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Bonnes lois et mauvaises lois

le mardi, 15 janvier 1946. Dans Réflexions

"Une loi pour le lion,

Pour l'agneau l'oppression."

(Wm. Blake)

Une loi ne tient pas si elle n'a pas de sanctions pour l'appuyer et pour punir ses transgresseurs. Les sanctions sont de deux sortes :

    1) La sanction publique. La sanction publique est l'appui que les citoyens honnêtes et amis de l'ordre donnent à toute bonne loi.

    2) La sanction policière. La sanction policière est la mise en vigueur de la loi par la force de la police, qu'il s'agisse d'une bonne loi ou d'une mauvaise loi.

Toute bonne loi a derrière elle la pleine sanction du public. Elle est rarement violée, et lorsqu'elle l'est, c'est par un nombre relativement restreint de gens. Une bonne loi n'a besoin que d'un mini­mum de force policière pour la faire respecter.

La mauvaise loi est celle que la grande majorité de la collectivité considère comme non nécessaire ou indésirable. Les gens n'ont aucun respect pour les mauvaises lois et n'hésitent pas à les transgres­ser. La mauvaise loi nécessite un maximum de for­ce policière pour sa mise en vigueur.

*    *    *

Lorsqu'un officier du gouvernement s'interpose entre l'offre et la demande, il résiste à une loi na­turelle (la loi de l'offre et de la demande). Lors­qu'un gouvernement s'interpose entre les gens qui veulent des produits ou des services et ceux qui peuvent fournir les produits et services, ce gou­vernement peut s'attendre à des difficultés. On n'en manque pas d'exemples aujourd'hui, et il n'est pas surprenant que le mépris de mesures généralement mal vues va jusqu'à l'organisation pour se passer de coupons dans le commerce de la viande, et autres violations semblables.

La résistance est si considérable et si généralisée qu'on peut se poser la question :

Qui est le plus grand transgresseur de la Loi et de l'Ordre — ceux qui font de mauvaises lois ou ceux qui les violent ?

Ce n'est le secret de personne que le marché noir est florissant ; et si la surveillance de la police devait s'étendre pour couvrir tous les champs où pénètre le commerce dit "illicite", peu de maisons seraient à l'abri des intrusions de la Gestapo.

Tout gouvernement qui ignore délibérément le malaise et le ressentiment croissants dans la société sous son contrôle, se fait délibérément le promoteur du mépris de la loi.

Tout gouvernement qui s'aliène le peuple (d'où il tire son pouvoir), en maintenant des lois dépour­vues de la sanction publique, ne peut espérer sur­vivre.

Les Canadiens sont un peuple très raisonnable, comme en fait foi la manière dont ils ont supporté, avec patience, toutes sortes de privations, de res­trictions et d'embêtements bureaucratiques, pen­dant la période de guerre. Mais ils ne sont pas des fous. Et s'ils admettent la gravité des problèmes qui confrontent le gouvernement, il est clair qu'ils désirent maintenant, et attendent, une sage abo­lition des restrictions et une diminution des inter­ventions dans la loi de l'offre et de la demande.

Pour quiconque connaît les profondes aspira­tions des Canadiens vers l'expression libre de l'ini­tiative personnelle, il n'est pas difficile de prévoir tout ce qui peut arriver si le gouvernement insiste sur une politique d'enrégimentation et d'expansion de la bureaucratie à l'avenir.

Le meilleur moyen de détruire la loi et l'ordre, c'est de développer le mépris de la loi, et le plus sûr moyen de le faire, c'est d'essayer de mettre en vigueur des lois dépourvues de la sanction publi­que.

"Aucun peuple n'est devenu grand en multipli­ant les lois."

J. N. KIDMAN (Australien)

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