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Pas de compromis

le mardi, 15 mai 1945. Dans La politique

La position des créditistes est claire et nette. Ils savent ce qu'ils veulent, et ils vont droit vers leur but.

C'est bien mal les comprendre que s'imaginer qu'en temps d'élection, ils vont abandonner leurs principes et jouer dans la main des politiciens ou de quelques figurants d'occasion.

Partout, nos créditistes ont eu le bon esprit et la dignité de choisir comme porte-drapeau du Crédit Social dans leur comté, non seulement un des leurs, mais un créditiste actif, connu pour son désintéressement et sa constance à aller aux élec­teurs.

Il y a bien eu quelques hésitations ici et là, où voulait percer encore la vieille méthode de pren­dre des hommes de prestige au lieu d'hommes de dévouement, sous prétexte de mieux influencer l'électeur.

Notre but n'est pas d'influencer l'électeur, mais de le convaincre, et c'est là l'objet permanent d'un travail permanent.

Quand bien même un homme en moyens s'en vient offrir sa candidature aux créditistes, s'il n'a encore jamais commencé à pratiquer ce qu'on at­tend d'un député des électeurs, comment peut-on lui faire confiance ? Surtout si cet "ami" des cré­ditistes n'ose même pas afficher l'étiquette de candidat des électeurs, ni de candidat créditiste, par peur de perdre des votes de non-créditistes, ce n'est plus un porte-drapeau du Crédit Social, mais quelqu'un qui veut simplement bénéficier des votes créditistes.

L'élection fait surgir des hommes invisibles avant l'élection. Cela ne mord pas avec une Union Créditiste des Électeurs organisée, alerte et active.

Nous avons même vu, en un comté, un garçon qui voulait à tout prix s'imposer au choix des cré­ditistes, alors que personne de la place ne le con­naissait. Les raisons données par ses promoteurs : Monsieur avait fait un cours universitaire, était bon orateur et parlait les deux langues. De plus, on l'avait vu dans le Crédit Social il y a six ans... Il n'était même pas abonné à Vers Demain !

Il en a été quitte pour ses frais de déplacement et l'humiliation qu'il s'est attirée. Des hommes avec des talents précieusement enfouis, il s'en trouve en grand nombre parmi des intellectuels bourgeois, mais ces hommes devront se désem­bourgeoiser ou bien oublier l'adresse de l'Union Créditiste des Électeurs.

En d'autres comtés, on voudrait que le candi­dat des électeurs se retire devant tel candidat de parti, sous prétexte qu'il s'agit d'un patriote, d'un homme qui fait de beaux discours de temps en temps, ou qui ne parle pas contre le Crédit Social, du moins pas depuis qu'il y a des créditistes dans son comté. Il arrive que cet homme a passé neuf ans à côté des créditistes à la Chambre des Com­munes, et il n'a jamais trouvé l'occasion d'ap­puyer leurs demandes. Aujourd'hui, il faudrait baisser pavillon devant lui pour lui faciliter son élection.

Tout cela équivaut à nous dire : Vous devenez forts, vous avez bâti une force sans moi, pendant que je riais de vous ; veuillez donc être assez com­plaisants aujourd'hui pour mettre cette force à mon service.

Ceux qui ne connaissaient pas les créditistes auparavant vont apprendre à les connaître. Ce pourra être une des bonnes leçons de l'élection. L'électeur renseigné et debout commence à gêner les politiciens de toutes couleurs.


Grande idée bannie

La grande idée, c'est le Crédit Social. Bannie d'où ? De San Francisco. À  cause de qui ? À cause de Mackenzie King.

Grande idée. Nulle autre idée économico-politi­que n'a une telle portée. En cassant le joug de la dictature financière, en faisant table rase des problèmes financiers pour ne laisser subsister que les problèmes réels, les problèmes d'hommes et de choses, le Crédit Social enlève le principal obsta­cle à la bonne volonté entre les hommes.

En rendant financièrement possible, automati­quement, tout ce qui est physiquement possible, le Crédit Social fait tomber tout plafond à l'im­mense production possible du monde moderne — pas seulement en temps de guerre, mais surtout en temps de paix lorsque les meilleurs bras et les meilleurs cerveaux sont à la disposition des moyens de production.

En fournissant à chaque pays un pouvoir d'a­chat équivalent à sa propre production, le crédit Social supprime la folle ruée sur les marchés étrangers. Il fait du commerce domestique de chaque pays le commerce principal du pays. Il fait du commerce international ce qu'il doit être, un simple et facile échange de surplus.

Le Crédit Social supprime les principales cau­ses de friction entre individus, entre classes, en­tre nations. Le Crédit Social éliminerait la cause majeure des guerres, comme des crises.

Et pourtant le Crédit Social est exclus de San Francisco. Le seul pays qui pouvait envoyer à San Francisco des représentants de cette grande idée, c'est le Canada. Le Crédit Social est assuré­ment répandu dans d'autres pays que le Canada. Mais c'est au Canada qu'il a des représentants officiels dans le Parlement.

Or, par son choix des délégués canadiens, Mac­kenzie King fait représenter à San Francisco les porte-idées — si toutefois il y a de véritables idées dans les partis, — du libéralisme canadien, du conservatisme canadien et du socialisme cana­dien. Mais du Crédit Social, zéro.

