Léopold Richer nous donne des conseils dans le Bloc du 1er février :
"Que les créditistes du Québec soient anti-conscriptionnistes, il appartient à eux, surtout à leurs chefs, de le démontrer."
Cela a été fait et bien fait, et continue de l'être, cher Monsieur Richer, même pendant que vous restez bourgeoisement entre vos murs préférés. Mais, voyez-vous, les créditistes n'en font pas, comme vos amis, un capital électoral : il considère la question trop sacrée pour cela.
Plus loin :
"Le directeur de Vers Demain voudra sans doute s'abstenir de plagier la comédie libérale."
Pour trouver des plagiaires et des comédiens, il faut aller à une autre porte qu'à celle de l'Union Créditiste des Électeurs. Il n'en a pas manqué dans la courte histoire du Bloc Populaire.
C'est justement le nouveau que M. Richer ne peut pas comprendre. L'économie nouvelle du Crédit Social, et surtout la formule politique entièrement nouvelle de l'Union Créditiste des Électeurs et la structure inédite de l'Association Créditiste du Canada, lui passent par-dessus la tête.
Léopold Richer s'obstine à soutenir qu'il existe un parti fédéral du Crédit Social. N'étant pas de l'organisation, il la connaît sans doute mieux que nous !
Les créditistes des provinces ne se sont réunis qu'une seule fois. Ce fut à Toronto, en avril dernier, et ils décidèrent justement de ne pas établir de parti créditiste fédéral, tout en coordonnant leur mouvement sur un terrain défini. Leur constitution est claire. Ils ont aussi pris la peine de définir clairement et de délimiter expressément le terrain commun sur lequel ils se rencontrent. Léopold Richer n'y était pas, mais il a un petit doigt infaillible pour se renseigner.
Il n'y a pas rien que dans la province de Québec que les créditistes savent à quoi s'en tenir sur la constitution de leur association nationale. L'organe national anglais du Crédit Social, le Canadian Social Crediter, dans son numéro du 18 janvier, avait tout un éditorial pour réitérer l'absence de parti dans le mouvement créditiste.
Le Crédit Social est une idée universelle ; ce que nous disons dans la province de Québec sur ce sujet peut se répéter intégralement sous tous les cieux et chez tous les peuples. Impossible de camisoler le Crédit Social dans un parti politique.
Mais, depuis qu'il a quitté Le Devoir, pour tomber dans le "journalisme décadent", au Bloc, M. Richer a de la marchandise à vendre et des hameçons à tendre : comme les créditistes ne sont ni gros clients à son comptoir, ni gros mordeux à sa ligne, et un brin de jalousie le stimulant, Richer part en bataille. Foncez, foncez, Léopold !
Le journal Le Canada qui, à titre de rouge, doit condamner tout ce que dit et fait M. Duplessis, règle en deux temps la question de l'inconstitutionnalité soulevée par l'Hon. Duplessis concernant l'administration des allocations familiales par Ottawa. Dit Le Canada :
"Le gouvernement fédéral a le droit constitutionnel de prélever des impôts et jouit du droit corollaire de dépenser comme il l'entend les revenus de l'État."
Avec ce raisonnement-là, le Fédéral pourrait prélever encore plus d'impôts et établir des écoles sous sa propre juridiction dans les provinces.
Le Canada multiplie les farces, ça remplace la logique :
"Les chefs de famille demandent du pain pour leurs enfants. M. Duplessis leur offre des avocasseries."
M. Duplessis ne s'est jamais déclaré opposé aux allocations familiales, et il n'offre point d'avocasseries aux pères de famille — pas sous ce chapitre du moins. C'est à Mackenzie King qu'il parle, pas aux pères de famille.
Les injures dont l'article du Canada est cousu ne valent pas une once d'argument dans le litige.
À Messieurs les Députés, par un médecin :
Depuis l'avènement du gouvernement Union-Nationale de monsieur Maurice Duplessis, nous avons constaté que bien des médecins ne semblent plus avoir la compétence voulue pour examiner les malades qui nécessitent une pension pour mères nécessiteuses. Les médecins ne se plaignent pas de ce sevrage. Ils sont habitués au rationnement pour leurs services rendus aux miséreux. Mais, ce que nous trouvons intolérable, c'est que l'on fasse du patronage aux dépens des malades, des veuves et des orphelins.
Sous le régime de monsieur Adélard Godbout, chaque médecin, dans sa localité, était autorisé à examiner les candidats aux pensions. Cela évitait des frais de déplacement coûteux aux candidats. Aujourd'hui, les aspirants pensionnaires doivent se transporter à grands frais chez le médecin de la deuxième ou troisième paroisse pour passer leur examen.
De grâce, messieurs les spécialistes du patronage, pitié pour les miséreux ! Ne châtiez pas quelques pauvres médecins aux dépens des pauvres. Ce n'est pas humain. À part ça, rappelez-vous que tous ces médecins, en un seul jour, ont fait plus pour l'humanité souffrante que le patronage ne peut le faire en un an.
De plus, nous constatons que, depuis quelques mois, la guillotine fonctionne un peu fort dans le champ des pensions. C'est une véritable panique chez les pensionnaires. Monsieur Duplessis aurait-il décidé d'équilibrer son budget aux dépens des malades, des mères, des petits pauvres, des vieux et des vieilles ?
