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À Londres comme chez nous

le mercredi, 01 décembre 1943. Dans La politique

La lettre hebdomadaire de Londres, publiée dans le Progrès du Golfe du 12 novembre, rappelle qu'à Londres, nombre de familles sont sans mai­sons et doivent loger au petit bonheur ou se tasser avec d'autres familles.

La solution serait évidemment de reconstruire. Mais, là, comme ici, il y a tout un dédale de lois, de règlements, de permis, et à peine une personne sur mille peut s'y reconnaître.

Puis, dans un monde de vitesse, il est une chose extrêmement lente ; on l'appelle bureaucratie. Or rien ne se fait plus sans passer par la bureaucra­tie.

La lettre parle d'un petit scandale qui pourrait bien devenir grand, mais qui va surtout prendre du temps à disparaître :

Le conseil du comté de Londres possède plu­sieurs maisons à plusieurs logements destinés aux ouvriers à petits salaires. Or, on a constaté que des familles à revenus élevés habitent ces maisons, alors que des petits salariés sont sans logement.

Ça se parle de plus en plus, comme on dit. Et le conseil fait la sourde oreille aussi longtemps que possible. Si la pression du peuple se fait sentir trop forte, le conseil nommera un comité pour faire en­quête sur une chose que le conseil connaît très bien depuis longtemps.

On verra à ce que l'enquête traîne en longueur. Mais le rapport viendra tout de même un jour ou l'autre.

Une fois le rapport déposé, si l'on soupçonne que quelque personne occupe l'un de ces logements sans y avoir droit, il faudra passer le cas en cour, et cela ne se fera pas en vingt-quatre heures.

Si la décision de la Cour condamne l'occupant, vu qu'il s'agit d'une personne en moyen, le juge lui accordera un tel délai pour se trouver un autre logement que l'heureux locataire n'aura pas à s'in­quiéter. Les inquiétudes, là-bas comme ici, sont réservées aux pauvres.

La même lettre dit que les améliorations sont attendues, parce que le ministère de la santé a pro­mis, mais depuis longtemps déjà, de construire des maisons. Oh ! les belles entreprises d'État !

De fait, des discussions eurent lieu. Après les discussions, des plans furent préparés.

Mais un groupe approuvait les plans, d'autres groupes les rejetaient.

Nouveaux plans faits par les deuxièmes grou­pes. Le premier groupe les rejette à son tour.

Consultations d'architectes et de constructeurs. Nouvelles discussions.

Enfin, les plans sont acceptés. On jette les fon­dements. On dresse les murs. Vient le toit. Puis les meubles. Et des locataires, aussi joyeux que sur­pris de l'accomplissement d'une promesse de mi­nistre, occupent les lieux.

Et savez-vous combien de maisons sont sorties du sol après toutes ces dépenses d'énergies céré­brales ? Tout un quartier de ville, croirez-vous ?

Rappelez-vous le vieux vers :

"La montagne en travail enfante une souris."

Eh bien, après une gestation de plusieurs lunes, le ministre britannique de la Santé vient d'enfan­ter DEUX maisons !

Chômage ou loisirs ?

Aux États-Unis, il y avait 9 millions de chô­meurs en 1940. Si la guerre finissait en 1946 et si la production américaine retournait au niveau de 1940, ce n'est plus 9 millions, mais 19 millions et demi de chômeurs qu'il y aurait aux États-Unis.

Pourquoi ? Parce que la population des travail­leurs aura augmenté de 2 millions, et surtout parce que les progrès de la technologie donneraient la même production en mettant à la porte 8 autres millions d'ouvriers, à part des 9 millions dont elle se passait déjà.

Pendant la guerre, les progrès technologiques ont été énormes, mais on ne s'en est pas aperçu, parce que la production de guerre absorbe tout. Une fois la guerre terminée, on sera surpris des im­menses possibilités nouvelles de la machine et de la science appliquée pour la production de biens utiles.

L'emploi a augmenté de 45 pour cent et la pro­duction a augmenté de 75 pour cent. Autrement dit, dès qu'on augmente le personnel salarié de 9 pour cent, la production augmente de 15 pour cent.

Lorsqu'on donne la production, comme en temps de guerre par la distribution gratuite de bombes et d'obus, ça tient. Mais en temps de paix, si l'on ne veut pas faire de cadeaux, si l'on ne veut pas donner de dividendes, qu'est-ce qu'on va faire de la production augmentant plus vite que l'emploi ?

Aura-t-on le chômage avec la misère ; ou aura-t-on des loisirs avec des dividendes pour acheter la production motorisée ?

