On pourrait en écrire long sur le désordre du système qui permet au banquier de prélever un intérêt sur l'argent à sa naissance.
L'absurdité de cette pratique sauterait aux yeux, si le banquier prêtait à longue échéance, dans les mêmes conditions, au lieu de la répétition ou de la rénovation des prêts à brève échéance.
On sait, en effet, que le banquier commence par garder l'intérêt sur son prêt.
À l'emprunteur qui obtient un prêt de $1,000 pour un an, à 5 pour cent, le banquier inscrit un crédit de $950, gardant immédiatement pour la banque les $50 d'intérêt. L'emprunteur dispose de $950 pour son usage et signe un billet de $1,000 payable à la banque dans l'espace d'une année.
Si le banquier prêtait $1,000 pour vingt ans, par cette méthode, il pourrait garder immédiatement tout l'intérêt, qui serait de $1,000 (pour vingt années). Il resterait zéro pour l'emprunteur ; et l'emprunteur, sans obtenir un seul sou, devrait quand même signer un billet de $1,000 payable au banquier dans l'espace de vingt ans.
On voit l'absurde de cette pratique. Elle n'est pas moins absurde lorsque, au lieu d'une grosse monstruosité, on a affaire à une série de monstruosités moindres, mais dont le total égale ou surpasse la grosse.
Cela explique l'existence d'une dette dont le total dépasse plusieurs fois le total de l'argent en existence.