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Philosophie personnaliste du Crédit Social

Edmond MAJOR le jeudi, 01 février 1945. Dans Philosophie

Droits de la personne

Le Crédit Social est une technique monétaire. Mais ce n'est pas rien qu'une technique. Bien au contraire, c'est toute une philosophie de la vie. Pourtant, ses adversaires les plus acharnés n'y voient que la réforme monétaire, même s'ils n'y comprennent rien.

Le but du Crédit Social, c'est de rétablir cha­que PERSONNE dans ses droits. Toute la phi­losophie créditiste est centrée sur la personne hu­maine. Aujourd'hui, la personne humaine est fou­lée aux pieds.

Dans une société bien organisée, le bien de la personne humaine doit passer avant tout. Ce bien de la personne est nécessairement subordon­né au bien spirituel. Le but ultime de la person­ne, c'est la fin éternelle pour laquelle Dieu l'a créée. Toute organisation vraiment sociale doit tendre à permettre à la personne d'atteindre plus facilement et pleinement sa fin dernière.

L'homme n'est pas un animal et ne doit pas être traité comme tel.

Chez tout homme, il y a : les besoins qui tien­nent de l'espèce et qui sont communs à tous les hommes ; puis les aspirations de la personne, qui sont plus particulières à chacun. Les besoins communs à tous sont d'un ordre moins élevé ; mais tant qu'ils ne sont pas d'abord satisfaits, au moins dans l'essentiel, la personne ne peut pas bien vivre sa vie propre.

L'homme étant appelé à vivre en société, il doit pouvoir trouver dans la société les moyens de poursuivre plus facilement l'acquisition de ces sortes de biens.

Plus il sera facile à l'homme de rencontrer la satisfaction des besoins communs à l'espèce, plus il lui restera de temps et d'énergies pour la pour­suite de ses aspirations particulières. Si la société ne permet pas à l'homme d'atteindre plus facile­ment ces deux objectifs, elle ne répond pas à ses buts.

Abondance matérielle

Pour la satisfaction des besoins communs de l'homme, ceux de l'espèce, tout est là. Dieu, dans sa bonté infinie, n'a pas ménagé les richesses de la nature. L'abondance existe sur la terre. Depuis toujours, le cerveau de l'homme s'est ingénié pour tirer le meilleur parti de ces immenses ressources. Le progrès moderne, le développement de la science appliquée en sont la preuve.

L'industrie moderne fournit une production des plus variées. Elle peut produire dans un temps relativement court une abondance insoupçonnée de production répondant à tous les besoins com­me à tous les désirs. Qu'est-ce que l'on ne nous promet pas pour le marché d'après-guerre ! Il est évident que nous avons, ou pouvons facilement avoir, tout ce qu'il faut pour répondre aux be­soins communs de l'homme.

Pourtant, malgré cette abondance de produits, l'on se souvient que les besoins communs de l'homme, même les plus urgents, étaient loin d'être satisfaits dans la période d'avant-guerre. Ce fut justement là le sujet d'une crise mondiale. Il s'est trouvé des gens, et même beaucoup de gens, et des diplômés par-dessus le marché, des gens à qui l'on décerne le titre d'économistes, pour déclarer emphatiquement que si les besoins communs de l'homme n'étaient pas satisfaits, c'est qu'il y avait trop de produits pour répondre à ces besoins !

N'y a-t-il pas encore aujourd'hui beaucoup de ces économistes de malheur pour nous annoncer qu'après la guerre, le même problème se posera de nouveau ? C'est-à-dire que nous nous trouve­rons de nouveau devant des montagnes de pro­duits. Vu que nous aurons cessé de détruire sur une grande échelle notre immense production, on nous dit qu'il faudra trouver le moyen d'expédier aux quatre coins du monde, même gratuitement, la plus grande partie de nos produits. Autrement, nous serions de nouveau condamnés à la misère et aux privations devant une abondance de pro­duits sans précédent.

L'obstacle

Pourquoi cette absurdité ? Parce qu'il y a un obstacle à la distribution de la production pour la satisfaction des besoins communs de l'homme. Et cet obstacle n'est pas un obstacle naturel. C'est un obstacle artificiel, créé par un groupe d'exploiteurs, désireux de dominer le monde en­tier. Cet obstacle est d'ordre financier. L'argent nécessaire pour permettre aux produits de joindre les besoins n'est pas là. Il nous manque une tech­nique monétaire logique avec les faits.

À cause de cela, la société d'avant-guerre n'a pas permis à l'homme de satisfaire à ses besoins communs, pas plus que la société d'après-guerre ne saurait le faire, si nous permettons que le même obstacle financier demeure. Conséquem­ment, la poursuite des aspirations individuelles ou particulières de l'homme est entravée. À cause d'un désordre dans le système financier, à cause du manque d'une saine technique monétaire, la société ne répond pas aux buts pour lesquels elle existe. Rien de surprenant alors qu'elle se désa­grège.

Il faut conclure que l'obstacle financier sabote la société. Ceux qui posent l'obstacle sont des sa­boteurs de ce qu'il y a de plus sacré et de plus essentiel. Voilà pourquoi les créditistes s'achar­nent de toutes leurs forces et de toute leur âme à renverser cet obstacle, et à dénoncer les sabo­teurs. Mais leur travail ne se limite pas à cela.

