreprise de sa lutte

contre la tyrannie bancaire, est la seule province qui amortit sa dette régulièrement pour la payer complètement dans trente ans.

Les adversaires admettent

Si les Maisons du Trésor étaient un passif pour l'Alberta, comme l'écrit M. Vézina, c'est bien en Alberta, et non pas à Québec, qu'on s'en aperce­vrait le plus vite.

Elles furent instituées pour aider le peuple ; et si elles ne l'aidaient pas, le peuple serait bien le pre­mier à en demander la suppression, plutôt que de continuer à les soutenir de ses deniers.

Or, non seulement le peuple les endure, mais il tient à les garder.

La meilleure preuve en est dans la conduite de l'opposition C.C.F. en Alberta. Comme toute op­position, la C.C.F. s'est plue à critiquer tous les actes du gouvernement créditiste, même les Mai­sons du Trésor.

Mais, lorsqu'est venue l'élection provinciale, les C.C.F. se sont hâtés de dire au peuple que, s'ils prenaient le pouvoir, ils maintiendraient le systè­me des Maisons du Trésor.

Le gouvernement veut les garder : c'est qu'elles n'appauvrissent pas le Trésor. La population veut les garder : c'est qu'elles enrichissent la popula­tion.

Rappelons aussi que les Maisons du Trésor n'ont pas été installées d'un coup par toute la province. Le gouvernement n'en institua que 5 au début, en 1938. C'est à cause de leur succès, à cause des ser­vices bien tangibles qu'elles rendaient, que le peu­ple en a réclamé d'autres, jusqu'à ce que, petit à petit, un réseau complet de succursales ait couvert la province.

Le témoignage de toute la province intéressée vaut tout de même bien le témoignage du théori­cien de Québec.

Le système des Maisons du Trésor vise à placer le crédit réel de la province au service des citoyens de la province. Il y réussit graduellement, soit en injectant directement du crédit nouveau pour ré­pondre à la production nouvelle, soit en obligeant les détenteurs actuels du crédit à mieux servir la population.

La formule est bonne puisqu'elle réussit. Et nous serions heureux de la voir introduite dans la pro­vince de Québec. Mais si l'on a une autre formule aussi efficace à nous proposer, nous l'accueillerons avec plaisir. Ce serait l'occasion pour M. Vézina de mettre sa science au service de ses compatrio­tes.

Louis EVEN


Assemblées hebdomadaires

MONTREAL — Cinq réunions :

Lundi soir, 671. rue St-Alfred ;

Mardi soir, 520 rue St-Clément ;

Mercredi soir, 2232 rue Harmonie ;

Jeudi soir, 4232 rue Notre-Dame Ouest ;

Vendredi soir, 508 Ste-Aue, Pointe-aux-Trembles. QUEBEC — Mardi soir, Salle des Vétérans, 911/2 Christo­phe-Colomb (2e étage).

SHERBROOKE — Mercredi soir, Ecole du Centre. TROIS-RIVIERES — Vendredi soir, 982 Champflour, Ap­partement 6.

SHAWINIGAN — Mercredi soir, Poste No 2. THETFORD — Vendredi soir, 104 rue Cyr. ASBESTOS — Jeudi soir, Hôtel-de-Ville. DRUMMONDVILLE — Samedi soir, 19 St-Lucien. GRANBY — Mercredi soir, 417 Notre-Dame. ST-HYACINTHE — Dimanche, 4.00 p.m., 2408 Bourdages. PLESSISVILLE — Mercredi soir, 161 St-Edouard. VICTORIAVILLE — Mercredi soir, 16 St-Antoine. LAUZON — Jeudi soir, 39 rue Mercier. MONTMAGNY — Vendredi soir, salle publique. WINDSOR MILLS — Lundi soir, au Collège. EAST-BROUGHTON — Jeudi soir, salle paroissiale du village

CHIC    MI — Mercredi soir, salle cathédrale. ARVIDA — Vendredi soir, 583 Hunt.

KENOGAMI — jeudi soir, 163 Ste-Famille. ROUYN — mardi soir, sous-sol Hôtel Albert. VAL D'OR — Lundi soir, 339 Ave. Centrale. ST-JEROME (Terrebonne) — Dimanche, 2.00 p.m., 129 St Georges.

SUDBU RY — Jeudi soir, 292 King.

OTTAWA — Vendredi soir, 377 rue Rideau.

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