EnglishEspañolPolskie

"Regarde, c'est lui"

Gilberte Côté le mardi, 01 mai 1945. Dans Réflexions

Dans l'Église, c'est la première communion des petits. Les petits garçons en noir. Les petites filles en blanc. Et il y a les parents. Les petits sont bien sages, attentifs à se joindre les mains et à prier bien forts tous ensemble. Ils marchent tranquillement comme des grands personnages qui s'avancent vers la sainte Table.

Mais, les parents sont très agités. Ils se regar­dent. Ils se lèvent. Ils tournent la tête. Ils s'étirent le cou. Et la maman pousse le papa du coude "Regarde, dit-elle, c'est lui." Et ils regardent tous les deux le tout petit qui, debout sur ses pieds, les deux mains jointes, reçoit le bon Dieu."

"Regarde, c'est lui" : c'est le cri du cœur des pa­rents. C'est lui, c'est le nôtre que le prêtre commu­nie à l'instant. À ce moment-même, Jésus songe à lui tout seul, puisqu'il se donne à lui, notre petit, notre chair et notre sang, celui que nous avons fait. C'est lui, le nôtre, qui aujourd'hui est visité par le bon Dieu. C'est lui, le nôtre, qui devient plus chré­tien, qui devient un autre Christ. C'est lui, le nôtre, qui mange la Vérité, la Charité, le christianisme, la civilisation. Notre petit, il devient très grand, plus grand qu'un homme, puisqu'il devient un autre Christ."

Et dans le cœur des parents passent toutes ces pensées. Et les parents, nerveux, songent à l'avenir du petit. Que fera-t-il lorsqu'il sera grand ? Que de­viendra-t-il ? II faut que nous le fassions instruire. Puis, il faut qu'il devienne riche. Il faut qu'il vive bien. Il faut tout cela. Et peut-être que la maman pense aussi : il ne faut pas qu'il aille à la guerre. Une chance qu'il est petit ! Il n'ira pas à cette guer­re-ci.

— Non, maman, il n'ira pas à cette guerre-ci. Tant mieux ! Mais, l'autre guerre qui viendra dans vingt ans, elle le prendra. Le petit qui mange du christianisme aujourd'hui, on l'enverra défendre une civilisation de haine et de bombardement. On le forcera par la conscription.

— Mais, de guerre, il n'y en aura pas dans vingt ans ! Nos gars d'aujourd'hui ne se sont-ils pas bat­tus pour que les nations soient toujours en paix à l'avenir ?

— Nos gars se sont peut-être battus pour cela, mais San Francisco va consacrer le droit du plus fort. La Russie, que nous avons aidée, et qui gagne la guerre, avait avant la guerre, un idéal qu'elle ca­resse toujours : l'écrasement de tout spirituel, le règne de la matière dans le monde entier. La preu­ve : la conférence de San Francisco construit un trône pour les plus gros en matière et met à la porte les plus gros en esprit. La grosse Russie matérialiste y est souveraine, et le Vatican, plus grande puissan­ce spirituelle du monde, n'y est pas même invité.

Ton petit, maman bienheureuse aujourd'hui, ton petit vient de se nourrir de l'Esprit pur, il vient de soumettre toute sa matière à l'esprit, il se christia­nise, il se civilise au contact de l'Esprit. Au même moment, le monde rassemblé à San Francisco, fait une couronne de gloire à la matière, reniant l'esprit.

Civilisation ici dans le cœur de ton petit. Préva­rication là dans la société matérialiste des nations.

Lequel l'emportera dans vingt ans, le cœur de ton petit ou la société matérialiste des nations ?

Que se passera-t-il dans le monde d'ici vingt ans ?

Est-ce le christianisme de ton petit qui se déve­loppera, ou le matérialisme de la société des na­tions ?

Le plus gros aujourd'hui, c'est le matérialisme, c'est lui qui prend le plus de place sur la terre. L'esprit, lui, est relégué à l'arrière-plan. Mais, c'est pourtant l'esprit seul qui peut dompter la matière.

Pour tuer le communisme matérialiste, Hitler a in­voqué la matière des canons. Hitler se trompait. Pour tuer le communisme matérialiste, il aurait fal­lu l'esprit. Et l'esprit, c'est la vérité, c'est la chari­té. C'est tout le contraire du mensonge et de la hai­ne. C'est tout le contraire de la guerre.

Maman, aurons-nous une autre guerre dans vingt ans, à laquelle ton petit sera appelé ?

Maman, tout le problème est de savoir si dans le cœur de ton petit et de tous les autres petits qui, comme le tien, communient aujourd'hui, le problè­me est de savoir si le christianisme grandira plus vite que le matérialisme de la société des nations de San Francisco.

Pour bâtir un monde charitable, paisible, chré­tien, il faut des chrétiens. Si ton petit demeure chré­tien, si ton petit devient de plus en plus chrétien, et si les autres petits font de même, la paix, l'a­mour, la vérité auront dompté la matière. Et la guerre ne viendra plus.

Aujourd'hui, première communion de vos petits, songez bien à cela, surtout, parents heureux.

Gilberte Côté

Poster un commentaire

Vous êtes indentifier en tant qu'invité.

Panier

Dernière parution

Infolettre & Magazine

Sujets

Faire un don

Faire un don

Aller au haut
JSN Boot template designed by JoomlaShine.com