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Une lettre de la Beauce

le mardi, 15 janvier 1946. Dans La vie créditiste

Extraits d'une lettre de M. Cléophas Drouin, de Saint-Benoît Labre (Beauce), datée du 16 décem­bre 1945 :

Qui a perdu l'élection ?

Je rentrais l'autre jour dans un magasin rempli de monde. On y parlait de la grosse majorité de M. Georges-Octave Poulin à l'élection partielle du 21 novembre.

On se tourne vers moi en souriant :

"Ha ! ha ! père Drouin, vous avez encore perdu cet­te fois-ci !"

Et moi de répondre :

"Ce n'est pas du tout le Crédit Social qui a perdu. Le Crédit Social, lui, n'a pas fait perdre un sou à une seule personne. Il a financé son élection lui-même, avec les souscriptions de ceux qui veulent travailler pour le bien commun. Il a fait son élection avec justice et charité, et en respectant la liberté des électeurs. M. Grégoire n'avait que des vérités à dire, et il les a dites. Tandis que c'est de la vérité que les candidats de partis ont le plus peur.

"C'est Georges-Octave Poulin qui a perdu, parce qu'il a fait perdre des centaines de mille piastres à la province pour faire des scandales et des folies, pour se faire suivre par les électeurs partout où il allait, afin que les électeurs ne puissent entendre dire la vérité.

"L'Union Nationale a dépensé des milliers de pias­tres pour charroyer les électeurs, et leur enlever, en les promenant à coups d'argent, la chance de se ren­seigner. Et tout cela avec de l'argent soustrait, d'une manière ou de l'autre, des poches des Canadiens. M. Poulin a acheté les votes avec des cadeaux et des pro­messes de cadeaux, à même les deniers des contribua­bles de toute la province.

"M. Poulin a toujours eu peur de la vérité des créditistes.Il en a eu peur pour le jour du vote, et c'est pourquoi il a mis toutes ses forces en branle pour empêcher l'assermentation. Il se voyait mal pris après toute la corruption de la campagne électorale. Il ne voulait pas que l'on se serve d'une loi pourtant votée par son parti, parce que la situation était trop sale."

Quand on manque de conviction

Un ami me disait quelques jours avant l'élection :

"Pourquoi votes-tu pour le Crédit Social à cette élection-ci ? Ce n'est pas le temps. Moi, je suis crédi­tiste, mais je vote Union Nationale cette fois-ci. J'ai dans ma famille 28 votants qui ont eu des faveurs du candidat Poulin, et je vote avec eux pour avoir le bon accord, parce que ça fait toujours un peu de haine quand on n'est pas du même côté. Mais c'étaient tous des créditistes avant l'élection de la Beauce."

Et moi de répondre à mon ami :

"Mon cher, tu n'as jamais été créditiste ; tu n'as jamais compris le Crédit Social, ni toi ni ta famille, parce qu'un vrai créditiste ne se vend pas pour des faveurs. Tu as voulu agir avec ta famille pour des faveurs d'élection. Tu les as eues, mais tu as travaillé contre l'avenir de tes enfants. Tu encourages la con­tinuation du régime de partis, qui a fait tant de mal dans le passé."

Avec des convictions

Et j'ai dit à mon ami :

"Moi, je vais voter pour le candidat créditiste, parce que je suis créditiste, et je me souviens du passé. Je ne veux pas du retour au passé. Je ne veux pas du retour au passé pour ma famille, parce que je les aime trop. Je veux le bien commun, et ça presse.

"Je me souviens qu'après la guerre de 1914-18, nos gouvernements, qui avaient eu de l'argent par millions pour aider à tuer et à faire tuer, n'avaient pas un sou en temps de paix pour nous sauver de la misère.

"Pendant que notre peuple pleurait et que plusieurs devaient laisser une terre sur laquelle ils avaient tra­vaillé avec tant de peine pendant des années, pendant, qu'ils perdaient tout, faute de crédit et d'argent, nos gouvernants assistaient à des banquets et riaient du peuple.

"Moi, dans cette crise d'argent, j'ai perdu $20,000 par défaut de crédit. Je m'en souviens. Et je me sou­viens des peines et des misères qu'il y avait partout. Et jamais je ne re-voterai pour les clans de politiciens qui se succédaient au pouvoir dans ces années-là.

