EnglishEspañolPolskie

Socialisme en Nouvelle-Zélande

le lundi, 01 octobre 1945. Dans La politique

Ceux qui veulent vanter les bienfaits du socia­lisme d'État, en le distinguant de la forme avancée du soviétisme, ont l'habitude de donner comme exemple la Nouvelle-Zélande. À les entendre, la Nouvelle-Zélande devient de plus en plus prospère à mesure que son gouvernement socialise l'écono­mie.

C'est du moins ce que disait M. Attlee durant la campagne électorale anglaise, pour faire accep­ter son parti à l'électorat.

Les néo-zélandais sont les plus surpris d'appren­dre que leur gouvernement les conduit vers les pâ­turages de la prospérité. L'un d'eux écrit au Social Crediter, de Liverpool, une lettre dans laquelle il fournit des détails intéressants. Nous en faisons part à nos lecteurs.

L'élection de 1935 en Nouvelle-Zélande

Le parti travailliste (Labor Party) prit le pou­voir en Nouvelle-Zélande en 1935.

Durant la campagne électorale, ses chefs, M. Savage, M. Semple, et d'autres, avaient dit par­tout que, si le parti prenait les rênes, il adopte­rait les mesures nécessaires pour augmenter le pouvoir d'achat du peuple, pour que la population puisse, en tout temps, consommer la production offerte par le pays, ou son équivalent, des impor­tations remplaçant les exportations. Le gouverne­ment devait faire cela, sans augmenter les impôts, et il devait abolir immédiatement "l'inique taxe de vente de 5 pour cent".

Le leader, William Savage, allait jusqu'à dire qu'un gouvernement formé de son parti prendrait le contrôle de la Banque de Réserve et utiliserait le crédit national sans endetter le pays.

Jamais parti travailliste d'aucun pays au mon­de n'avait tenu pareil langage auparavant. On y trouvait presque le vocabulaire du Crédit Social ; et les créditistes de Nouvelle-Zélande, assez nom­breux, donnèrent cordialement leur appui aux candidats travaillistes. Le parti prit le pouvoir.

Les créditistes se réjouirent. On crut qu'enfin, dans ce petit dominion britannique, la dictature de l'argent allait disparaître et qu'on verrait un régime de l'argent soumis à l'homme.

L'hypocrisie

Hélas ! on devait vite s'apercevoir du contraire. Le gouvernement néo-Zélandais élu en 1935 n'avait rien de créditiste et allait jouer la pure note socialiste. Il était d'ailleurs monté à la manière socialiste, par le camouflage.

Le parti avait, en effet, deux programmes : l'un, imprimé, répandu partout et préconisé sur les tri­bunes électorales, émaillé d'expressions qui ga­gnèrent la faveur des créditistes et des électeurs en général ; l'autre, au clavigraphe seulement, était du socialisme d'État déclaré et mettait au pre­mier rang la socialisation de la production et de la distribution. Ce deuxième programme, le vrai, fut soigneusement caché au grand public jusqu'au lendemain du scrutin ; seuls, les meneurs du parti étaient au courant et savaient ce qu'ils cher­chaient.

Dès sa première session, le nouveau gouverne­ment fit adopter l'Industrial Efficiency Act (Loi de l'efficacité industrielle), dont le public et même les industriels ne saisirent pas alors toute la por­tée. L'application de cette loi permettrait au gou­vernement de mettre l'industrie privée dans une camisole bureaucratique. Et c'est ce qu'a fait le gouvernement pendant les années de guerre. Le peuple a cru qu'il ne s'agissait que de mesures de guerre, de caractère temporaire, mais elles sont conformes à l'Industrial Efficiency Act et peuvent par conséquent demeurer dans les statuts.

Les résultats tangibles

Le gouvernement travailliste de Nouvelle-Zé­lande a inauguré toute une législation socialisante, sous prétexte d'améliorer le sort de la multitude.

Quels sont les résultats ?

La taxe de vente, appelée "inique" en 1935, n'a point été abolie. Au contraire, de 5 pour cent elle est devenue généralement 20 pour cent.

