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Une finance qui produit des primes

Louis Even le jeudi, 01 mars 1945. Dans L'expérience albertaine Aberhart

Ni horreur ni emballement, s.v.p.

Si vous êtes d'ores et d'avances opposé au Crédit Social, ne vous en faites pas  : ce que nous allons exposer ici n'est pas le Crédit Social, bien que ce soit un mécanisme financier provincial établi par un gouvernement créditiste. Il pourrait aussi bien l'être dans la province de Québec par le gouvernement Union-Nationale de M. Duplessis, et dans n'importe quel autre pays par n'importe quel gouvernement. Et avec grand profit.

Si, par ailleurs, vous êtes enthousiaste du Crédit Social, ne vous emballez pas, devant le système des Maisons du Trésor de l'Alberta. C'est loin d'être la splendeur d'un système monétaire créditiste cent pour cent. Mais déjà, ce mécanisme aide ceux qui veulent s'en servir à combler partiellement, au moins dans l'économie provinciale, les lacunes inhérentes au système financier actuel. Il est d'ailleurs susceptible d'un immense développement dans la mesure où les particuliers eux-mêmes vou­dront lui donner de l'ampleur.

De l'argent changé en crédit

Supposons le système en marche dans la provin­ce de Québec, comme il l'est en Alberta depuis 1938, et voyons un peu comment ça fonctionne.

Je suis un ouvrier. C'est samedi  : mon patron me paie  $30.00 pour la semaine.

Avec ma femme, je projette l'emploi de ces  $30.00. Il faudra verser  $1.00 à l'agent d'assurance qui passe toutes les semaines. Sa compagnie ne fait pas affaire avec les succursales du Trésor. Voici un dollar mis de côté pour lui. En vertu d'une vieille habitude délibérément prise, nous mettons  $2.00 par semaine à la Caisse Populaire.

Voilà donc  $3.00 d'épargne  ; il reste  $27.00.

À verser chaque semaine, pour mon loyer,  $5.00. Mon propriétaire, vieil enragé de la vieille politique et voué jusqu'à la mort à la vocation d'accumuler des piastres comme Séraphin, ne veut pas entendre parler des succursales du Trésor. Voici un  $5.00 pour lui.

Nous prévoyons quelques menus achats qu'il faudra bien faire dans les magasins qui boudent les succursales du Trésor. Admettons  $3.00, c'est plus qu'il en faut.

Cela fait  $11.00 qui ont leur destination assignée en billets de Banco. Il m'en reste 19 à utiliser.

Ma femme ne sera pas du tout embarrassée pour dépenser ces  $19.00  : l'épicier, le boucher, le ma­gasin général, vont les absorber comme l'éponge absorbe l'eau.

Intérêt et patriotisme

Mais il y a dans ma paroisse au moins un épicier, un boucher et un magasin général qui ont signé un engagement avec le Trésorier Provincial. Ils ont promis d'accepter de leurs clients, au même titre que l'argent, du crédit que ces clients peuvent avoir dans les succursales du Trésor. En retour, le Trésorier a donné à ces marchands une marque d'identification qu'ils affichent bien en vue sur leur magasin. Et cela leur vaut de la clientèle, parce que moi, et les autres, nous savons que, si nous achetons dans ces magasins-là et si nous payons en crédits du Trésor au lieu de payer en argent, nous recevrons du Trésor une prime au bout du mois. À prix égaux et à qualité égale, nous allons certainement choisir ces magasins  : c'est notre intérêt.

Nous savons aussi que ces magasins s'approvi­sionnent de préférence chez les manufacturiers qui ont signé le même engagement avec le Trésor. Et nous savons encore que ces manufacturiers-là s'ap­provisionnent préférablement des producteurs de la province, pour pouvoir écouler les crédits avec lesquels ils ont été payés par les marchands, ces crédits du Trésor n'ayant cours que dans la pro­vince.

Voilà donc mon patriotisme d'accord avec mon intérêt propre.

La succursale du Trésor

Mais, pour acheter avec des crédits du Trésor, au lieu d'argent, il faut changer mon argent en crédit du Trésor. C'est ce que je vais faire en por­tant mes dix-neuf dollars à la succursale du Trésor.

