En réponse à un article de La Gazette, de Montréal, bénissant le rationnement de la viande et exaltant la bureaucratie des secours aux Européens, le R. Père Joseph-S. Ledit, jésuite, écrit :
Une bonne partie des secours destinés à l'Europe pourrait être expédiée par l'entremise des particuliers. Les dons individuels provoquent toujours une plus vive reconnaissance chez les destinataires que les envois officiels. Or, précisément, tous ceux d'entre nous qui ont tenté de faire quelque chose pour des Européens de leur connaissance, ont abandonné leurs démarches en désespoir de cause.
En effet, on nous charge d'abord $2.05 de frais de postes pour un colis de 10 livres à destination de la France, et $2.15 pour un colis de 11 livres. Cela fait bel et bien $410.00 la tonne. Et par-dessus le marché on ne nous donne aucune garantie que notre envoi parviendra à destination. En tout cas, en ce qui me concerne, environ 25 pour cent des colis que j'ai expédiés outre-mer se sont perdus en route.
Par ailleurs, je lis dans un bulletin officiel publié en Suède que le taux de transport des marchandises de Stockholm à New-York est de $8.00 la tonne ! Et je parie que les envois y sont couverts par une assurance !
Il y a tout de même une jolie différence de $410. à $8. la tonne ! Évidemment, les affaires sont les affaires et ceux qui veulent faire la charité à tout prix sont tout simplement des naïfs !
En outre, on nous interdit d'envoyer des colis de plus de 11 livres de poids. Imaginez-vous ! Un colis de 11 livres pour la population de tout un collège, toute une école, de tout un orphelinat ou de toute une communauté religieuse. C'est ridicule ! Et pourtant, vous ne sauriez croire combien ceux qui reçoivent ces cadeaux vraiment insignifiants sont heureux et reconnaissants !
J'ai déjà reçu 70 lettres de remerciements, venant de presque toutes les villes de France, et j'en attends encore plus, si mes colis n'ont pas été dévalisés en cours de route. Or, dans toutes ces lettres, mes correspondants louent la charité des Canadiens, et admirent le fait que ceux-ci se soient souvenus de leurs amis français dans la souffrance. Autant dire que chacun de ces petits colis est devenu un véritable ambassadeur de l'amitié canadienne en France.
Et cependant, on ne nous permet pas d'y envoyer de vêtements. Seulement des vêtements usagés ! Si, par exemple, nous avons une bonne pièce d'étoffe, il faut que nous la découpions, que nous en fassions tirer des vêtements, que nous les fassions porter par quelqu'un et lorsqu'ils seront dûment salis et froissés, alors nous pouvons les expédier en France !
Naturellement, on nous demande de croire dur comme fer que ces vêtements ainsi taillés à distance feront comme un gant aux personnes à qui nous les envoyons ! Évidemment, dans la pauvreté, on ne regarde pas à la coupe du vêtement qui est donné. C'est sans doute là ce qu'on veut enseigner aux Français !
En tout cas, ceux-ci nous écrivent et réclament des chaussures. Très bien ! mais il faut d'abord que quelqu'un les use ici, au Canada, avant que nous les envoyions outre-mer !
Évidemment, les brillants cerveaux qui ont dressé le casse-tête chinois des règlements postaux avaient certainement des motifs pour agir comme ils l'ont fait ! Mais, le public ne les voit pas, ces raisons, et il commence à en avoir par-dessus la tête de ces chinoiseries ! Vous refuseriez d'imprimer certains commentaires que j'ai entendus là-dessus.
La charité n'est-elle possible que lorsqu'elle a été soigneusement enveloppée dans des formules remplies par des fonctionnaires qui retirent leurs salaires du public et donnent le nom de charité à leur travail ?
Je soumets donc que toute cette histoire de secours aux Européens soit de nouveau mise à l'étude et confiée à des hommes qui ont dans la poitrine un cœur bien vivant et non pas un signe de dollar ou un texte de règlement !
Joseph-H. LEDIT
CALENDRIER 1946
Notre calendrier 1946 sera de la même grondeur et de la même bonne qualité de papier que celui de 1945.
Cette année, nous avons pris comme sujet de gravure l'apparition de Notre-Dame à Fatima, Portugal. C'est la reproduction photographiée d'un magnifique tableau dessiné par une Sœur de l'Immaculée-Conception, en conformité avec le récit de la célèbre apparition de 1917.
Ce calendrier sera prêt vers le 15 novembre. Ceux qui le désirent feront bien de placer leur commande tout de suite, parce que le nombre est limité. Prix du calendrier : 50 sous.