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La montée du socialisme

Jean Grenier le dimanche, 15 juillet 1945. Dans La politique

L'idée socialiste en Europe

Nous venons de sortir d'une guerre affreuse, pour la défense de la liberté des peuples, pour la souveraineté des nations, même des plus petites. Nous avons gagné la guerre, nous dit-on. Est-ce à dire que toutes les nations auront leur liberté, leur indépendance politique et économique ?

Selon une dépêche de la Presse Canadienne, du 26 juin dernier, le parti travailliste d'Angleterre vient de publier un projet de formation d'"États Unis Socialistes d'Europe", abolissant les souve­rainetés nationales, les armées nationales et les douanes.

Abolir les souverainetés nationales, centraliser tous les pays d'Europe sous un même gouverne­ment, n'est-ce pas justement ce que nous avons combattu pendant les cinq années de guerre ?

Lorsque Hitler a entrepris de conquérir les pays voisins pour les asservir sous un seul gouverne­ment, le sien, on a crié : Au crime ! On a mobilisé l'univers contre lui, on a pris les armes, on a con­senti à faire de l'Europe une mer de feu et de sang, pendant cinq longues années afin d'exter­miner cet ennemi mortel, ravisseur de liberté.

Mais, à peine achève-t-on de célébrer la victoire des armes contre cet ennemi, que, dans le camp même des vainqueurs, en Angleterre, s'élèvent des voix socialistes qui réclament exactement la même chose que voulait Hitler : l'abolition des souverai­netés, la centralisation européenne. Et non seule­ment on ne leur fait pas la guerre, mais on repro­duit complaisamment leurs paroles, on trouve cela tout à fait normal et on s'incline en disant :

Que voulez-vous ? Ce sont les idées de gauche qui gagnent du terrain.

Par quoi combattre une idée ?

Cela prouve simplement que ce n'est pas sur­tout avec des canons, des bombes, des forces ma­térielles qu'on combat des idées. C'est avec d'au­tres idées contraires.

Et le socialisme, la centralisation sont des idées. Ce sont même deux idées à peu près semblables. Il n'y a pas de socialisme sans centralisation ; et la centralisation conduit infailliblement au socia­lisme. Les deux abolissent la liberté des personnes et des peuples. Les deux tendent à enlever des pouvoirs aux individus, aux institutions privées et aux nations pour les donner à un gouvernement international.

Centraliser les pouvoirs, uniformiser le monde, restreindre la liberté, c'est du socialisme. Voilà le véritable ennemi à combattre, par tous ceux qui aiment la liberté.

Et cet ennemi, il est infiltré partout, dans tous les pays d'Europe, dans tous les pays d'Amérique, jusque dans notre beau Canada.

L'idée socialiste au Canada

Tout le monde connaît le parti CCF, qui existe justement pour la diffusion du socialisme au Ca­nada. Ce qu'il prêche ? L'étatisation, la main-mise graduelle de l'État sur l'industrie, le commerce, le transport. Le CCF, c'est le carcan d'État imposé à tous les moyens de production et de distribu­tion. C'est l'esclavage des citoyens envers leur gouvernement. C'est une chose odieuse et tyran­nique, absolument opposée à l'épanouissement des personnes humaines, douées de volonté libre. C'est l'abrutissement des humains, leur changement en bêtes de somme.

Tout le monde craint un pareil ennemi, sans doute. Pourtant, cet ennemi, le CCF, progresse à vue d'œil, sans cacher ses intentions malicieuses.

Il y a même un groupe de gens qui trouvent que le CCF ne va pas assez vite dans la voie de la socialisation. Ce sont les communistes. Ils ré­clament l'abolition complète de la propriété. Et, tout le monde sait qu'ils ont gagné des adhérents à la faveur de la guerre.

Le socialisme d'État dans nos lois

Mais, pour juger de la menace du socialisme, il ne faut pas seulement regarder le nombre de per­sonnes qui adhèrent à la CCF ou au parti com­muniste. L'ennemi tueur de liberté a pénétré jus­que dans nos lois, jusque dans notre gouverne­ment, qui se dit pourtant libéral.

Les restrictions de guerre, le rationnement fu­rent une semence de socialisme. Ils ont donné au gouvernement fédéral des pouvoirs extraordinai­res. Ils ont mis des chaînes aux pieds et aux mains des individus. Ils ont fait les citoyens beaucoup plus esclaves de l'État qu'ils n'étaient auparavant.

Puis, le Service Sélectif est un exemple encore plus frappant de centralisation des pouvoirs. Par le Service Sélectif, le gouvernement s'est arrogé le pouvoir de dicter aux individus le genre de travail qu'ils doivent accomplir, l'endroit et les conditions de travail de chacun. Le gouvernement peut obli­ger tout citoyen, sous peine d'amende ou de pri­son, à changer d'ouvrage, à quitter les siens, sa famille, pour aller travailler à des centaines de milles de distance.

On remarque que des gouvernements qui com­mencent à ravir des pouvoirs à leurs inférieurs, ne peuvent s'arrêter dans cette voie. Ils en ravissent d'autant plus qu'ils se voient impunis. Notre gou­vernement n'échappe pas à cette règle. L'applica­tion de la loi du Service Sélectif l'a conduit à nous imposer la conscription, la forme la plus affreuse et la plus complète du contrôle des hommes. Cela, c'en est du socialisme, et de la forme la plus avan­cée.

