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Un système financier pour le peuple

Edmond MAJOR le jeudi, 15 février 1945. Dans L'expérience albertaine Aberhart

Démocratie

Selon la définition de Lincoln, la démocratie est le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. Quand l'on comprend le rôle essentiel de l'argent dans notre société moderne, l'on doit forcément admettre que pour jouir de la démocra­tie, il nous faut un système financier du peuple pour le peuple.

Ce n'est certainement pas là la principale carac­téristique du système sous lequel nous vivons. C'est dans Quadragesimo Anno que Pie XI nous dit que : "Ceux qui contrôlent l'argent et le crédit sont devenus les maîtres de nos vies, si bien que sans leur consentement nul ne peut plus respirer". Voilà certainement une constatation qui tient bien plus de la dictature que de la démocratie. C'est que nous vivons sous un régime de dictature économi­que, la dictature des maîtres internationaux de l'ar­gent. Nous ignorons tout de la démocratie écono­mique.

Du peuple

Que serait un système financier du peuple ? Ce serait un système financier contrôlé par le peuple, un système financier dont le peuple dicterait lui-même les objectifs en vue du bien commun.

Un système financier du peuple, ce serait un sys­tème qui ferait naître l'argent nécessaire devant les produits, visant continuellement à équilibrer le pouvoir d'achat avec la production disponible. Ce serait un système financier reflétant continuelle­ment les faits de la production. En commandant à la production de choses et de services, le peuple commanderait l'argent. Une augmentation dans les produits et dans les services disponibles amè­nerait automatiquement une augmentation de pouvoir d'achat entre les mains des consomma­teurs.

Quels devraient être les objectifs d'un système financier fonctionnant pour le bien commun, dont le peuple dicterait la politique ? Simplement des objectifs déterminés par le bon sens et la logique.

Le but d'un système financier sain, c'est de per­mettre la distribution de toute la production dis­ponible. Les seules limites à cette distribution se­raient la satisfaction des besoins et les capacités de production. Ce système doit aussi avoir comme objectif d'assurer à tous et à chacun un minimum vital sans conditions. Ainsi il assurerait la liberté à chaque citoyen.

Pie XI dans Quadragesimo Anno n'établit-il pas l'objectif d'un sain système économique ou finan­cier, quand il dit : "L'organisme économique et so­cial sera sainement constitué et atteindra sa fin, alors seulement qu'il procurera à tous et à chacun de ses membres tous les biens que les ressources de la nature et de l'industrie, ainsi que l'organisa­tion vraiment sociale de la vie économique, ont le moyen de leur procurer. Ces biens doivent être assez abondants pour satisfaire aux besoins d'une honnête subsistance et pour élever les hommes à ce degré d'aisance et de culture qui, pourvu qu'on en use sagement, ne met pas obstacle à la vertu mais en facilite au contraire singulièrement l'exercice."

Système bancaire anti-démocratique

En acceptant ces données et ces principes, l'on ne peut pas dire que le système financier actuel en est un du peuple. Pas besoin d'une longue ana­lyse pour s'en rendre compte.

La destruction systématique de la production durant la crise devant des masses aux prises avec la faim et la misère suffit bien pour le prouver. Notre système financier au lieu de faire naître l'ar­gent devant la production, le fait mourir. Il est sous le contrôle d'un groupe de particuliers dont le bien commun est la moindre de leurs préoccupa­tions. Quand le peuple accumule une abondante production, ceux qui contrôlent l'argent refusent de mettre devant les produits le pouvoir d'achat nécessaire. Et voilà pourquoi nous avons traversé une crise horriblement dure avant d'entrer dans cette guerre.

Depuis le commencement de la guerre, le pou­voir d'achat a augmenté. Un plus grand nombre sont salariés. Mais la production a diminué au mê­me rythme que le pouvoir d'achat augmentait.

Notre système financier, le système bancaire, fonc­tionne à l'inverse du bon sens et de la logique. Il échappe à tout contrôle du peuple et fonctionne contre lui.

Pour ce qui est d'assurer un minimum vital à tous et à chacun, il n'en est pas question sous no­tre système. Au lieu de viser à la protection de la personne, il vise à la détruire. Au lieu de respecter la liberté de l'homme, il l'enchaîne.

On ne peut pas dire que les objectifs de notre système financier sont des objectifs de bien com­mun. Au contraire. Les faits prouvent à l'évidence qu'il vise à la domination et à l'enrégimentation de l'homme, qu'il méprise la personne humaine et qu'il foule aux pieds la famille, base de toute so­ciété.

Démocratie en Alberta

Pourtant, il existe une province au Canada où le système financier s'oriente vers le bien commun depuis 1935. C'est la province de l'Alberta. En Al­berta, le système financier est, en partie du moins, contrôlé par le peuple. S'il n'est pas entièrement entre les mains du peuple, c'est à cause des obs­tructions du gouvernement fédéral. Ce dernier a désavoué toutes les lois provinciales par lesquelles l'Alberta visait à libérer les Albertains de la dic­tature économique. Depuis 1935, le gouvernement de l'Alberta veut établir une banque provinciale du peuple. Jusqu'ici, ses efforts multipliés pour obtenir une charte ont rencontré une vive opposi­tion du fédéral. Le gouvernement fédéral, sans doute sous l'influence occulte de la finance organi­sée, a refusé à la province de l'Alberta le droit de se libérer complètement.

