Aux termes de l'entente de Moscou, l'Italie devra bannir toute institution fasciste et toute propagande fasciste de son territoire. Elle devra laisser pleine liberté d'organisation aux groupes non-fascistes.
Et le communisme, lui, l'aîné des régimes totalitaires, devra-t-on lui laisser, sous la protection des Alliés, toute liberté de se propager, de s'organiser et de prendre les rênes au pays des Papes ?
Pour battre l'Allemagne vite et bien, il existe des commissions à Ottawa, tout comme il en existe à Washington.
Et vous pouvez être sûrs que, dans ces commissions, le devoir patriotique prime tout.
Voici une lettre qui prouve qu'on n'y perd pas son temps pour délivrer le monde de la tyrannie et sauvegarder les libertés de quarante nations :
(Restrictions)
Ordre, 1942, S. R. & ; 0., 1942, No 541
Je réfère à votre lettre datée du 1er mars, dans laquelle vous demandez une licence pour permettre la confection d'un complet ayant plus de poches que n'en accordent les instructions de l'Ordre ci-dessus mentionné.
Votre lettre remarque que vous n'avez pas besoin de plus de deux poches à votre pantalon, mais que vous aimeriez, à la place, avoir une poche supplémentaire au veston.
Je dois vous dire que la Commission n'est pas disposée à considérer l'abandon d'une poche dans une pièce du vêtement comme une raison suffisante pour accorder une poche supplémentaire dans une autre pièce, puisque les restrictions sont imposées sur chaque pièce individuellement et non sur le complet pris dans son ensemble.
La Commission se rend compte, cependant, que certaines circonstances peuvent nécessiter une variation dans les restrictions. Si donc vous voulez nous dire pourquoi vous ne pouvez utiliser la troisième poche du pantalon (et il n'est pas du tout nécessaire que cette troisième poche soit placée sur la hanche, les restrictions visant le nombre de poches et non pas leur position dans chaque partie du vêtement), et pourquoi il est nécessaire que votre veston ait une poche supplémentaire, on prendra en sérieuse considération l'opportunité de l'émission d'une licence. Vous nous aideriez beaucoup dans l'examen de ce cas, si vous nous disiez exactement quel usage vous voulez faire de la poche supplémentaire au gilet ou au veston.
Quant à la petite subdivision que vous demandez dans la poche droite du veston, je dois vous dire que cette subdivision n'est pas considérée comme une nouvelle poche et que vous n'avez donc pas besoin de licence pour la faire.
Vous voudrez bien nous donner aussi le nom et l'adresse de votre tailleur, afin que, si la licence est accordée, il en reçoive une copie".
(Traduit du World Digest, juillet 1943)
Avec des hommes aussi consciencieux et aussi occupés, la victoire sur l'ennemi est assurée.
Comme tous les ans, l'Association du Barreau Canadien tint sa convention cet été.
À cette occasion, cette année, une résolution fut proposée pour appuyer le système bancaire actuel et exprimer l'opinion que la Loi des Banques avait bien servi les intérêts du peuple.
Les banques auraient fort apprécié ce certificat. C'est en 1944, on le sait, que la loi des banques doit revenir devant le parlement canadien.
Le sénateur J.-T. Haig, de Winnipeg, soutint la résolution, disant que les membres de l'Association du Barreau seraient "endormis à l'aiguillage", s'ils négligeaient d'appuyer la résolution, parce qu'il s'agissait d'une "question fondamentale".
Les congressistes jugèrent évidemment eux aussi qu'il s'agissait d'une question fondamentale, et comme ils n'étaient point endormis, ils repoussèrent rapidement la proposition.
Comme quoi, même dans les cercles légaux, on commence à douter fortement de la sainteté, voire de la sanité du système financier actuel.
Les grands journaux n'ont point signalé le fait. Si la résolution avait été adoptée, tout le pays l'aurait su, et c'eût été un fleuve d'éloges à la gloire des banques. Mais la résolution ayant été repoussée et les banques essuyant une défaite, le silence a été complet.
Le journal communiste de Montréal, La Victoire, dans son édition du 13 novembre, reproduit le récent discours de Staline, à l'occasion du 26e anniversaire de la révolution bolchéviste, et le coiffe de ce titre :
"L'annihilation des brutes fascistes reste à l'ordre du jour pour les Soviets".
Tant qu'à parler de brutes en istes, pourquoi ne pas nous dire aussi un mot des brutes communistes et des moyens prévus pour les annihiler ?
Évidemment, La Victoire n'a jamais eu connaissance de brutes communistes. Le soviétisme a été établi et maintenu par des anges de douceur.
Les petites exécutions de millions de récalcitrants ne furent, de la part du dictateur du Kremlin, qu'un noviciat pour s'entraîner à purger l'Europe de la bête "fasciste" avec laquelle il eut cependant l'habileté de s'entendre pour dépecer la Pologne en 1939.
Pour nous féliciter d'avoir serré la main pure et blanche du grand homme de Moscou, La Victoire nous assure que, selon Staline, "la politique russe demeure inchangée".
S'il s'agit de la politique russe poursuivie depuis vingt-cinq ans, ce n'est pas très réconfortant.
Mais, à ceux qui ne sont pas encore tombés en amour avec le communisme, le maréchal Staline, en bon propagandiste, a soin de souligner que, si l'armée russe n'a pas manqué de provisions alimentaires, c'est grâce aux fermes collectives du régime soviétique. C'est par pure chance, n'est-ce pas, que,sans fermes collectives, nos démocraties ont pu alimenter leurs propres armées et en trouver de reste pour des pays d'Europe et d'Asie et pour la Russie elle-même.
"La présente guerre, déclare Staline, a confirmé que le combat est la pierre de touche de toutes les qualités morales et spirituelles d'un peuple". Nous voilà sûrement loin de la brute ! La conclusion logique, c'est que le peuple dont les canons tonnent le plus fort et le plus juste est le peuple le plus moral et le plus spirituel.
"Le test de la guerre, continue-t-il, a démontré que le Socialisme est non seulement la meilleure forme d'organisation de la structure économique et culturelle dans les années de paix, mais aussi la meilleure forme pour mobiliser toutes les énergies d'un peuple pour repousser l'ennemi en temps de guerre. Les années de régime socialiste ont transformé notre pays en une puissance invincible".
Nous, les arriérés du Canada et des autres démocraties, quand donc allons-nous ouvrir les yeux à la belle lumière communiste ?
Malheureusement, ni Staline ni La Victoire n'ont pensé à nous dire comment, sans soviétisme, la Russie de 1812 réussit à mettre un terme aux succès militaires de Napoléon.