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Esclaves à libérer

le lundi, 01 novembre 1943. Dans La politique

Des hommes qui savent, mais condamnés à se taire. Des grands bâillonnés. Y en a-t-il au Canada ?

Ces hommes de lumière, ces parcheminés, n'ont pas tout à fait la bouche close ; ils parlent ; on les entend ; ils dénoncent même bien des désordres avec éloquence.

Oui, mais avez-vous remarqué leur discrétion, leur mutisme général sur un point capital ? Ils ne manquent pas de verbe pour flétrir des victimes, même des contremaîtres de victimes ; mais ils ne vont pas jusqu'au grand coupable. Ils condamnent les effets et respectent la cause. Leur position les y oblige ipso facto.

Le directeur d'une faculté d'une de nos universités nous disait un jour : Il me serait bien agréable de prendre publiquement position pour le Crédit Social ; mais je serais révoqué dans les huit jours et ma place irait à un de vos adversaires.

Que son silence soit recommandable dans les circonstances, c'est possible. Mais ce savant est-il vraiment libre ?

* * *

Des hommes qui se battent entre eux, au lieu de s'unir contre l'ennemi commun, cela existe-t-il au Canada ? Mais c'est la politique courante.

Eux ne sont pas bâillonnés ; plus ils crient, plus l'ennemi est en sécurité, puisqu'ils se contentent de crier l'un contre l'au­tre.

Eux ne voient pas clair. Et pour qu'ils ne voient pas clair, c'est bien simple : on leur place sur les yeux un bandeau qu'ils af­fectionnent, qu'ils vénèrent presque à l'égal d'un huitième sacre­ment — le bandeau du parti politique.

Leur cas est toutefois plus facile à résoudre que le cas des premiers, parce qu'ils n'ont pas grand'chose à perdre. Et si l'on peut seulement faire tomber le bandeau, on aura deux patriotes, plus libres et plus ardents que les bourgeois couronnés.

* * *

Des membres du Parlement qui ne font rien, immobiles com­me les simulacres de l'In exitu (Psaume 113, versets 13-15), y en a-t-il au Canada ?

Y en a-t-il qui sont liés par leur parti ; liés par la peur de perdre l'appui de la caisse électorale ; liés par l'espoir d'un avan­cement dans la politique ; liés par le $3,000 à Québec ou par le $4,000 à Ottawa ; liés par les en-marges de contrats et de positions dont ils secondent la demande ; liés par les honneurs attachés au titre de député ?

Y en a-t-il au Canada ? Mais, presque autant que de sièges non vacants dans nos chambres législatives.

Avouons qu'il faudrait des âmes fortes pour briser tant de chaînes. Aussi, le meilleur vœu à former pour eux, sous le régime, c'est une bienheureuse défaite électorale qui les changerait d'at­mosphère.

Quoi qu'en puissent penser ces grands bâillonnés, ces aveu­gles belliqueux et ces députés en menottes, l'Union des Électeurs sera leur plus grande bienfaitrice : c'est elle qui culbutera la ma­chine qui façonne bâillon, bandeaux et chaînes.

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