L'Alberta a quand même pu inaugurer ce que l'on appelle un Programme Intérimaire pour com­mencer sa libération économique. Ce Programme Intérimaire a vu naître et se multiplier les Succur­sales du Trésor par lesquelles la population de l'Alberta reprend graduellement le contrôle de l'ar­gent et du crédit.

Grâce à cette initiative, les Albertains possèdent maintenant un système d'argent à eux. Il n'élimine pas le système fédéral, mais fonctionne en marge de ce dernier. Grâce à son système interne, l'Al­berta a pu développer son industrie et sa produc­tion. En Alberta, une augmentation de production provinciale représente une richesse et non pas un embarras. Cette richesse, grâce au système des Succursales du Trésor, se traduit par une augmen­tation de pouvoir d'achat entre les mains des con­sommateurs. L'activité dans la production provin­ciale amène automatiquement une augmentation correspondante dans le pouvoir d'achat. Voilà comment le peuple de l'Alberta contrôle en partie son système financier.

Pour le peuple

Un système financier pour le peuple, ce serait un système financier qui donnerait des fruits pour le peuple. Il n'y a qu'un système financier contrôlé par le peuple qui puisse donner des fruits pour le peuple.

Ce serait un système permettant de placer la personne humaine avant l'argent. Un système fi­nancier pour le peuple assurerait la distribution de toute la production en tout temps, en assurant un minimum vital à chaque membre de la société. Il donnerait ainsi justice à tous les citoyens en re­connaissant à chacun sa part de l'immense hérita­ge social qui existe. Du même coup, ce système assurerait, en même temps que la sécurité, une entière liberté.

Un système financier du peuple protégerait la propriété privée et l'encouragerait. Il assurerait à la famille protection et encouragement. Toute la société en bénéficierait.

Système bancaire anti-social

Le système bancaire met la piastre au-dessus de la personne humaine. Nous l'avons vu au cours de la crise d'une façon évidente. Les hommes étaient voués à la misère. Seules les piastres man­quaient. Mais on ne voulait pas plier la piastre aux besoins de l'homme. Ne constate-t-on pas qu'il suffit d'avoir un porte-feuille bien garni pour se faire respecter partout ?

Personne n'oserait soutenir sérieusement que notre système bancaire assure la distribution de toute la production. Au contraire, il pousse à la destruction de la production qui ne peut atteindre le consommateur par manque d'argent. Il n'y a qu'en temps de guerre, alors que la destruction de la production est assurée sur une grande échelle, qu'on n'a pas à craindre l'accumulation des pro­duits devant des populations affamées.

Comment le système bancaire a-t-il jamais protégé la propriété privée ? En la grevant de taxes par-dessus taxes ? Et à quoi sert la majeure partie des taxes, sinon à payer le tribut de l'esclavage aux maîtres de l'argent ? L'intérêt sur la dette pu­blique n'est-il pas le premier et le plus gros item individuel de tous les budgets gouvernementaux ?

Le système bancaire est un système anti-social. Il sabote la famille qu'il laisse sans protection et décourage par tous les moyens. Tous les membres de la société sont volés de leur part d'héritage so­cial, et sont réduits au rôle d'esclaves.

Si l'on juge un arbre à ses fruits, l'on a tôt fait de juger le système bancaire international qui sert à exploiter le monde entier.

Programme Intérimaire de l'Alberta

Si l'on jette maintenant un coup d'œil sur la province d'Alberta où se trouve le seul gouverne­ment vraiment démocratique au Canada, l'on peut constater que l'inauguration d'un système finan­cier du peuple donne des fruits pour le peuple. Si les Albertains ne jouissent pas encore de la libéra­tion économique complète, au moins ils peuvent se rendre compte qu'ils sont sur le bon chemin pour la libération économique.

Qu'on en juge par quelques-uns des résultats ob­tenus pour le peuple depuis 1935, soit depuis l'a­vènement d'un gouvernement créditiste en Alber­ta.

1. — Abolition de la taxe de vente de 2%, rempla­cée par un escompte à l'acheteur dont le taux est fixé d'après les faits de la production. Une augmentation de la production albertaine fe­rait hausser automatiquement le taux d'es­compte, tout comme une diminution de cette production le ferait baisser. Ce taux est pré­sentement fixé à 2%, soit l'inverse de la taxe de vente.

2.— Diminution de plus de $17 millions sur la dette provinciale.

3. — Aucune nouvelle taxe provinciale et pas d'augmentation dans le pourcentage de taxa­tion.

4. — Près de 50% des soins médicaux fournis gra­tuitement. Les mamans reçoivent l'équiva­lent de la somme de $50. à la naissance de chaque enfant.

5. — Pensions aux vieillards plus élevées que nulle part ailleurs ( $30.00 par mois).

    6. — Financement des travaux publics et adminis­trations de la province SANS EMPRUNT ET SANS DETTE.

Voilà les principaux fruits apportés par le Pro­gramme Intérimaire adopté par le gouvernement créditiste de l'Alberta, dans lequel les Succursales du Trésor jouent un grand rôle.

Edmond MAJOR

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