Qu'est-ce que c'est qu'une succursale du Trésor  ? C'est quelque chose comme une succursale de ban­que, où l'on reçoit l'argent, où l'on écrit des crédits correspondants dans les comptes des clients, où l'on fait les transferts d'un compte à un autre sur commande des clients. Mais la succursale du Tré­sor, au lieu de dépendre d'une banque à profit, dépend du Trésor provincial et appartient au peu­ple de la province.

Je vais donc à la succursale et je passe mes 19 dollars au caissier. Il les met dans son tiroir et inscrit 19 dollars au crédit de mon compte, dans son livre, et aussi dans le carnet de poche que j'ai sur moi, qui ressemble en tout à un carnet de ban­que (pass-book).

C'est fait  : me voilà avec 19 dollars d'argent de moins dans ma poche et 19 dollars de crédit de plus dans mon compte.

La comptabilité

Qu'est-ce que je vais faire avec ce crédit  ? Exac­tement ce que j'aurais fait avec l'argent. Mon in­tention était de m'en servir pour acheter. Je vais donc acheter. Les Albertains appellent ce crédit "trade-claim", ce qui veut dire "droit aux mar­chandises", pour bien exprimer que ce crédit leur donne droit aux marchandises seulement, et non plus à l'argent. J'ai converti  $19 d'argent en  $19 de droit à des marchandises, parce que je veux des marchandises pour ces  $19.

Ma femme va chez l'épicier  ; elle achète pour  $6.00 d'articles et donne à l'épicier, en paiement, un morceau de papier qui ressemble à un chèque. Sur ce papier est écrit le montant,  $6.00, et ma femme le signe en faveur de l'épicier.

Les Albertains appellent cette sorte de chèque : "transfer voucher" ; nous l'appellerons "certificat de transfert"  ; ou simplement "transfert". La pho­tographie au bas de cette page en représente un, non rempli et non signé.

Avec le boucher, au magasin général, ma femme fera la même chose lorsqu'elle ira faire ses em­plettes. Elle n'est d'ailleurs nullement obligée de tout vider son compte cette semaine ; le compte peut attendre, grossir, tout comme un compte de banque.

Lorsque l'épicier ira déposer ses certificats de transfert à la succursale du Trésor, le comptable diminuera notre compte de  $6.00 et augmentera de  $6.00 le compte de l'épicier.

Le transfert de crédit transporte donc le crédit du payeur au payé, comme un chèque. Mais com­me ce transfert ne transporte pas d'argent et qu'il ne peut pas être employé pour retirer de l'argent, il n'y a pas à mettre de timbre sur le transfert comme sur un chèque.

Je ne perds donc pas un sou en changeant mon argent en crédit. J'achète exactement la même quantité et la même qualité de marchandises.

La prime

Mais, au bout du mois, le comptable, qui a en­registré tous les transferts, sait combien j'ai acheté en tout et payé avec du crédit dans les magasins marqués. Il fait la somme et me donne une prime égale à 2, 3 ou 5 pour cent du montant de mes achats, selon le taux stipulé par le Trésor.

Où prend-il cette prime ? Il ne la prend nulle part. Il ajoute simplement au crédit qui me reste le montant de la prime. Ainsi, si mes achats du mois, payés en crédits, se montent à  $80, et si le taux de la prime est de 2 pour cent, il ajoute  $1.60 à mon compte. J'avais  $10.00 de reste le 31 mars : le 1er avril, j'ai  $11.60. Cela veut dire que j'aurai droit à  $1.60 de plus de marchandises  : c'est ma récompense pour avoir collaboré avec le Trésorier provincial pour développer le commerce, l'industrie et l'agriculture de la province.

Mais, encore une fois, où le Trésorier prend-il cette prime ? Il la crée de toutes pièces. Il aug­mente mon pouvoir d'achat de  $1.60 ; il augmente d'autres pouvoirs d'achat similairement. Il aug­mente tous les pouvoirs d'achat des clients des maisons du Trésor de 2 pour cent de leurs achats du mois, parce que, en faisant leurs achats de cette manière, ils ont contribué à hausser la production de la province d'au moins deux pour cent. C'est la production augmentée qui crée la prime.

