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La session de Québec

le jeudi, 15 mars 1945. Dans La politique

La session de Québec continue d'être très oc­cupée.

Du côté du gouvernement, la législation est chargée, et plusieurs lois sont très intéressantes. Surtout la loi pour établir un réseau provincial de radio et la loi pour favoriser l'électrification rurale. Deux initiatives qui honoreront le gouvernement Duplessis.

La radio est un puissant moyen d'information et d'éducation. L'Office de la Radio de Québec au­ra pour mission de diffuser la culture française dont notre province est le foyer et la gardienne en Amérique. Nous ne pouvons laisser au seul or­ganisme fédéral le soin de le faire et de nous ac­corder la petite place du parent pauvre.

Évidemment, Radio-Québec ne serait pas plus que Radio-Canada justifiable de supprimer les postes privés.

La loi de l'électrification rurale répond à un be­soin longtemps senti. Elle établit un office provin­cial, comme l'Office du Crédit Agricole, pour prê­ter les fonds nécessaires et mettre à la disposition des intéressés les services de son outillage, de ses ingénieurs, de ses techniciens. Mais l'administra­tion des entreprises d'électrification rurale sera en­tre les mains de coopératives établies à cette fin spécifiée, librement, par les cultivateurs eux-mê­mes. Le gouvernement aide, il n'impose pas.

Le ministre de la Santé a proposé une petite loi qui a donné lieu à un vif débat. C'était une loi pour supprimer la loi de l'Assurance-maladie pas­sée sous le régime Godbout. Il n'y a pas d'assuran­ce-maladie dans la province, mais la commission établie par le gouvernement Godbout avait pour but d'étudier les conditions. Le gouvernement Duplessis a jugé cette commission oisive et inutile.

Les créditistes réclament pour tous l'assurance de soins médicaux quand ils sont malades. Mais les créditistes sont opposés à toutes les assurances contributoires et obligatoires. Le contributoire sent la rareté — dans un monde d'abondance ; l'o­bligatoire sent l'esclavage — dans un monde qui se bat pour la liberté.

Les familles doivent pouvoir se soigner, non pas d'après des moyens financiers insuffisants, mais d'après les possibilités réelles de la médecine en face des besoins réels de la maladie. La même ré­flexion peut s'appliquer aux mesures d'hygiène et de prévention contre la maladie. Les médecins doi­vent certainement être payés pour leurs services ; mais qu'on mette la finance au pas des possibilités réelles, et le problème ne présentera pas de diffi­cultés, même si le gouvernement doit intervenir, par une loi appropriée, non pour dicter le médecin, mais pour verser au médecin les honoraires que certains clients ne peuvent payer.

Il serait regrettable de rester les bras croisés pendant que des familles pauvres demeurent sans soins, en attendant que le fédéral fasse encore une invasion de plus dans notre domaine.

Comme quoi, c'est toujours la question de la finance qui crée les difficultés. N'est-ce pas elle qui empêche la construction d'hôpitaux suffisants ? N'est-ce pas elle qui empêche des médecins de s'é­tablir dans des paroisses délaissées ? Quand donc se décidera-t-on une bonne foi à briser cet obstacle purement artificiel ?

* * *

Du côté des motions privées, la motion de René Chaloult contre la conscription a eu du succès, puisqu'elle a été adoptée par 67 votes contre 5. Il est intéressant de noter que la députation libérale de M. Godbout a voté une motion qui "regrette infiniment que M. Mackenzie King ait renié ses engagements les plus sacrés" ; puis que copie de la résolution soit transmise aux ministres fédéraux de la province de Québec, "s'il en reste".

Une autre motion de René Chaloult a été votée à l'unanimité : pour inviter M. King à faire, avant la prochaine élection fédérale, le rajustement du nombre de députés fédéraux par provinces, confor­mément au pacte confédératif. Les autres provin­ces ont globalement une vingtaine de députés fé­déraux de plus que le nombre auquel elles ont droit, contre nous à 65. Sous prétexte de conditions de guerre, M. King retarde ce rajustement. C'est un nouveau mépris de nos droits, contre lequel Québec proteste unanimement.

Une motion de Jacques Dumoulin, libéral, dé­puté de Montmorency, exprimant l'avis que, le gouvernement fédéral doit continuer l'exemption des coopératives à l'impôt sur les profits des entre­prises commerciales, a aussi été adoptée à l'unani­mité.

D'autres motions sont au feuilleton ; entre au­tres, une d'André Laurendeau, chef du Bloc, pour réaffirmer les droits exclusifs de la province en matière d'éducation. Il existe, en effet, une pres­sion extérieure pour pousser le fédéral à s'intro­duire dans ce domaine, sous prétexte d'aide finan­cière et d'unité nationale.

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