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Réponses à quelques questions

le mardi, 01 janvier 1963. Dans Les taxes actuelles sont un vol

Les taxes actuelles sont un vol — Chapitre 8

Ne serait-ce pas une taxe de vente ?

Vous dites que si les crédits nouveaux mis en circulation, pour financer les projets publics, augmentent la consommation plus vite que la production, l'effet se fera sentir par la hausse du prix ajusté, ce qui serait l'équivalent d'une taxe après coup. Où est l'avantage de ce nouveau système ?

La méthode actuelle de taxes commence par diminuer votre demande de biens de consommation. La méthode créditiste stimule la demande de biens de consommation, tout en exécutant les projets publics. La capacité productive du pays est ainsi provoquée, au lieu d'être plafonnée.

Imaginez une petite communauté composée de quatre hommes, ayant respectivement, pour vivre, en une période donnée, 12, 10, 8 et 3 tonnes de produits. Ils désirent un chemin commun. Celui qui n'a que 3 tonnes de produits s'offre à construire le chemin, à condition de recevoir 4 tonnes de produits en retour.

Sous le système actuel de taxes, on va prélever les 4 tonnes sur ce que la communauté produit présentement. Pour simplifier, mettons que les quatre soient taxés au même degré, puisque le chemin sera pour les quatre : donc, chacun est taxé d'une tonne. Il leur restera respectivement 11, 9, 7, 2 tonnes de produits. Une fois le chemin terminé et les 4 tonnes de taxes remises au quatrième, ils auront respectivement 11, 9, 7, 6 tonnes de produits. Une tonne de moins pour chacun des trois premiers, 3 tonnes de plus pour celui qui a fait le chemin.

Sous la méthode créditiste, les hommes décident simplement de donner au constructeur du chemin une créance de 4 tonnes sur les produits de leur petite communauté. Mais ils activent leur production à mesure que le constructeur utilise sa créance.

S'ils réussissent à augmenter la production totale de 4 tonnes, ils auront respectivement, une fois le chemin fini et payé : 12, 10, 8 et 7 tonnes de produits. Aucun n'aura été privé, et le constructeur aura 4 tonnes de plus. On aura payé le chemin par une augmentation de production.

C'est évidemment exprimé d'une manière excessivement simplifiée, pour faire saisir l'idée.

Si la petite communauté n'est pas capable d'augmenter de 4 tonnes sa production actuelle, mais de 2 tonnes seulement, la diminution pour chacun sera d'une demi-tonne, et non pas d'une tonne comme elle aurait été par la taxe.

Ce qui revient à dire : Tant que la capacité productive du pays n'est pas totalement utilisée, les taxes sont un appauvrissement injustifié, sans compter tout le factice dont elles s'accompagnent. L'existence du chômage — chômage d'hommes, de machines, de brevets, ou occupations inutiles simplement parce qu'il faut être occupé pour avoir le droit de vivre, — tout cela prouve que la capacité productive est loin d'être totalement utilisée. Chômage et taxes en même temps, c'est une monstruosité.

D'ailleurs, même si la production était à son maximum possible, la méthode créditiste est encore bien supérieure, puisqu'elle élimine tout le mécanisme de pompage, qui ne produit rien et est une charge pour le pays ; elle élimine tout le casse-tête qui consiste à chercher des piastres, au lieu de chercher seulement des hommes, des matériaux, des produits.

Le pauvre chargé comme le riche ?

Si la charge réelle des biens publics se trouve ainsi intégrée dans les prix à payer pour les biens qu'on achète, est-ce que ce n'est pas faire les pauvres payer comme les riches ? Notre système de taxes, qui demande plus aux riches qu'aux moins riches, n'est-il pas plus conforme à la justice ?

 Cette question est boiteuse, au moins pour deux raisons :

1° Elle suppose que, dans le système actuel, les taxes chargées aux riches n'imposent le fardeau qu'aux riches. Or, la plupart de ces taxes sont incorporées dans les prix, et tout le monde, le pauvre comme les autres, se trouve à les payer au comptoir du marchand. Les prix, gonflés de taxes, sont les mêmes pour tout le monde, pour le pauvre comme pour le millionnaire.

2° La question boîte encore, surtout parce qu'elle porte seulement sur un aspect du Crédit Social, l'aspect du prix, en ignorant l'aspect social du Crédit Social — le dividende. Le Crédit Social a besoin de ses deux pieds pour marcher ; si on lui enlève un pied, il ne faut pas s'étonner qu'il ne puisse marcher.

 Sous un régime créditiste, il n'y a pas seulement l'ajustement des prix, il n'y a pas seulement la suppression possible des taxes : il y a aussi le dividende périodique à chaque personne. Et, vu la productivité moderne, ce dividende peut et doit être assez substantiel pour garantir au moins le nécessaire.

Ne serait-ce pas l'inflation ?