Le taux de la prime

Ce taux varie avec l'augmentation de la pro­duction de la province. Il est actuellement de deux pour cent en Alberta, sur tous les produits vendus et payés de cette manière dans la province. Il a déjà été plus fort. En 1940, il atteignait 5 pour cent  ; mais en ce temps-là, la prime ne portait que sur les achats dont au moins la moitié était de la production de la province même  ; tandis qu'aujour­d'hui le 2 pour cent porte sur tous les produits. Le changement est dû aux restrictions de guerre, qui empêchent la production civile locale de prendre tout son essor.

Il est tout à fait logique que le pouvoir d'achat global augmente en proportion de l'augmentation de la production. Cela ne se fait pas dans notre Canada. C'est le gouvernement fédéral qui devrait y voir ; mais il n'y voit pas. La province d'Alberta n'a pas le droit de faire de l'argent pour augmenter le pouvoir d'achat déficitaire ; c'est pourquoi elle a institué un moyen supplémentaire de paiement, reconnu par tous les associés aux maisons du Tré­sor, depuis l'acheteur au marchand de détail, au grossiste, au manufacturier, au producteur primaire. Et ce moyen de paiement achète aussi bien que l'argent, dans les limites de la province.

N'oublions pas de mentionner que le gouverne­ment lui-même accepte ce crédit en paiement des taxes, des amendes et de tout ce qui est dû au gou­vernement.

La prime ressemble assez à la ristourne des coo­pératives, excepté que la ristourne est de l'argent qui a été dépensé par l'acheteur et qui lui revient  ; tandis que la prime n'a pas été dépensée par l'ache­teur, elle lui vient quand même comme cadeau né sous la volonté d'un gouvernement qui veut que le peuple ait droit à sa production. La ristourne des coopératives est prise à même les profits de l'entreprise ; la prime du Trésor albertain est prise à même le progrès de la production dans la province.

Évidemment, les magasins des coopératives en Alberta peuvent très bien signer leur engagement avec le Trésor ; cela ne leur ôte rien et leur donne les mêmes avantages qu'aux magasins privés qui signent. Dans ce cas, les coopérateurs ont leur ris­tourne ordinaire, exactement comme auparavant, et ils ont leur prime du Trésor en plus.

Le cas du consommateur

Si l'on a bien suivi l'explication qui précède, on comprendra que le consommateur n'a rien à perdre et tout à gagner en faisant ses achats par l'inter­médiaire de la comptabilité des maisons du Trésor.

Celui qui a un compte ouvert aux maisons du Trésor n'est nullement obligé d'y apporter tout son argent. Il n'a qu'à prévoir ce qu'il compte dépenser et ne changer que cette somme en crédit.

D'ailleurs les maisons du Trésor acceptent aussi l'argent comme tel, tout comme les banques, au cas où leurs clients préfèrent mettre leurs épargnes là au lieu de les mettre à la banque. Et elles paient un demi pour cent de plus d'intérêt que les ban­ques sur l'argent placé pour au moins six mois, un pour cent de plus sur l'argent placé pour au moins un an.

Pour que les Albertains puissent profiter, en grand nombre, des avantages de ce système, le Trésor a établi des succursales dans tous les grands centres, des sous-succursales dans les localités moins importantes, des agences dans les toutes petites places. Il répond à la demande.

Le cas du marchand

Le marchand ne touche pas de prime sur les pro­duits qu'il achète pour revendre. La prime n'est accordée qu'au consommateur ultime.

Mais le marchand est avantagé en ce sens que l'identification de son magasin comme collabora­teur du Trésor lui attire de la clientèle. Les maga­sins qui n'ont pas pris l'engagement, qui ne veulent pas accepter les transferts de crédit, perdent les clients qui sont intéressés à la prime et aussi ceux qui, sans être bien attachés à la prime, désirent contribuer à la prospérité de la province.

Le marchand détaillant renouvelle ses stocks en achetant des grossistes qui ont signé avec le Tré­sor ; ils écoulent là leur crédit. La liste des gros­sistes et des manufacturiers signataires est fournie par le Trésor à tous les marchands signataires.

Quant aux marchands en gros, ils s'approvision­nent des manufacturiers dont ils ont ainsi la liste, autant que possible. Et les manufacturiers s'appro­visionnent de producteurs signataires autant que possible.

