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Le programme du candidat

le mardi, 15 mai 1945. Dans La politique

Tous les partis et leurs candidats viennent de­vant l'électorat avec un programme. Qui a fait ce programme ? Toujours pas les électeurs. On leur demande de choisir entre des programmes tout préparés d'avance par les partis, mais les électeurs n'ont rien eu à voir dans la préparation. Est-ce bien respecter l'électeur que lui demander de voter pour un programme fait sans lui ?

Le candidat, des électeurs, lui, ne se présente pas avec un programme préparé d'avance. Il vient aux électeurs en leur disant : Votez donc pour avoir le droit de faire vous-même votre program­me à mesure que les besoins surgiront. Votez pour un candidat qui viendra étudier avec vous les problèmes du pays et prendra avec vous les décisions sur les grandes questions politiques.

C'est la politique vraiment nouvelle et vrai­ment démocratique. C'est la politique d'électeurs qui s'occupent de leurs affaires publiques avec leur député, au lieu d'en abandonner aveuglément le soin aux élus.

Évidemment, pour qu'un député puisse prendre ses décisions avec ses électeurs, il faut que ses électeurs soient attentifs aux choses publiques et organisés pour causer avec leur député. Aussi le premier point du programme d'un candidat des électeurs doit-il être d'aller aux électeurs et les organiser pour l'étude et la consultation.

C'est ainsi que se présentent nos candidats des électeurs. Sans doute qu'il y a des questions déjà connues et sur lesquelles l'accord est fait depuis longtemps entre ces candidats et le public qui les comprend. C'est le respect de la liberté indivi­duelle et la garantie sociale d'une part de la pro­duction du pays à tous et à chacun des citoyens, de la naissance à la mort.

Ce sont justement ces deux grandes garanties basiques que les partis ignorent complètement dans leurs programmes. Ils viennent avec des plans, comme un éleveur en fait pour son trou­peau.

Un programme ne peut se faire qu'en allant, selon les circonstances et des conditions sujettes à varier. C'est tellement vrai que les partis élus au gouvernement s'occupent très peu de ce qu'ils ont mis dans un programme électoral et apportent des lois dont il n'a pas du tout été question pen­dant la campagne. Le malheur est que, lorsqu'ils préparent ces lois, année après année, pour faire face aux situations, ils ne s'occupent aucunement de placer la chose devant les électeurs.

C'est en cela que la manière des créditistes, qui veulent des députés des électeurs, pour prendre les décisions politiques avec les électeurs, en tout temps, est entièrement différente de la politique des partis dédaigneux du peuple lorsque le vote est fini.


Choix entre deux

Quelle confusion ! s'écrie-t-on un peu de tous côtés, en pensant à la multiplicité des candidats qui vont briguer les suffrages dans les mêmes comtés le 11 juin prochain.

Quelle confusion — vous pensez ? Oui, peut-être, dans les comtés où il n'y a que des candi­dats de partis. Mais la confusion cesse tout à fait dans les quelque 40 comtés de la province de Québec où il y aura un candidat des électeurs.

Dans ces comtés-là, le choix n'est plus à faire qu'entre deux : entre un candidat de parti (quel­conque) et le candidat des électeurs. Ah ! mais ça, c'est une distinction bien tranchée. L'électeur n'a plus qu'à se prononcer entre deux :

Voter comme par le passé pour un candidat de parti, ou bien voter pour la première fois pour un candidat des électeurs ;

Voter pour rester le jouet des financiers et de leurs marionnettes, ou bien voter pour la libéra­tion économique et une politique de citoyens ma­jeurs ;

Voter pour la vieille politique de partis dont on a subi toutes les formes d'indigestion, ou bien voter pour la politique des électeurs eux-mêmes ;

Voter pour confier sa destinée à des organisa­tions de partis, ou bien voter pour prendre soi-même en mains sa propre destinée ;

Voter pour être conduit par le bout du nez, ou bien voter pour avoir le droit de se conduire soi-même ;

Voter pour être ignoré après l'élection, ou bien voter pour être consulté après l'élection.