Pour arriver à renverser l'obstacle définitive­ment, ils savent et comprennent qu'il faut réfor­mer la société par l'éducation des individus, le re­lèvement de la personne. Il faut remettre l'ordre et le bon sens dans les esprits imbus d'erreur et de préjugés mesquins.

Les créditistes se rendent compte que le dérai­sonnement savant devant l'obstacle financier a amené le déraisonnement sur toute la ligne. Voilà pourquoi ils sont pleins d'un dynamisme pur, d'une source d'énergie incomparable et d'une té­nacité à toute épreuve. D'aucuns, encore aveuglés par l'atavisme d'un régime absurde, ne compre­nant rien au dévouement des créditistes, quali­fient simplement ceux-ci de fanatiques. Mais les créditistes savent que leur cause mérite bien le plus grand "fanatisme".

D'accord avec Pie XII

On pourrait leur appliquer ces mots de Pie XII, dans son message de Noël dernier :

"Instruits par une expérience cruelle, ils sont plus agressifs dans leur opposition à la concentration du pouvoir dic­tatorial qui ne peut pas être censuré ni influencé ; et ils demandent un système de gouvernement plus conforme à la dignité et à la liberté des ci­toyens."

Avec Pie XII, les créditistes croient que l'État ne doit pas être formé d'une masse informe d'in­dividus, mais d'un peuple ; que "la vie du peuple vient de la plénitude de vie des hommes qui le composent et dont chacun — à sa place propre et de sa propre manière — est une personne cons­ciente de ses responsabilités et de ses opinions propres."

Avec lui, ils croient que "les masses sont l'en­nemi capital de la véritable démocratie et de son idéal de liberté et d'égalité ;" que "chez un peuple digne de ce nom, le citoyen porte en lui-même le sentiment de sa personnalité, de ses devoirs et de ses droits, de sa propre liberté, joint au respect de la liberté et de la dignité des autres."

"Quel spectacle n'offre pas celle (l'image) d'un État démocratique laissé aux caprices des mas­ses !" remarquait encore Pie XII. La conséquence en est, que "tout ce qui donne à la vie sa valeur, s'efface graduellement et disparaît".

"Et, ajoute-t-il, les seuls survivants d'une part, en sont les victimes trompées par le mirage spécieux de la démocratie, pris naïvement pour le véritable esprit de la démocratie qui est la liberté et égalité ; et d'un autre côté, les exploiteurs plus ou moins nombreux qui ont su comment utiliser le pouvoir de l'argent et de l'organisation pour s'assurer une meilleure situation, au-dessus des autres et qui ont obtenu le pouvoir" par leur habileté à manipuler la masse en vue du vote.

Partir d'où l'on est...

Pour effectuer la rénovation sociale, il faut te­nir compte que nous avons affaire à des hommes, dans un pays, à une certaine période de l'histoire. L'on doit donc compter avec ce qui existe. Im­possible de procéder comme si rien n'existait et de bâtir du neuf, tout d'une pièce, en mettant par terre ce qui est. Il faut partir de l'endroit où l'on est pour aller où l'on veut.

Nous savons où nous voulons aller. Mais d'où partons-nous ? Il importe de s'orienter pour pren­dre la bonne direction.

Nous sommes tous esclaves d'une terrible com­binaison internationale. Elle fut échafaudée au cours des trois derniers siècles. Nous avons perdu le patrimoine chèrement acquis par nos pères. Nous avons souffert successivement de guerres et de crises des plus démoralisantes. De la liberté, il ne nous reste pas beaucoup plus que le mot. Quant à la sécurité sociale, c'est quelque chose que nous ne connaissons pas. Les pires calamités sont suspendues sur nos têtes : la révolution, le planisme, le socialisme, le communisme, sans compter les déchéances morales que notre société devra récolter après la guerre.

La dictature internationale, qui nous a spoliés et réduits au rang d'esclaves, a pu s'édifier à la faveur de l'ignorance sociale des masses, et trop souvent grâce à la trahison et à la lâcheté de notre pseudo-élite. Ceci s'est fait dans tous les pays du monde.

De plus en plus nombreux sont ceux qui ou­vrent les yeux devant la catastrophe imminente. Pourtant, plusieurs encore regardent sans oser bouger ; soit paralysie sociale (des ankylosés de l'inaction) ; soit lâcheté ; soit attaches, faveurs ou influences ; soit la crainte de tout et de rien. C'est un manque de confiance dans la société. Il faut refaire cette confiance. C'est justement ça, le Crédit Social : la confiance dans la société.

Mais quel est le lien social ou plutôt anti­social qui tient tout cela ? L'argent, contrôlé par un système bancaire, lui-même sous bon contrôle international.

"Ceux qui contrôlent l'argent et le crédit, a écrit Pie XI, sont devenus les maîtres de nos vies, si bien que sans leur consentement, nul ne peut plus respirer".

Si nous voulons reprendre notre liberté ; si nous voulons redevenir maîtres chez-nous ; si nous vou­lons nous dégager de cette organisation infernale qui nous tient dans ses griffes et tente de nous étrangler ; si nous voulons cela, nous devrons, tous et chacun, faire des efforts pour nous dégager ; nous unir pour reprendre le contrôle de l'argent et du crédit, le cheval de Troie moderne de ceux qui ont conspiré contre nous, contre la société.

Il nous faudra travailler à établir un système financier du peuple et pour le peuple. 

Edmond MAJOR

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