Nous venons de sortir d'une guerre affreuse, pour la défense de la liberté des peuples, pour la souveraineté des nations, même des plus petites. Nous avons gagné la guerre, nous dit-on. Est-ce à dire que toutes les nations auront leur liberté, leur indépendance politique et économique ?
Selon une dépêche de la Presse Canadienne, du 26 juin dernier, le parti travailliste d'Angleterre vient de publier un projet de formation d'"États Unis Socialistes d'Europe", abolissant les souverainetés nationales, les armées nationales et les douanes.
Abolir les souverainetés nationales, centraliser tous les pays d'Europe sous un même gouvernement, n'est-ce pas justement ce que nous avons combattu pendant les cinq années de guerre ?
Lorsque Hitler a entrepris de conquérir les pays voisins pour les asservir sous un seul gouvernement, le sien, on a crié : Au crime ! On a mobilisé l'univers contre lui, on a pris les armes, on a consenti à faire de l'Europe une mer de feu et de sang, pendant cinq longues années afin d'exterminer cet ennemi mortel, ravisseur de liberté.
Mais, à peine achève-t-on de célébrer la victoire des armes contre cet ennemi, que, dans le camp même des vainqueurs, en Angleterre, s'élèvent des voix socialistes qui réclament exactement la même chose que voulait Hitler : l'abolition des souverainetés, la centralisation européenne. Et non seulement on ne leur fait pas la guerre, mais on reproduit complaisamment leurs paroles, on trouve cela tout à fait normal et on s'incline en disant :
Que voulez-vous ? Ce sont les idées de gauche qui gagnent du terrain.
Cela prouve simplement que ce n'est pas surtout avec des canons, des bombes, des forces matérielles qu'on combat des idées. C'est avec d'autres idées contraires.
Et le socialisme, la centralisation sont des idées. Ce sont même deux idées à peu près semblables. Il n'y a pas de socialisme sans centralisation ; et la centralisation conduit infailliblement au socialisme. Les deux abolissent la liberté des personnes et des peuples. Les deux tendent à enlever des pouvoirs aux individus, aux institutions privées et aux nations pour les donner à un gouvernement international.
Centraliser les pouvoirs, uniformiser le monde, restreindre la liberté, c'est du socialisme. Voilà le véritable ennemi à combattre, par tous ceux qui aiment la liberté.
Et cet ennemi, il est infiltré partout, dans tous les pays d'Europe, dans tous les pays d'Amérique, jusque dans notre beau Canada.
Tout le monde connaît le parti CCF, qui existe justement pour la diffusion du socialisme au Canada. Ce qu'il prêche ? L'étatisation, la main-mise graduelle de l'État sur l'industrie, le commerce, le transport. Le CCF, c'est le carcan d'État imposé à tous les moyens de production et de distribution. C'est l'esclavage des citoyens envers leur gouvernement. C'est une chose odieuse et tyrannique, absolument opposée à l'épanouissement des personnes humaines, douées de volonté libre. C'est l'abrutissement des humains, leur changement en bêtes de somme.
Tout le monde craint un pareil ennemi, sans doute. Pourtant, cet ennemi, le CCF, progresse à vue d'œil, sans cacher ses intentions malicieuses.
Il y a même un groupe de gens qui trouvent que le CCF ne va pas assez vite dans la voie de la socialisation. Ce sont les communistes. Ils réclament l'abolition complète de la propriété. Et, tout le monde sait qu'ils ont gagné des adhérents à la faveur de la guerre.
Mais, pour juger de la menace du socialisme, il ne faut pas seulement regarder le nombre de personnes qui adhèrent à la CCF ou au parti communiste. L'ennemi tueur de liberté a pénétré jusque dans nos lois, jusque dans notre gouvernement, qui se dit pourtant libéral.
Les restrictions de guerre, le rationnement furent une semence de socialisme. Ils ont donné au gouvernement fédéral des pouvoirs extraordinaires. Ils ont mis des chaînes aux pieds et aux mains des individus. Ils ont fait les citoyens beaucoup plus esclaves de l'État qu'ils n'étaient auparavant.
Puis, le Service Sélectif est un exemple encore plus frappant de centralisation des pouvoirs. Par le Service Sélectif, le gouvernement s'est arrogé le pouvoir de dicter aux individus le genre de travail qu'ils doivent accomplir, l'endroit et les conditions de travail de chacun. Le gouvernement peut obliger tout citoyen, sous peine d'amende ou de prison, à changer d'ouvrage, à quitter les siens, sa famille, pour aller travailler à des centaines de milles de distance.
On remarque que des gouvernements qui commencent à ravir des pouvoirs à leurs inférieurs, ne peuvent s'arrêter dans cette voie. Ils en ravissent d'autant plus qu'ils se voient impunis. Notre gouvernement n'échappe pas à cette règle. L'application de la loi du Service Sélectif l'a conduit à nous imposer la conscription, la forme la plus affreuse et la plus complète du contrôle des hommes. Cela, c'en est du socialisme, et de la forme la plus avancée.
L'aboutissement logique de la conscription des personnes, c'est la conscription de la propriété. C'est cette conscription de la propriété que les communistes réclament à grands cris.