Libéraux, conservateurs et socialistes du Cana­da sont aussi prêts les uns que les autres à ac­cepter la tutelle des financiers internationaux ; Bretton Woods ne les a pas émus. Ils trouvent tout à fait dans l'ordre d'accrocher l'économie canadienne à un organisme mondial commandé par les manipulateurs de l'or. Seuls les créditistes jettent le holà. Ils sont bannis des conseils de la conférence.

* * *

Les créditistes de tout le Canada se doivent de protester contre cette manœuvre destinée à em­pêcher la grande idée créditiste d'alerter le mon­de. La meilleure protestation, à l'occasion de l'é­lection, c'est de donner un gros vote créditiste dans tout le pays. Que personne ne noie son vote derrière des candidats de parti. Un vote pour un candidat de parti, même si ce candidat se dit fa­vorable au Crédit Social, ne sera jamais considéré comme un vote créditiste, mais comme un vote pour le parti. Seuls les votes pour des candidats portant sans mélange le drapeau du Crédit Social seront considérés et enregistrés officiellement comme votes créditistes.

Il ne suffit pas de voter contre King, en votant pour Cardin, Raymond, Houde, ou un autre chef de parti. Il faut voter pour les purs candidats du Crédit Social et montrer au monde entier que la seule idée opposée au totalitarisme des financiers fait du progrès au Canada. L'exemple prêche et entraîne.


L'indépendance du Canada

L'indépendance du Canada, nous en sommes. Nous sommes pour un Canada indépendant, qui agisse librement et souverainement dans ses rela­tions avec les autres pays, qui conserve cette in­dépendance et cette souveraineté dans tout orga­nisme international nécessaire pour les rapports paisibles des nations les unes avec les autres. Tout comme nous sommes pour une province de Québec qui conserve son indépendance, sa pleine autonomie, la maîtrise de ses propres destinées, dans ses rapports avec les autres provinces de la Confédération.

Mais, que sert de parler d'autonomie et d'indé­pendance, si l'on accepte la dépendance vis-à-vis des puissances d'argent, de puissances qui n'ont ni humanisme ni patrie ?

Il y a 162 ans que les États-Unis sont une na­tion indépendante. Cela ne les a pas empêchés d'être aussi affectés que le Canada par la grande crise de surabondance emprisonnée de 1929 à 1939. Et cela ne les a pas empêchés d'être pris, comme le Canada, dans deux guerres mondiales déclenchées en Europe.

Il faut être naïf pour croire que le Canada, sor­ti de l'Empire britannique, sera à l'abri des guerres extérieures. Le monde est de plus en plus en­traîné dans le tourbillon par toute guerre déchaî­née sur un point quelconque de la planète. Les distances disparaissent avec les moyens de com­munications modernes et avec la portée des engins modernes de guerre.

Chaque nouvelle guerre commence avec une mise à point des armes les plus destructives qui ont terminé la précédente. Les chars d'assaut faisaient leur première apparition vers la fin de l'autre grande guerre. Celle-ci a débuté avec des "cavaleries" de chars d'assaut. La présente guer­re finit après un premier essai de bombes volan­tes et de bombes-fusées. La prochaine commence­ra avec un feu volant qui traversera mers et con­tinents.

La neutralité sera de moins en moins possible et de moins en moins respectée.

Combien de pays, sans être de l'empire britan­nique, ont tout de même dû participer à la guer­re qui achève ?

Le seul moyen d'échapper à une prochaine guerre, c'est de travailler pour qu'il n'y en ait plus. Pour cela, supprimer les causes de guerre. Et les causes de guerre ne sont ni la présence d'un Hitler, ni celle d'un Kaiser. Ces hommes passent. Leurs idéologies aussi. Mais la puissance qui met les hommes en guerre les uns contre les autres, guerres de classes, guerres intestines, guerres in­ternationales, cette puissance-là est encore en selle. Plus forte que jamais. Fortifiée par chaque nouvelle guerre, quel que soit le vainqueur ou le vaincu ; fortifiée par chaque nouvelle crise, quelle qu'en soit l'acuité ; respectée par tous les partis politiques, quel que soit leur nom.

La première indépendance à chercher, c'est l'indépendance financière. N'est-on pas aujour­d'hui à nous préparer un monde dans lequel, sous couvert de meilleures relations internationales, on aura surtout un organisme mondial contrôlé par la puissance financière mondiale ? Des criminels de guerre sont fusillés en Europe. Les plus grands criminels de guerre et de crise continuent de ré­gler la respiration de l'humanité. Et l'on parle d'indépendance !

Quel parti politique met en avant l'indépen­dance financière ? Aucun. Ils sont ou ignorants ou liés. Ou bien encore, ne songeant qu'à gagner l'é­lection, ils n'exploitent que des cordes qu'ils sa­vent sensibles. Les créditistes sont mieux rensei­gnés et leur doctrine est claire sur ce point.

Ce que nous disons de l'indépendance, nous pouvons en dire autant de l'autonomie provin­ciale. Nul n'est plus autonomiste qu'un créditis­te. Mais tous les créditistes savent bien qu'un homme qui dépend de son voisin pour avoir le droit de vivre n'est pas libre ; une province qui dépend de prêteurs d'argent pour avoir le droit de vivre n'est pas libre ; un pays qui ne peut bou­ger sans la permission de la finance n'est pas in­dépendant.

Nous ne nous payons pas de mots, ni de for­mules, si vibrantes soient-elles. Brisons d'abord nos chaînes : après, nous pourrons faire valoir no­tre autonomie, notre indépendance.

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