S'il en est ainsi, ce n'est pas très humain. Et votre devoir, messieurs les députés, est de rappeler au chef que, comme célibataire, il est peut-être mauvais juge en la matière. Dites-lui de sortir quelques jours du Château, où rien n'est de nature à rappeler la misère des petits, et de faire quelques visites dans les familles où la pension a été retranchée. Cela lui vaudra un an d'étude sur la question sociale.
Demandez-lui aussi d'aller voir en Alberta et de constater que là, on ne retranche pas sur la nourriture des enfants pour équilibrer un budget. Monsieur Onésime Gagnon a peut-être appris à Oxford que, pour enrégimenter un surplus, il faut arracher le pain à la bouche des enfants. Qu'il accompagne son chef pour une petite visite en Alberta. Il apprendra plus là, en une semaine, qu'en deux ans à Oxford.
Messieurs les députés, cela peut vous humilier qu'on vous demande d'aller apprendre votre leçon en Alberta. Acceptez cette petite humiliation au profit de vos électeurs. Les créditistes acceptent tous les jours des humiliations, et depuis plusieurs années. Pourtant, ils n'ont pas l'honneur d'être députés.
Allons, un peu de cœur. Vous aimez le pouvoir, n'est-ce pas ? Eh bien, allez en Alberta chercher le secret de le garder longtemps. Adélard a mal profité du même conseil. Voyez où il en est, le pauvre ! Soyez plus prudents à votre tour. Vous êtes d'ailleurs si faibles que le moindre souffle électoral peut vous terrasser.
Eugène FORTIN, médecin
St-Victor de Beauce
Deux jeunes gens de St-Gédéon (Cté de Frontenac) doivent, comme bien d'autres colons, gagner leur pain deux fois : une première fois sur leur lot, une deuxième fois dans le bois.
Cet automne, ils ont donc laissé à la maison leur vieille mère, malade, et sont partis pour les bois du Maine.
Mais ils ont été arrêtés et condamnés à 60 jours de prison, parce qu'ils travaillaient là sans une permission du Service Sélectif.
Pendant que l'État soutient présentement des milliers de chômeurs sous l'assurance-chômage, d'autres sont condamnés à la prison parce qu'ils négligent, ou bien oublient, de demander la permission de gagner leur pain deux fois.
Cette bureaucratie est une inspiration du diable, transmise à l'Amérique du Nord par la tête de Bernard Baruch, le grand Juif des États-Unis, qui se vante d'avoir eu plus de puissance que le président de son pays.
Malartic, le 3 février 1945
À l'Honorable Maurice Duplessis :
Monsieur,
Pour faire suite au télégramme de protestation envoyé hier, je viens vous donner des détails supplémentaires concernant l'acte de barbarie qui sévit actuellement à Roc d'Or...
C'est incroyable de penser que cette action est dictée par quelqu'un de catholique. Il est impossible de si peu respecter la propriété des autres. On a brisé, avec des tracteurs, des maisons très habitables. Une surtout qui vaut pour le moins $2,000 et qui appartient à un M. Émile Dubeau, un homme pauvre, qui est allé passer l'hiver dans le bois pour se gagner suffisamment d'argent afin de déménager sa maison, à Malartic, au printemps. On l'a toute brisée, il ne reste plus rien de serviable.
Cet acte honteux est la pire injustice que l'on puisse faire. C'est révoltant de voir toutes ces maisons déchiquetées, les portes et les châssis cassés. Vous n'êtes pas sans savoir que ces matériaux sont très difficiles à avoir, et qu'il sévit une crise de logement ici comme ailleurs.
Où veut-on en venir ? Veut-on une révolution ? Il ne manquera toujours pas d'injustices pour l'excuser.
Paraît-il que le déménagement de Roc d'Or, déménagement à la Lawrence, coûtait l'automne dernier $125,000 au gouvernement. Roc d'Or était évaluée à $90,000. N'est-ce pas qu'il aurait été avantageux pour le gouvernement d'acheter ces maisons pour l'évaluation et d'indemniser ces pauvres gens... ? Nous protestons contre cette injustice faite par des Canadiens français envers des Canadiens français...
Mlle Isabelle CHARTRÉ
Écrivant à l'Hon. Maurcie Duplessis au sujet de l'emprunt de 23 millions, un électeur de Québec, Georges Nadeau, rappelle en peu de phrases des faits qu'il est impossible de nier :
"Pourquoi toujours s'adresser aux financiers, surtout quand on dit vouloir mettre les "Trusts" à la raison ? Vous savez bien que ceci fait le jeu de la finance.
"S'il n'est pas permis aux provinces d'émettre de l'argent, personne n'empêche de suivre l'exemple de l'Alberta qui, avec son système de "Treasury Branches", a trouvé moyen de ne pas emprunter aux banques. Cela n'a pas empêché l'Alberta de payer $5.00 extra par mois à ceux qui sont sous la "pension de vieillesse", d'accorder un escompte aux consommateurs au lieu d'une taxe de vente, de payer les frais de maternité et de développer davantage son système routier, d'éducation et de bien-être. Tout cela, sans avoir recours aux emprunteurs et tout en abaissant la dette de la province."