Toutefois, il y a évidemment des articles que les grossistes et les manufacturiers sont obligés de se procurer de non-signataires ou même en dehors de la province. Comment font-ils dans ce cas pour écouler le crédit qu'ils ont reçu de leurs clients en paiement de ces mêmes articles ?

C'est très simple. Les succursales du Trésor leur remplacent ce crédit par l'argent qu'elles ont accu­mulé. Ainsi, lorsque j'ai apporté mon  $19 à la succursale du Trésor, ce  $19 est devenu un fonds à la disposition des maisons du Trésor pour ces cas d'achats à l'extérieur.

En coin gauche: sigle représentant une feuille d'érable avec le texte suivant surperposé : What Alberta makes MAKES Alberta = Ce que l'Alberta fait, fait l'Alberta

Form C 3 Rev. 1-41

Memorandum of Agreement

(MANUFACTURER'S CONTRACT)

Account No.............................

Basic Rate..........................‰

Made this .......................day of   ........................................................ A.D. 19......

Between :

HIS MAJESTY THE KING in the right of the Province of Alberta, represented herein by the Provincial Treasurer

(hereinafter called "THE PROVINCIAL TREASURER")

AND

.................................................................

(Name in full)

Manufacturers of...................................................................

...............................................................

(Address)

in the Province of Alberta, a person, firm or corporation engaged in the business of the manufacture and sale of goods, wares or merchandise to the wholesaler, or direct to the retail trade

(hereinafter called "THE MANUFACTURER")

THE PARTIES HERETO AGREE AS FOLLOWS :

1. The Provincial Treasurer agrees to promote the sale of Alberta trade-marked goods,—

(a) By the payment of a consumers'bonus of five per cent or such other amount as may be fixed from time to time by the Lieutenant Governor in Council, pursuant to Paragraph (b) of Section 3 of The Treasury Branches Act, on purchases by ultimate consumers of Alberta trade-marked goods effected by non-negotiable transfer vouchers.

(b) By making the purchase of Alberta trade-marked goods the basis for the payment of a further consumers'bonus of five per cent or such other amount as may be fixed from time to time by the Lleutenant Governor in Council, pursuant to Paragraph (b) of Section 3 of The Treasury Branches Act, on other goods purchased with non-negotiable transfer vouchers up to the value of the Alberta trade-marked goods purchased.

(c) Through the publicizing of Alberta trade-marked goods by the use of a Provincial trade-mark (fascimile of which is imprinted in this Agreement), for the identification of such goods.

2. The Provincial Treasurer agrees to supply the manufacturer upon request with lists containing names and addresses of wholesale and retall merchants in the Province of Alberta who have agreed to accept non-negotiable transfer vouchers.

3. The Provicial Treasurer agrees to make available to the manufacturer the use of the Provincial trade mark and the services of the Provincial Marketing Board for the identification of the products of the manufacturer during the life of this Agreement. It is understood and agreed that on termination of this Agreement, the manufacturer's right to use the Provincial trade mark In any way shall cease and determine, and that he will refrain from any such or attempted use in connection with his products thereafter.

4. The Provincial Treasurer agrees that the Province, in its purchases of such goods as it may require from time to time will purchase, if available, goods manufactured or processed in Alberta which bear the Provincia ! trade mark, providing that the quality is equal to, and the price of same is comparable with that of similar goods marketed in competition.

5. The Manufacturer agrees that he will open an account in a Branch of the Provincial Treasury and will utilize so far as possible the services of the said Branch,

6. The Manufacturer agrees that he will accept in exchange for goods, non-negotiable transfer vouchers drawn by a purchaser upon the account of the purchaser in a Branch of the Provincial Treasury.

7. The Manufacturer agrees that he will, in proper cases and when requested to do so, issue sales slips or invoices or other satisfactory documentary evidence of a sale of goods, and will endorse thereon, a certificate or notation that the said Manufacturer has accepted in payment for the sald goods non-negotiable transfer vouchers drawn by the purchase on the latter's account in a Treasury Branch.

Ci-dessus : Photographie réduite d'une partie du blanc de contrat que le Trésor passe avec les Manufactu­riers de l'Alberta qui veulent profiter du sys­tème des succursales du Trésor.