Eh bien, au Canada, elle existe aussi de par la loi. Qui ne connaît la loi du Régisseur du logement, surtout dans Montréal, où les communistes ont essayé à deux reprises de la faire appliquer ? Si les autorités de la Métropole ne l'ont pas adoptée, il reste que le gouvernement s'est réservé le droit de l'imposer de force, si l'envie lui prend de le faire. Elle est dans les statuts.
Ces lois de restriction, de Service Sélectif, de conscription, de Régisseur du logement, toutes ces lois de contrôles vexatoires et obligatoires à couleur socialiste, furent passées sous prétexte de nécessité de guerre. Mais une fois installé chez-nous, l'ennemi socialiste semble décidé d'y rester.
Est-ce que les restrictions ne durent pas encore ? Est-ce que le rationnement ne permet pas encore au gouvernement de nous dicter ce que nous devons manger ou ne pas manger ? Est-ce que le Service Sélectif n'attache pas encore nos travailleurs par des chaînes insupportables, aux mains du gouvernement ? Est-ce que la conscription a été effacée des lois ? Est-ce que les chiens de chasse du gouvernement ne continuent pas de courir après d'honnêtes jeunes gens, qui n'ont jamais fait de mal à personne, mais qui ont simplement refusé de se soumettre à cet ennemi immoral, la conscription ? Est-ce que la loi du Régisseur du logement ne continue pas de déshonorer notre législation ?
Oui, toutes ces lois demeurent. La centralisation et la tyrannie continuent leur œuvre d'asservissement chez nous, même après la victoire de nos armes contre la domination d'Hitler. Nos canons, nos bombes et nos obus ont vaincu les canons, les bombes et les obus nazis. Mais ils n'ont pas vaincu la tyrannie, la centralisation, le socialisme qui inspiraient Hitler. L'idée de socialisme existe toujours. L'esprit de domination par l'État n'est pas mort. D'ailleurs Staline et son régime ne sont-ils pas érigés sur un piédestal, aujourd'hui, devant l'opinion mondiale ?
La matière n'a vaincu que la matière. Il aurait fallu l'esprit pour vaincre l'esprit.
Mais, dira-t-on, c'est par des hommes que les idées se propagent. Oui, par des hommes et surtout par des organisations d'hommes.
Si les idées de gauche font tant de chemin de ce temps-ci, si le socialisme et le communisme se répandent dans tous les pays, ce n'est pas l'effet du hasard. Il y a des organisations, des mouvements pour les propager.
Le parti communiste au pouvoir en Russie, organisation qui tient un sixième de l'univers dans l'esclavage le plus absolu, se donne justement comme objectif de faire triompher le communisme dans le monde entier. Et il en prend les moyens.
Le parti travailliste d'Angleterre a justement comme raison d'être la propagation du socialisme. De même le parti CCF canadien cherche à instaurer le socialisme au Canada. Ce sont des mouvements, des organisations.
On connaît les organisations favorables au socialisme. Mais quelle est l'organisation qui existe exprès pour combattre le socialisme ? Quel est le mouvement voué spécialement pour propager l'idée opposée au socialisme, l'idée de liberté, l'idée de décentralisation, la souveraineté personnelle, familiale, nationale ? Quel mouvement propose, en même temps que cette doctrine de liberté, une technique appropriée ?
Il n'y en a qu'un. Et c'est l'Union Créditiste des Électeurs dont la doctrine économique est le Crédit Social, et dont la politique est une démocratie vouée au bien commun et au respect de la personne humaine.
Tous les partis politiques, sans exception, surtout les partis CCF et communistes, cherchent à dicter aux individus leurs conditions d'existence, leur mode de vie, jusque dans les plus intimes détails. Seule l'Union Créditiste des Électeurs proclame qu'en démocratie réelle, les citoyens sont les maîtres, et le gouvernement, serviteur. Elle seule enseigne que c'est aux électeurs à se faire servir par leurs gouvernants, suivant leur gré, au lieu de se faire mener par le bout du nez comme aujourd'hui. Elle seule répand l'idée de liberté pour tous et pour chacun, contre l'idée de servitude répandue par le socialisme.
Ce n'est pas tout. Prêcher la liberté, en théorie, c'est bien ; et l'Union Créditiste des Électeurs le fait. Mais elle ne s'en contente pas parce que ce n'est pas suffisant pour combattre l'ennemi.
Le socialisme est rendu dans nos institutions, dans nos lois. Il est déjà réalisé, en grande partie, dans le concret de notre vie. On ne peut lui faire obstacle qu'en travaillant dans le concret également à réaliser l'idéal de la liberté.
Dans la province de Québec, trois mille patriotes, de l'Union Créditiste des Électeurs, consacrent leurs loisirs, par pur dévouement, pour renseigner leurs compatriotes. Ils vont par groupes frapper aux portes des maisons, ils répandent dans toutes les familles la doctrine libératrice. Ils sont des soldats de l'esprit, en guerre contre le socialisme sous toutes ses formes. Ils se battent avec les armes pacifiques de la littérature créditiste, pour la conquête de la liberté humaine.