On a habitué les électeurs de la province de Québec à toujours voter contre, voter contre quelqu'un ou voter contre quelque chose, voter surtout contre quelque chose qui est passé. Nie serait-il pas temps que l'électeur vote pour quelque chose ?
En 1921, on criait : Votez contre ce maudit gouvernement d'Union qui nous a imposé la conscription. Et tout Québec a voté contre le gouvernement Borden : on a eu King. Cela ne nous a pas empêchés d'avoir la rafle de nos ressources nationales par les spéculateurs de 1922 à 1929, la crise économique de dix années, une guerre de six ans avec une conscription totale, cette fois-ci par King et ses libéraux.
On va maintenant crier aux Canadiens-français : Votez contre King. Votez contre ce qu'il a fait.
Très bien. Mais la guerre finie, va-t-on se contenter de voter contre la conscription d'ici la prochaine guerre ?
Voter contre un parti, en se donnant à un autre parti : où est la différence ?
Vous abattez King pour avoir Cardin. Mais est-ce que ce n'est pas le même Cardin que le ministre du temps de crise et le ministre de la moitié de la guerre : de la moitié qui nous a donné la bureaucratie, la mobilisation totale, la conscription déguisée et tout ce qu'il fallait, même le OUI au plébiscite, pour afficher la conscription ouverte ?
— Il faut bien choisir, dira-t-on. On prend ce qui nous semble le moins mal.
— Et pourquoi ne pas vous choisir vous-mêmes ? Pourquoi ne pas voter une bonne fois pour les électeurs et non plus pour des partis ? Pourquoi ne pas voter une bonne fois pour des candidats qui ne veulent pas d'autre programme que celui que les électeurs feront avec eux, à mesure que les besoins viendront ?
En qui peut-on avoir plus de confiance qu'en soi-même ?
La question capitale qui se pose pour demain n'est pas : Va-t-on être envoyé en guerre contre l'Allemagne ? Même si cette question se posait par rapport à d'autres ennemis éventuels, les Russes disons, est-ce que la réponse devra venir d'un député de parti, parti ancien ou parti nouveau, ou bien ne devrait-elle pas venir d'un député qui fournirait la réponse de concert avec ses électeurs ?
La question capitale pour demain est plutôt : Que va-t-on faire de l'abondance qu'on ne détruira plus ? Va-t-elle entrer dans nos maisons ou périr sous nos yeux ? Que va-t-on faire des centaines de mille hommes qui ne tueront plus et ne s'acharneront plus à faire sauter des maisons, des routes, des ponts, des chemins de fer, des moyens de transport maritimes ou aérien ? Vont-ils pouvoir travailler pour les besoins quotidiens de l'humanité, et le produit de leur travail va-t-il pouvoir servir l'humanité ?
Les produits canadiens iront-ils aux Canadiens ? Ou bien, faudra-t-il se mettre en quatre pour les forcer chez les étrangers, sans vouloir accepter les leurs en échange ?
Demain, sous la législation du Parlement élu le 11 juin prochain, l'argent continuera-t-il à étrangler les hommes, à paralyser les initiatives, à effacer les talents, à monter les hommes les uns contre les autres, à gérer nos vies, à honorer les voleurs sociaux, à écraser les pauvres et les petits, à provoquer l'exaspération et donner prise au communisme ? Ou bien l'argent va-t-il enfin être dompté et forcé d'accomplir sa fonction ?
Demain, pour avoir le droit de vivre décemment, pour pouvoir nourrir et loger sa famille, faudra-t-il être catalogué, pompé, surveillé et enrégimenté par des commissions du gouvernement ? Ou bien, pourra-t-on jouir à la fois de l'abondance du pays et de la liberté qui convient à des êtres humains ? Aurons-nous un régime d'animaux domestiques, ou bien un régime d'hommes libres ?
Demain, le cerveau de l'homme devra-t-il encore être considéré comme l'ennemi de ses bras et de son estomac ? Aura-t-on encore des hommes mis en pénitence par le progrès ? Ou bien, le progrès sera-t-il l'occasion de loisirs, d'emploi libre de son temps ?
Demain, consolera-t-on encore les victimes que la finance assassine, en leur disant que l'homme, est né pour l'embauchage, pour les travaux forcés ? Ou bien, admettra-t-on que l'homme, relevé par le christianisme et béni par la Providence généreuse, peut concevoir le travail comme une activité librement choisie, dans laquelle il apporte ses aspirations créatives, parce qu'il est fait à l'image du Dieu qui l'a créé ?