Il est clair que, plus la production interne se développe, moins les marchands ont besoin de recourir à la production externe, et les maisons du Trésor voient alors augmenter leurs réserves d'argent.

Le gouvernement met ses services de publicité à la disposition des manufacturiers et des mar­chands participants. Il favorise aussi les achats en gros par les manufacturiers, par l'intermédiaire de son Marketing Board.

Si la province pouvait complètement se suffire à elle-même, tout le commerce entre les habitants de cette province pourrait se faire en crédit pro­vincial de cette sorte, et elle serait complètement libre de la domination du système inadéquat et désordonné que nous avons.

De ce côté, il est remarquable que l'Alberta, dont la production était si peu diversifiée, dont la richesse principale est l'exportation du blé, a quand même pu réaliser à un degré appréciable cette économie provinciale. Le premier résultat a été la naissance et le développement de nombreuses in­dustries domestiques.

La province de Québec, dont la production est beaucoup plus variée, éprouverait beaucoup moins de difficulté, et l'on peut prévoir que les résultats seraient phénoménaux en peu de temps.

Le cas du gouvernement

Il est clair que, plus il y a d'activités de pro­duction et d'échanges dans la province, plus le gouvernement touche de revenus sans même aug­menter le pourcentage des taxes.

C'est ce qui explique sans doute, au moins en partie, que le gouvernement de l'Alberta peut faire tant d'améliorations dans tous les domaines sans établir de taxes nouvelles et sans emprunter un seul sou des banques.

De plus, la prospérité ainsi créée dans la province contente les citoyens, et c'est ce qui explique que le gouvernement élu en 1935 a été réélu en 1940, et encore réélu, à la plus forte majorité de toujours, en 1944.

Nous ne croyons pas nous tromper en disant que, si le gouvernement Duplessis établissait la même chose dans la province de Québec, assez tôt pour que les bienfaits s'en fassent sentir avant le prochain appel au peuple, il n'aurait aucune diffi­culté à obtenir un autre mandat haut la main.

L'agriculture et l'industrie

Il n'y a pas besoin de beaucoup d'imagination pour se représenter ce que signifierait, pour l'agri­culture et l'industrie, un marché domestique ali­menté de pouvoir d'achat ; un marché domestique dont le pouvoir d'achat augmente à mesure que l'agriculteur et l'industriel peuvent fournir des produits au goût du consommateur.

Au lieu de pousser les cultivateurs à hue et à dia, du beurre au fromage puis du fromage au beurre, pour le marché extérieur, c'est surtout la consommation domestique, loin d'être saturée, qui orienterait leur production.

L'exportation ne doit bien venir, rationnelle­ment, que lorsque les consommateurs du pays ont d'abord eu tout ce qu'il leur faut de la production offerte. Le reste seul est surplus. Les surplus ex­portés sont alors le moyen d'obtenir les surplus des autres pays qu'il serait impossible, difficile ou peu recommandable de produire chez nous.

Quelques réflexions finales

L'institution d'un système de succursales du Tré­sor peut se faire graduellement, en commençant par les centres où les esprits sont mieux préparés à fournir leur collaboration. Il en existe de tout prêts dans la province de Québec.

Les enthousiastes de l'achat chez nous et de l'in­dustrie domestique gagneraient à étudier les im­menses possibilités d'un système comme celui que nous venons d'exposer brièvement.

Les revendicateurs de l'autonomie provinciale — et nous en sommes — doivent se demander si ce n'est pas l'autonomie financière qui nous manque pour préserver toutes les autres. Est-ce que ce n'est pas en tirant l'argent des provinces qu'Ottawa est à même de lever son gros bâton sur la tête des provinces  ?

Le mécanisme des maisons du Trésor, dans la mesure où les citoyens lui donnent leur appui, peut devenir éventuellement le système prépondérant d'échanges ; et si Ottawa fait des creux dans la pro­vince, le Trésor peut combler dans la mesure où la province a de la production à offrir à ceux qui l'habitent. Le gros bâton changerait de main. Une province comme la nôtre, riche de ressources natu­relles et d'une population laborieuse et intelligente, n'a pas le droit d'être une province à genoux pour quêter le moyen de vivre.

Louis Even

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