EnglishEspañolPolskie

Quand le diable est parti

le mardi, 01 mai 1945. Dans La politique

Le diable dont il est question dans ce titre, c'est le diable électoral, celui qui commence à déranger les esprits et qui va en troubler tout à fait un grand nombre le 11 juin prochain. Quand le dia­ble est parti, le bon sens revient, mais le mal est fait et des effets demeurent.

Nous allons en prendre un exemple dans le pe­tit village ouvrier de Beaupré, comté provincial de Montmorency.

Là comme ailleurs, il y eut des élections provin­ciales le 8 août dernier. Sur 728 électeurs inscrits, 555 seulement votèrent  ; : Le vote se répartit com­me suit  ; : Vote libéral, 260  ; ; vote Union Nationale, 175  ; ; vote créditiste, 120.

Les deux tiers de la population étaient, ou avaient été pendant au moins une année, abonnés à Vers Demain, et tout indiquait des électeurs très favorables au Crédit Social. Pourtant, 173 jugè­rent inutile de se déranger, 435 votèrent pour l'un ou l'autre des deux partis politiques, et 120 seule­ment se proclamèrent créditistes par leur vote.

Or, quatre mois plus tard, Antoine Bélanger et un autre créditiste passaient dans les familles de Beaupré, pour demander à ceux qui voulaient li­brement, de signer une pétition à M. Duplessis en faveur de la suppression de la taxe de vente et de son remplacement par un boni aux acheteurs, com­me dans le système des Maisons du Trésor de l'Al­berta.

M. Bélanger et ses compagnons ne faisaient au­cune assemblée, ni aucun discours, ni aucune pa­rade, ni aucune pression. Pourtant, 95 pour cent des personnes vues signaient avec empressement.

Ainsi, M. Bélair avait parcouru tout le comté de Montmorency, et plusieurs fois Beaupré, pour dire aux gens de demander le Crédit Social par leur vote du 8 août  ; ; et le 8 août, seulement 17 pour cent des électeurs inscrits et 22 pour cent des vo­tants demandaient officiellement le Crédit Social. C'est que le diable électoral était là. Le diable par­ti, 95 pour cent de la population demande sans hé­siter un commencement de Crédit Social.

Est-ce que cela veut dire de laisser les élections de côté et de se contenter de faire des pressions en temps normal  ; ?

Non. Les pressions en temps normal sont certai­nement à continuer, et plus elles seront fortes, plus elles auront de chance d'obtenir quelque chose. Mais, si, en temps d'élection, le vote créditiste avait été plus gros, la pression faite depuis produi­rait plus d'impression.

Quand même 95 pour cent de la population de Beaupré se montre créditiste après l'élection, M. Dumoulin, député élu le 8 août, peut toujours se dire  ; : Ils étaient aussi créditistes avant le 8 août, mais j'ai gagné quand même, parce que la machi­ne du parti libéral était là, et elle y sera encore aux prochaines élections. Et M. Dumoulin, tout en continuant de recevoir avec courtoisie les cré­ditistes qui vont le voir, peut envoyer leurs de­mandes aux calendes grecques et dormir sur ses deux oreilles.

Mais, si le 8 août, le vote créditiste, sans même gagner, avait serré de près le vote libéral, M. Dumoulin se demanderait s'il n'est pas sage, pour son avenir politique, de songer à faire plus attention aux aspirations croissantes des électeurs qu'aux décisions du parti.

*    *    *    *

C'est pour cela que, cette année, nous invitons les créditistes de toute la province à pousser le plus possible de "candidats des électeurs" (en op­position aux candidats de partis), pour donner aux créditistes de tous ces comtés l'occasion de de­mander officiellement, par leur vote, le Crédit Social, la libération économique et politique. Puis de donner sans hésiter leur vote au "candidat des électeurs",'quand même ils n'auraient aucune chance de gagner l'élection, car le vote lui-même est un gain, c'est l'enregistrement officiel d'une demande.

Si, sous prétexte de voter du côté qui semble avoir la chance de gagner, des créditistes donnent leur bulletin à un candidat de parti, ils trahissent tout ce qu'ils prêchent, ils jettent leurs armes au pied des partis politiques, et leurs pressions ulté­rieures, sans être inutiles, sont loin d'avoir le mê­me poids. On affronte mal une mitrailleuse quand on ne sait même pas utiliser son simple fusil.

La tactique des créditistes, c'est de prendre, en tout temps, tous les moyens à leur disposition pour promouvoir leur mouvement, augmenter leur for­ce et manifester cette force. L'élection qui appro­che est un excellent moyen, mis à leur disposition par le gouvernement fédéral, pour manifester jus­qu'à quel degré le Crédit Social est rendu dans la province de Québec. Sans gagner l'élection, même sans gagner un seul siège, on peut tout de même montrer au gouvernement élu qu'il y a un mouve­ment qui prend de l'ampleur et qu'il ne devra pas ignorer dans ses actes administratifs. Les créditis­tes seraient fort mal inspirés de manquer cette oc­casion unique et de noyer leurs votes avec les vo­tes arriérés des partis politiques.

Poster un commentaire

Vous êtes indentifier en tant qu'invité.

Panier

Dernière parution

Infolettre & Magazine

Sujets

Faire un don

Faire un don

Aller au haut
JSN Boot template designed by JoomlaShine.com