"La dernière guerre a été plus terrible que la pre­mière. Si on laisse ses suites répéter les suites de la dernière guerre, ce sera terrible. Je ne veux pas être complice de pareil crime."

Un fait de chez nous

Et avant de laisser mon ami, je lui ai raconté un fait, pour lui remettre sous les yeux ce qui se passait dans cette crise de misère dont la conscience de nos politiciens reste chargée.

J'étais un jour de passage dans la paroisse voisine. Je décidai d'aller voir un de mes amis que je n'avais pas revu depuis six années, alors que j'avais assisté à ses noces.

Je frappe donc à la porte de mon ami Joseph. C'est une petite voix qui me répond : "Entrez."

J'entre, et j'aperçois la femme de Joseph près du poêle, avec un bébé dans les bras et trois petits enfants qui pleuraient, debout, près de sa chaise. Je m'avance :

—Bonjour, Madame.

—Bonjour, monsieur.

—Est-ce que Joseph est à l'ouvrage ?

—Joseph est parti pour le bois, parti hier.

—Quel âge a-t-il, ton bébé ?

—Il a 15 jours.

—Quinze jours ? Mais ton mari ne t'a pas déjà laissée seule ?

—Eh oui, il a bien fallu. Et l'on n'a pas d'argent pour engager une servante.

—Qui est-ce qui fait le train de l'étable ?

—C'est moi, monsieur.

—Mais cela n'a pas de bon sens, avec un bébé qui n'a que 15 jours. Pourquoi ton mari est-il parti si vite ? Il devait rester. Tu n'es pas capable de rester seule dans cet état. Pourquoi donc est-il parti ?

—C'est parce que, pour avoir un docteur pour mon accouchement, on n'avait pas d'argent. Pour consentir à venir, le docteur nous a fait promettre qu'on le paierait dans un mois. C'est pour cela que mon mari est parti hier, pour ne pas tromper le docteur. Cela lui prend 15 jours dans le bois, à 50 sous par jour, pour payer le docteur. C'est pour cela que je suis tant dans la misère."

Et la mère de presser son bébé sur son cœur, pen­dant que de grosses larmes coulaient sur ses joues pâles et maigres.

Je n'ai pu retenir mon émotion, et j'ai pleuré avec elle.

Des cas semblables, il y en avait partout. Et c'est pour cela que je suis créditiste. C'est pour que de telles misères soient à jamais bannies de notre beau et grand pays, que je veux y voir établir le Crédit Social.

Cléophas DROUIN


Cette vente de billets... pour la rafle d'une maison

Plusieurs abonnés nous écrivent pour avoir des explications au sujet de billets qu'on leur demande de vendre pour la rafle d'une mai­son. Ils croient que ces billets viennent de nous, parce qu'ils leur sont envoyés sous les auspices du "Crédit Social du Québec, Inc."

Nous l'avons déjà dit dans Vers Demain, et nous le répétons pour les nouveaux abon­nés ou les anciens qui l'auraient oublié : Nous n'avons absolument rien à faire avec cette vente de billets, ni avec l'organisation intitu­lée "Crédit Social du Québec, Inc."

Il s'agit simplement là de l'organisation de quelques ambitieux et jaloux dûment quali­fiés du nom de Pucerons, parce qu'ils font œuvre de parasites. Au lieu de travailler pour le Crédit Social, ils cherchent à détourner les créditistes de l'Union des Électeurs.

Comme tout autre citoyen, un créditiste est parfaitement libre d'acheter tout billet de loterie qu'il désire. Mais lorsqu'il se met à en vendre pour les Pucerons, il doit s'ôter de la tête qu'il aide le Crédit Social. Outre qu'il diminue ses propres chances de gagner la maison en augmentant le nombre de concur­rents, il travaille pour un groupe de saboteurs du mouvement créditiste.

Malgré le nom qu'elle porte, depuis plus de six mois qu'elle existe, cette organisation n'a pas fait le mouvement créditiste avancer d'un pas dans la province. Elle n'a fait que puceronner autour des créditistes de la pro­vince.

La circulaire que nous avons sous les yeux, signée d'Edgar Bouchard, dit que les contri­butions doivent servir à établir des cercles d'études dans les paroisses de la province. Combien de cercles d'étude les Pucerons ont-ils établis de tous ces six mois, et qu'en est-il sorti ?

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