Remarque remarquable

Le major Douglas, l'initiateur du Crédit Social, n'est pas un catholique, mais sa philosophie éco­nomique est bien plus catholique que celle de beau­coup des nôtres qui s'obstinent à vouloir mener l'homme par l'argent.

Le Social Crediter est l'organe du Social Credit Secretariat du Major Douglas. Dans son édition du 23 octobre, nous relevons la réflexion suivante :

"Les églises officielles anglaises et écossaises, avec leurs complaisances vis-à-vis du socia­lisme et des autres institutions monopolisa­trices, ne font pas seulement le jeu du démon ; elles rendent certaine leur propre élimination finale et complète. L'Église catholique et ro­maine ne commet point une telle erreur. Sa théorie sociale est définitivement anti-mono­polistique. Les seuls commentaires de source religieuse, depuis cinquante ans, qui méritent quelque attention sérieuse sont ceux qui ont émané du Vatican."

Tirages interdits

La simple annonce, dans VERS DEMAIN, du tirage d'un drapeau créditiste, puis d'une prime de $25.00, a causé de l'émoi au département du pro­cureur-général, sans doute mis au courant par quelques bonnes âmes plus attentives à entraver le mouvement créditiste qu'à faire leur propre sa­lut.

Mais, beaucoup plus complaisants qu'à l'occa­sion de la distribution de circulaires l'an dernier, les gardiens de la loi ont pris la peine de nous pré­venir avant l'accomplissement du forfait.

On nous fait remarquer que la loi des loteries n'est pas des plus précises et qu'on peut parfois dis­cuter de son application à tel ou tel cas. Pour notre tirage, il n'y avait aucune vente de billets. Mais, pour éviter toute dépense à l'administration de la justice et toute perte de temps aux directeurs du mouvement, nous avons simplement contremandé tout tirage de primes. La loi qui défend les tirages, doit bien, après tout, viser à la protection du bien commun, tout comme la loi qui permet aux banques d'augmenter ou de diminuer l'argent du pays à leur gré.

Mais le Crédit Social va marcher quand même. Tous ceux qui ont en main les demi-coupons numérotés, distribués en vue du tirage des primes, voudront bien s'en servir comme si c'étaient des coupons entiers et les appliquer au choix des ar­ticles annoncés ci-dessous, sous le titre COU­PONS ROSES.

Savent-ils ce qu'ils font ?

Qui ? Les bureaucrates. Il leur arrive sûrement de ne pas savoir ce qu'ils demandent.

Un exemple, pris aux États-Unis :

La Commission Maritime demanda récemment à 48 firmes de transport de remplir un question­naire couvrant chaque transaction faite par eux en trois périodes de deux mois : janvier-février 1940, juin-juillet 1941, novembre-décembre 1942.

Le questionnaire pour chaque transaction con­tient un minimum de 88 questions. Et il faut ren­voyer ces formules dûment remplies à la Commission dans l'espace de 30 jours.

L'une de ces firmes opère une moyenne de 500 transactions par semaine. Cela lui donne un mi­nimum de 1,444,000 questions différentes à répon­dre.

En faisant les réponses à la vitesse de 5 par mi­nute, 300 par heure, 2,400 par journée de huit heu­res (malgré l'abrutissement de cette besogne), ça prendrait 600 journées d'ouvrage, soit deux années, à une tête solide pour remplir les questionnaires au nom de cette compagnie. Où en sera-t-on avec les Japonais en ce temps-là ?

Plusieurs compagnies ont répondu à la commis­sion que, quand même elles emploieraient tout leur personnel, plein temps, à répondre aux question­naires, il serait impossible d'en finir dans 30 jours.

Conclusion : Une fois la guerre terminée, de­mander le maintien et la multiplication des com­missions de paperassiers, pour occuper le monde et empêcher le chômage.

District choyé entre tous

Au cours du mois de mars dernier, la Commis­sion du Commerce et des Prix intenta 619 pour­suites pour infractions à ses règlements.

Sur ces 619 poursuites prises au Canada, 580 le furent dans la province de Québec.

Et sur ces 580, le district de Québec eut l'hon­neur d'en compter 480.

Cela veut-il dire que la population de notre province, particulièrement celle du district de Québec, méprise plus que le reste du pays les rè­glements de Donald Gordon ?

Ou, cela veut-il dire que la police des bureau­crates d'Ottawa affectionne particulièrement le district de Québec ?

Ou est-ce parce que l'on y a établi un système de mouchardage plus parfait qu'ailleurs ?

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