D'après Le Temps, organe hebdomadaire de l'Union Nationale, les 21 ministres de M. Duplessis sont tous millionnaires, et multi-millionnaires, s'il vous plaît.
En effet, le numéro du Temps du 14 décembre nous sert ce raisonnement :
Nous croyons que Vers Demain a un tirage moyen de 50,000 par édition. L'abonnement étant de $1.00 par année, nous arrivons à une recette brute de $50,000. Cette somme de $50,000 divisée par trois donne $16,666.66.
Donc M. Grégoire, M. Even et Mlle Côté empochent chacun $16,666 par année.
Appliquant ce raisonnement simpliste au gouvernement provincial, Le Temps devrait écrire :
Nous croyons que la province tire du public, en taxes, une centaine de millions de piastres par année. Si l'on divise cette somme par 21, on trouve près de 5 millions. Donc, chacun des ministres du cabinet Duplessis empoche près de 5 millions de piastres par année.
Le Temps nous objectera que le gouvernement a une province à administrer et que "ça prend toute". Sans doute. Mais est-ce que la direction de Vers Demain n'a pas un journal sans annonces à administrer et un mouvement provincial à faire marcher ? Et ce ne sont pas les ronds-de-cuir de l'Union Nationale qui sont capables de faire autant avec si peu.
Pour nos lecteurs, nous leur rappellerons, s'ils avaient encore des doutes, que ni M. Grégoire ni Mlle Côté n'ont jamais touché un sou des recettes du journal. Quant à M. Even, il en tire juste ce qu'il faut pour faire vivre sa famille — et pas sur le pied des engraissés de la politique. Il y a bien aussi certaines dépenses pour l'imprimeur, pour le personnel du bureau, la correspondance, timbres, papeterie, etc. Pour le reste, c'est le Crédit Social qui en profite, et c'est pourquoi il donne du fil à retorde aux politiciens.
