Les élections fédérales ne viendront pas avant le mois de juin. Mais déjà des politiciens jettent leurs ficelles.
Nous lisions récemment une circulaire envoyée par un monsieur de Québec à des électeurs du comté de Lotbinière, leur suggérant d'organiser une requête pour prier ce monsieur de Québec de se présenter dans Lotbinière.
Contrairement aux méthodes des saints, le soupirant de Québec étale toute ses qualités, même un séjour en Europe où il a appris ce qui convient aux Canadiens, même son ardent désir (auquel personne ne s'est jamais opposé) de se fixer dans le comté de Lotbinière.
Monsieur est indépendant, dit-il. Et par là, il précise qu'il prend ses instructions de M. Dorion qui organise les "indépendants" avec des fonds pris où ?
Nos créditistes se dispenseront évidemment de mordre à ces hameçons. Les créditistes sont citoyens actifs en tout temps, pas seulement en campagne électorale. Ils ont de quoi s'occuper en tout temps, sans se laisser distraire par des bourdons que seule la soif des honneurs ou de l'argent fait remuer.
Que fait le monsieur de Québec en question, toutes ces années-ci, pour hausser le niveau politique de ceux qui l'intéressent tout d'un coup, à la veille d'une élection ?
Lorsque viendra le temps d'un appel au peuple, les créditistes continueront dans la ligne de leur objectif. Ils n'écouteront nullement ceux qui s'en viennent à eux avec des couleurs plus ou moins camouflées, avec des programmes tout faits. Ils n'accepteront que des candidats prêts à prendre leur programme du peuple lui-même. Ils ne pourront donner leur pleine confiance qu'à des hommes de leurs rangs, bien habitués à la formule de l'Union Créditiste des Électeurs.
Mais les créditistes n'ont point l'air de se mettre en frais pour préparer une élection ? Non, parce qu'ils ne sont pas un parti politique. Le peuple aura à choisir entre voter pour des candidats à lui, sans énervement, ou continuer de voter pour des candidats d'organisations de partis, dans le sens du courant qui semble devoir l'emporter.
Monter une caisse, exciter la foule, ne nous intéresse pas du tout. Des élections gagnées de cette manière ne sont qu'une exploitation malsaine, dont il est présomptueux d'attendre quelque chose de véritablement sain.
Mais instruire des électeurs, les organiser pour toute action politique autour d'aspirations communes dont ils sont devenus conscients, qu'il s'agisse d'action électorale en temps d'élection, ou d'action de pression en tout temps, voilà qui, croyons-nous, mérite nos plus grands efforts. Et nous n'avons pas de temps à perdre en dehors de cela.
Le jour où une partie suffisamment forte du peuple sera assez renseignée et organisée pour que les manipulateurs de foules perdent leur temps, leur argent, leur boisson, leur chantage et leurs énergies, ce jour-là consacrera une victoire féconde et durable.
Les créditistes auront certainement leur rôle à jouer dans la prochaine lutte électorale, au moins dans les comtés où ils se sentiront la force de l'assumer, et ce rôle dépendra pour son efficacité d'eux-mêmes et des efforts qu'ils font tous les jours pour semer la lumière, établir des convictions et former des volontés.