Ce cher Service Sélectif

Un employé des Chantiers Maritimes de Lau­zon est sans travail depuis le début de février. Pas par sa faute. Oh ! non, il est simplement une des victimes, déjà nombreuses, de la victoire des Alliés. Les sous-marins allemands ayant cessé leurs ravages, notre Canadien n'a plus de pain.

Lorsqu'il travaillait, il payait des contributions en vue du chômage. Devenu chômeur, il réclame les prestations auxquelles il a droit. Le bureau de l'assurance-chômage l'envoie à l'ineffable Service Sélectif. Le Service Sélectif lui offre une place aux usines Vickers, à Montréal.

Montréal est à 180 milles de Lauzon. Notre ou­vrier a une femme et des enfants. Il ne peut dé­ménager à Montréal, premièrement parce qu'il a un bail à Lauzon, deuxièmement parce qu'il n'y a pas un seul logement disponible à Montréal. Il refuse l'offre. Le Service Sélectif le déclare délinquant et il perd son droit à l'assurance-chômage. Lorsqu'il est en face de la faim, on ne lui rend pas un sou de l'argent qu'on l'a forcé à remettre à l'assurance-chômage lorsqu'il travaillait.

Voilà la bureaucratie sans âme, sans cœur, le robot barbare et voleur dont le règne doit consti­tuer l'ordre nouveau.

On vous manipulera de Québec à Halifax ou à Montréal, d'autres dans le sens inverse, sans s'oc­cuper de vos goûts, de votre santé, de votre fa­mille, de vos habitudes. Et si vous n'obéissez pas, vous crèverez de faim.

Après cela, on ose se plaindre du petit nombre d'ouvriers propriétaires. Quel intérêt l'ouvrier peut-il avoir à s'acheter ou à se bâtir une maison, s'il peut du jour au lendemain être obligé de transporter ses penates à 50 ou 200 milles plus loin pour avoir sa maigre ration quotidienne et celle de sa famille ?

Nous nous sommes battus pendant cinq années et demie contre le totalitarisme d'Europe. Va-t-on le planter en Amérique ? Le gouvernement dont le Canada a le plus besoin aujourd'hui, c'est du gouvernement qui donnera le plus rapide et le plus vigoureux coup de botte à toute cette hi­deuse et détestable bureaucratie.

Voter créditiste, c'est voter pour le coup de botte : le Crédit Social est en effet la seule for­mule pour distribuer l'abondance sans harnacher les hommes.


Donnez l'exemple, monsieur

La conscription du logement ne menace pas que le Canada. La même campagne se poursuit en Australie ; ce qui prouve bien un plan pré­conçu par les planistes à la sauce de l'École Économique de Londres.

Un ecclésiastique (protestant, sans doute), le Doyen Langley, dans un sermon prononcé à St. Paul de Melbourne le 20 novembre, complimen­tait la "croisade de la véranda" conduite par la Fraternité de St-Laurent pour la subdivision des maisons entre plusieurs ménages. Il s'écriait : "Il faut soulever l'opinion publique pour demander une révision de la situation du logement. Les maisons doivent être partagées et aucune maison laissée inoccupée."

Remarquez qu'il ne demande point de cons­truire des maisons. Oh ! non, ce serait trop logique et trop humain. Mais paqueter les familles dans les maisons existantes, animaliser les hommes, c'est l'ordre du jour.

Le "New Times" de Melbourne remarque, en marge de cette diatribe du Doyen Langley :

"Il y a belle lurette que les maisons sont toutes occupées, et occupées à leur pleine ca­pacité, à moins que ce ne soit le presbytère du Doyen. Et le Doyen n'a jamais levé un petit doigt pour aider l'autre campagne : celle qui demande de supprimer la cause à l'insuffisance de logement."