Si l'on veut quelque chose de positif, de grand, de libre, d'aéré, il faut cesser de voir la politique en termes de partis ratatinants, et voter pour des idées, pour des idées qui élargissent les horizons, renversent les obstacles, font des hommes libres et maîtres de leurs destinées. Le Crédit Social est une de ces grandes idées-là.
Voter pour des candidats de partis, c'est simplement voter contre d'autres partis. Voter créditiste, voter pour le candidat des électeurs, c'est voter pour le droit garanti à l'abondance, en même temps que pour la complète liberté personnelle. C'est voter pour le libre et plein épanouissement de soi-même et de son pays.
Les créditistes doivent s'ingénier à profiter de tous les moyens à leur disposition pour promouvoir leur cause. Le téléphone est un de ces moyens. Par téléphone, sans sortir de la maison, on peut passer le message créditiste à un grand nombre de personnes, ou les inviter à écouter une causerie à la radio, ou les presser en temps d'élection de voter pour le candidat des électeurs.
Et c'est un plaisir de se servir d'instruments aux mains des monopoles pour faire du Crédit Social.
Le 14 avril des créditistes de Drummondville ont fait 415 téléphones pour demander à des concitoyens d'écouter la causerie créditiste à CKAC le soir. L'effet a été remarquable : le lendemain, au porte-en-porte, les Voltigeurs ont levé 28 abonnements, succès sans précédent dans cette ville.
Le téléphone offre, en particulier, aux femmes créditistes qui ne peuvent facilement laisser leur foyer un magnifique moyen d'aider activement la cause.
La Colombie-Anglaise compte 16 comtés fédéraux ; l'Alberta, 17 ; la Saskatchewan, 21 ; le Manitoba, 17.
Nous savons que l'Alberta aura 17 candidats créditistes pour l'élection du 11 juin. On nous affirme que la Saskatchewan en comptera au moins 8 et le Manitoba au moins 7, et probablement davantage. De la Colombie, nous n'avons aucune idée, mais il y en a déjà de nommés, entre autres J. Allan Reid dans Yale ; nous croyons qu'au moins six autres comtés de cette province auront aussi leurs candidats.
Nous espérons bien que la Saskatchewan va casser le réseau C. C. F. qui l'a couverte aux dernières élections provinciales. Il n'y avait pas de candidats créditistes. à cette occasion.
J. W. Evanishen a été choisi comme candidat créditiste par le comté de North Battleford, en Saskatchewan. Notre
journal Vers Demain compte des lecteurs dans son comté. M. Evanishen a 36 ans. Diplômé de l'École normale de Moose Jaw, il s'est livré à l'enseignement dans les districts rur au x et connaît bien les problèmes des fermiers. Il donne fréquemment des conférences sur le mouvement coopératif. M. Evanishen jouit sûrement de la confiance de ses concitoyens. Il est le président actuel de la caisse populaire de sa localité, Hafford. Les instituteurs du district scolaire de Radisson l'ont élu conseiller, à cause de ses qualités de lutteur. Il ne reste plus aux électeurs de North Battleford qu'à l'envoyer au Parlement, où ces mêmes qualités seront au service de la bonne cause. Aucun créditiste ne peut hésiter à voter pour M. Evanishen.
M. L.-P. Bouchard, notre grand apôtre de l'abonnement, vient de faire une tournée dans le comté de Portneuf. Beaux succès à St-Raymond, Portneuf Village, Portneuf Station, St-Marc-des-Carrières, mais surtout à St-Ubald, où il a eu l'aide de bons amis de la cause : Léon Désilliers, Honoré Gingras, Patrice Germain, Alfred Gingras, Arthur Bédard. Cette modeste paroisse agricole compte maintenant plus de 160 familles abonnées à Vers Demain.
Première assemblée de l'aspirant à la candidature C.C.F. dans le comté de Québec-Montmorency. — Elle fut tenue à Giffard le 28 avril au soir, préparée par la distribution de nombreuses circulaires. On devait entendre un phénomène claironner vigoureusement les droits du peuple. Présents : le maire, qui avait poliment accepté de présider l'assemblée, le gardien de la salle, chargé d'ouvrir la porte, et le candidat lui-même. Et c'est tout.
La C.C.F. n'a pas l'air bien populaire. N'empêche que Radio-Canada accorde sur son réseau français trois fois et demie plus de temps à la C.C.F. qu'au Crédit Social !