Puisque vous dites que le prix à payer doit varier dans le degré où la consommation varie par rapport à la production, est-ce qu'une augmentation du prix ne diminuerait pas le niveau de vie des citoyens, comme le fait l'inflation ?

1° Lorsqu'on parle d'une augmentation du prix correspondant à une consommation totale augmentée, cela ne veut pas dire une augmentation du prix que vous payez aujourd'hui.

La base du prix serait beaucoup plus basse que la base actuelle du prix. La paire de chaussures que vous payez $12 aujourd'hui, pourrait varier, sous un régime créditiste, entre $3 et $5, selon le rapport entre la richesse détruite et la richesse produite. Les prix, en effet, seraient dégagés de toutes les charges financières dont le système actuel les grève.

 2° Sous un régime créditiste, les mots diminution ou augmentation ne signifient que des opérations arithmétiques. Le mot qui compte, pour son effet sur notre niveau de vie, c'est le mot ajustement. L'augmentation ou la diminution n'ont pour but que d'opérer l'ajustement. Et qu'arrive-t-il ?

Il arrive 1° que l'ajustement permet, en tout temps, à la population, d'obtenir tous ses produits, 2° que le dividende en garantit une part à tous et à chacun. Que désirer de plus ou de mieux ?

 On ne peut toujours pas désirer ce qui n'existe pas. Si l'on veut plus de produits vendables, il n'y a qu'à en produire davantage. Tout est là, dès lors que la distribution n'offre plus d'obstacle.

Le système d'ajustement des prix, qui est partie essentielle de la technique financière du Crédit Social, serait le grand régulateur du pouvoir d'achat. Ni inflation ni déflation ne seraient possibles. Que le pouvoir d'achat ait été distribué par l'industrie privée, ou par des travaux publics, ou par le dividende social, ce pouvoir d'achat serait retiré par les prix, à un rythme ajusté.

Pour que la finance soit la représentation exacte de la richesse réelle, il ne suffit pas de libérer des moyens de paiement au rythme de la production ; il faut aussi retirer le pouvoir d'achat ainsi créé, au rythme où la consommation fait disparaître la richesse produite.

C'est exactement ce que ferait le Crédit Social par son ajustement des prix.

Le Crédit Social ne fixerait pas du tout les prix. Mais il proportionnerait la partie du prix à payer par l'acheteur, selon le rapport de la consommation totale à la production totale.

Dans le système actuel, le prix n'est ni réglé ni régulateur. Il existe bien une comptabilité du prix de revient. Mais le prix de vente varie entre un minimum, qui est ce prix de revient, et un maximum, qui est tout ce que l'acheteur consent à payer.

Sous un régime de Crédit Social, la comptabilité du prix de revient serait maintenue. Le vendeur devrait toucher ce prix de revient, pour pouvoir renouveler son stock, plus un pourcentage de profit, pour pouvoir vivre. (Le profit est pour le commerçant ce que le salaire est pour l'ouvrier.)

Le vendeur n'a aucune raison d'augmenter son prix quand l'acheteur a plus de moyens de payer. La finance du consommateur en dehors de l'industrie ne change pas le prix de revient du produit offert. Le Crédit Social ferait le consommateur bénéficier d'un escompte général, comme il est dit ci-dessus. Cet escompte serait compensé au vendeur par le mécanisme social de crédit. 

Les deux côtés se trouveraient ainsi avantagés. Les modalités accompagnant ce régime d'escompte compensé verraient à ce que, en retour, le vendeur s'en tienne au prix comptable de revient, plus le pourcentage convenu de profit.

Un changement trop brusque ?

Ne trouvez-vous pas révolutionnaire de passer subitement d'un système de taxes à un  système de finance sans taxes, avec toute la modification que cela apporterait aux coutumes établies ?

Je crois qu'on s'accoutumerait bien vite, bien aisément, et sans regret, à un système financier d'où disparaîtrait le mécanisme des taxes. Mais, qu'est-ce qui empêche de procéder par degré ? Supprimer, pour commencer, toutes les taxes qui financent des développements ; puis toutes les taxes qui financent des allocations ; puis toutes les taxes qui financent l'administration et les services. Rien n'oblige essentiellement à faire tout cela d'un coup. Il faut distinguer entre principes et méthodes.

Une fois la finance créditiste établie, dit Douglas, les taxes devraient être réduites d'une manière radicale et rapide. Il admet que, pour la suppression des taxes, comme pour l'octroi de dividendes, il peut être sage de procéder par degrés ; mais procéder par degrés ne veut pas dire « traîner ». Non : réduction radicale et rapide.

Mais, que les taxes soient supprimées totalement ou partiellement, le mécanisme d'émission fournit toujours la finance nécessaire, et le mécanisme d'ajustement des prix rétablit toujours l'équilibre définitif.

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