Aux apôtres de la régie du logement, ne man­quons jamais de demander qu'ils soient les pre­miers à ouvrir leurs propres maisons aux familles qui n'ont que la rue ou des magasins désaffectés sans aucun service sanitaire ; ou encore aux im­migrants d'origine visible qui sont venus pren­dre la place des gars que Mackenzie King a en­voyés se battre et mourir pour eux.


"Exporter ou périr !"

Extrait de "Federal Union Exposed", par C. Barclay-Smith, écrivain d'Australie.

La frénésie des exportations vient de ce que le marché local de chaque pays producteur est in­suffisamment pourvu d'argent pour acheter la pro­duction du pays, alors même qu'elle répond à des besoins domestiques réels.

N'ayant pas l'argent voulu pour acheter toute sa propre production, chaque pays s'efforce d'en exporter le plus possible, pour ne pas tomber dans un chômage qui diminuerait encore le pouvoir d'achat domestique. Tels sont les absurdes règle­ments du système.

"Exporter ou périr !" crie Hitler.

"Exporter ou périr !" dit Chamberlain à la veille de sa mort.

"Exporter ou périr !" dit Roosevelt.

"Exporter ou périr !" répond le Japon.

Cette politique universelle est chargée de pou­dre. Elle a conduit les nations à des guerres com­merciales — tarifs, embargos, boycottages, dump­ing et ventes à prix avilis.

*    *    *

Après la guerre commerciale, vient la guerre militaire.

Non satisfaites des mesures de propagande pour s'emparer des marchés extérieurs, nation après na­tion se bâtit une machine militaire pour conquérir des territoires et établir autour de ces territoires une chaîne douanière, s'y créer un fief commercial et avertir les autres nations qu'elles n'y entreront qu'à leurs risques et périls.

L'Italie a fait cela, sur une petite échelle, avec ses possessions africaines.

Le Japon l'a fait sur une plus grande échelle par sa conquête de la Mandchourie et de la Chine du Nord.

L'Allemagne a rêvé de le faire sur la plus grande échelle de toutes, par la conquête de toute l'Euro­pe, puis d'autant d'autres bouchées qu'elle pour­rait prendre du reste du monde.

La Grande-Bretagne et les États-Unis ont joué passablement le même jeu, mais avec beaucoup plus de finesse.

Là où les nations à pistolet ont employé la puissance militaire, les démocraties ont recouru à la tutelle de la puissance monopolistique de l'argent.

Les deux sont mauvais. Les deux engendrent une misère d'enfer au pays et des guerres à l'extérieur.

*    *    *

Qu'il suffise de remarquer l'anachronisme absur­de auquel conduit cette stupide fureur de l'expor­tation.

Les ouvriers du Japon ont peiné pendant des années et vécu des vies sans joies, au niveau de la pauvreté, pour la satisfaction de déverser sur tous les pays une abondance de produits à bas prix.

Notre peuple d'Australie vend à l'étranger sa meilleure laine, sa meilleure viande, son meilleur beurre, ses meilleurs fruits, ses meilleurs vins, alors que 80 pour cent de notre population végètent sur les confins de la privation.

Et la même histoire peut s'écrire pour toutes les nations exportatrices. Elles se font concurrence pour déverser à l'étranger de véritables richesses, en retour de crédits dans des livres de banque chez elle...

*    *

La solution au problème exige, comme principe de base, que chaque pays place au premier rang son commerce domestique et non pas son commer­ce extérieur.

Cela ne peut se faire Évidemment que si chaque pays affirme sa souveraineté sur sa propre politi­que monétaire, de sorte que toute la production locale soit consommée localement au maximum des besoins locaux. Les véritables surplus, au-dessus de la saturation des besoins domestiques, pourront toujours être offerts aux autres pays, en échange des véritables surplus de ces autres pays dans des rayons différents.

Une politique monétaire qui émettrait du pou­voir d'achat domestique en rapport avec le taux de production domestique, garantirait au peuple la sécurité économique que permet sa production et ferait disparaître l'âpreté de la concurrence pour les marchés, tant extérieurs, qu'intérieurs.

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