L'aboutissement logique de la conscription des personnes, c'est la conscription de la propriété. C'est cette conscription de la propriété que les communistes réclament à grands cris.

Eh bien, au Canada, elle existe aussi de par la loi. Qui ne connaît la loi du Régisseur du loge­ment, surtout dans Montréal, où les communis­tes ont essayé à deux reprises de la faire appli­quer ? Si les autorités de la Métropole ne l'ont pas adoptée, il reste que le gouvernement s'est réservé le droit de l'imposer de force, si l'envie lui prend de le faire. Elle est dans les statuts.

À la faveur de la guerre

Ces lois de restriction, de Service Sélectif, de conscription, de Régisseur du logement, toutes ces lois de contrôles vexatoires et obligatoires à couleur socialiste, furent passées sous prétexte de nécessité de guerre. Mais une fois installé chez-nous, l'ennemi socialiste semble décidé d'y rester.

Est-ce que les restrictions ne durent pas encore ? Est-ce que le rationnement ne permet pas encore au gouvernement de nous dicter ce que nous de­vons manger ou ne pas manger ? Est-ce que le Service Sélectif n'attache pas encore nos travail­leurs par des chaînes insupportables, aux mains du gouvernement ? Est-ce que la conscription a été effacée des lois ? Est-ce que les chiens de chasse du gouvernement ne continuent pas de courir après d'honnêtes jeunes gens, qui n'ont jamais fait de mal à personne, mais qui ont sim­plement refusé de se soumettre à cet ennemi im­moral, la conscription ? Est-ce que la loi du Régis­seur du logement ne continue pas de déshonorer notre législation ?

Oui, toutes ces lois demeurent. La centralisa­tion et la tyrannie continuent leur œuvre d'asser­vissement chez nous, même après la victoire de nos armes contre la domination d'Hitler. Nos canons, nos bombes et nos obus ont vaincu les canons, les bombes et les obus nazis. Mais ils n'ont pas vaincu la tyrannie, la centralisation, le socialisme qui inspiraient Hitler. L'idée de socia­lisme existe toujours. L'esprit de domination par l'État n'est pas mort. D'ailleurs Staline et son régime ne sont-ils pas érigés sur un piédestal, au­jourd'hui, devant l'opinion mondiale ?

La matière n'a vaincu que la matière. Il aurait fallu l'esprit pour vaincre l'esprit.

Des organisations à l'œuvre

Mais, dira-t-on, c'est par des hommes que les idées se propagent. Oui, par des hommes et sur­tout par des organisations d'hommes.

Si les idées de gauche font tant de chemin de ce temps-ci, si le socialisme et le communisme se répandent dans tous les pays, ce n'est pas l'effet du hasard. Il y a des organisations, des mouve­ments pour les propager.

Le parti communiste au pouvoir en Russie, or­ganisation qui tient un sixième de l'univers dans l'esclavage le plus absolu, se donne justement comme objectif de faire triompher le communis­me dans le monde entier. Et il en prend les moyens.

Le parti travailliste d'Angleterre a justement comme raison d'être la propagation du socialis­me. De même le parti CCF canadien cherche à instaurer le socialisme au Canada. Ce sont des mouvements, des organisations.

Quelle organisation combat le socialisme ?

On connaît les organisations favorables au so­cialisme. Mais quelle est l'organisation qui existe exprès pour combattre le socialisme ? Quel est le mouvement voué spécialement pour propager l'i­dée opposée au socialisme, l'idée de liberté, l'idée de décentralisation, la souveraineté personnelle, familiale, nationale ? Quel mouvement propose, en même temps que cette doctrine de liberté, une technique appropriée ?

Il n'y en a qu'un. Et c'est l'Union Créditiste des Électeurs dont la doctrine économique est le Crédit Social, et dont la politique est une démo­cratie vouée au bien commun et au respect de la personne humaine.

Tous les partis politiques, sans exception, sur­tout les partis CCF et communistes, cherchent à dicter aux individus leurs conditions d'existence, leur mode de vie, jusque dans les plus intimes dé­tails. Seule l'Union Créditiste des Électeurs pro­clame qu'en démocratie réelle, les citoyens sont les maîtres, et le gouvernement, serviteur. Elle seule enseigne que c'est aux électeurs à se faire servir par leurs gouvernants, suivant leur gré, au lieu de se faire mener par le bout du nez comme aujourd'hui. Elle seule répand l'idée de liberté pour tous et pour chacun, contre l'idée de servi­tude répandue par le socialisme.

Ce n'est pas tout. Prêcher la liberté, en théorie, c'est bien ; et l'Union Créditiste des Électeurs le fait. Mais elle ne s'en contente pas parce que ce n'est pas suffisant pour combattre l'ennemi.

Le socialisme est rendu dans nos institutions, dans nos lois. Il est déjà réalisé, en grande partie, dans le concret de notre vie. On ne peut lui faire obstacle qu'en travaillant dans le concret égale­ment à réaliser l'idéal de la liberté.

Dans la province de Québec, trois mille patrio­tes, de l'Union Créditiste des Électeurs, consa­crent leurs loisirs, par pur dévouement, pour ren­seigner leurs compatriotes. Ils vont par groupes frapper aux portes des maisons, ils répandent dans toutes les familles la doctrine libératrice. Ils sont des soldats de l'esprit, en guerre contre le socialisme sous toutes ses formes. Ils se battent avec les armes pacifiques de la littérature créditis­te, pour la conquête de la liberté humaine.

Jean Grenier

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