La taxe sur les salaires, de 5 pour cent en 1935, est devenue généralement 20 pour cent.

Une taxe de sécurité sociale a été inaugurée. Elle frappe toutes les personnes à partir de l'âge de 16 ans. En compensation, les malades se font soigner en série par des médecins nommés par l'État et doivent accepter la médecine prescrite par la bureaucratie.

Est-ce parce que les mots "soins gratuits" atti­rent le monde ; ou est-ce parce que les gens veu­lent en avoir pour la valeur de l'argent qu'ils ont donné en taxe de sécurité sociale ; ou est-ce parce que la médecine d'État est incompétente et que la santé nationale en souffre — toujours est-il que la population des hôpitaux de Nouvelle-Zélande augmente un rythme alarmant. Le gouverne­ment est obligé de multiplier les hôpitaux pen­dant que les familles font face à une pénurie de logements.

Les projets d'État pour la construction de mai­sons sont un échec lamentable. L'État se fait pro­priétaire. Ses locataires sont soumis à toutes sor­tes de conditions vexantes et restrictives, concer­nant le nombre d'enfants, le nombre de chats, de serins et autres chouchous domestiques ; ils doi­vent répondre à une foule de questions — toutes choses qu'ils n'endureraient pas s'il était possible d'obtenir des maisons privées.

L'Internat Marketing Board (Commission du marché domestique) a eu pour effet, en général, de rendre les aliments basiques plus rares et plus chers.

Ainsi, les œufs sont à peu près introuvables ; et pourtant une loi défend, à moins d'enregistration spéciale, de garder plus de 25 poules. La viande de volaille ne peut s'obtenir que sur licence du gouvernement. Autrefois, les œufs pour le marché provenaient surtout, non pas de fermes avicoles spécialisées, mais de fermiers ordinaires qui en avaient trop pour la consommation de leur famil­le. Le camion du marchand faisait le tour et cueil­lait les surplus aux fermes. Ce mode d'approvi­sionnement a été interdit par la bureaucratie du gouvernement socialiste.

La plupart des fruits sont soumis à un contrôle semblable. Ainsi, les citrons sont devenus presque introuvables dans les magasins, et seulement à des prix exorbitants. Pourtant, dans Auckland et au­tour d'Auckland, les citronniers sont richement chargés, plus que pour la consommation de leurs propriétaires ; mais ces derniers, à cause des règlements de la bureaucratie, seraient obligés de transporter eux-mêmes leurs surplus au magasin : les frais de charroyage changeraient leurs profits en pertes ; ils ont plus d'avantage à laisser perdre ce qu'ils ont de trop.

Il en va de même des pommes, qui restent dans les vergers parce qu'il n'est plus permis aux né­gociants d'aller, avec un camion, faire la cueillette des surplus.

Les livraisons de lait sont zonifiées et la pasteurisation est obligatoire. Les clients n'ont plus le choix ni de leur catégorie de lait ni de leur fournisseur.

Le miel, autrefois abondant en Nouvelle-Zélande, a été mis sous le contrôle de la Marketing Board, et on n'en trouve à peu près plus.

Voilà la compétence de la bureaucratie socia­liste. Les cultivateurs sont mécontents. Et si ce n'était par patriotisme, ils cesseraient de produire plus que pour les besoins de leur propre famille.

Propagande et éducation contrôlées

Impossible de critiquer le gouvernement. Il a pris le contrôle de la radio ; et les programmes d'i­dées à tendance socialiste sont seuls permis.

Il en est de même des journaux. Sous couvert de rareté de papier, nul journal ne peut être pu­blié sans permis du gouvernement. Et avant d'ob­tenir le permis, il faut soumettre le texte des articles. Les journaux de gauche jouissent de faveurs spéciales.

Des brochures communistes sont publiées sans nom d'imprimeur, contrairement à la loi du pays, et nulle poursuite n'est prise. Que des publicistes non socialistes fassent la même chose, on les traduit en cour.

Alors que nombre de gens sont dans l'armée et que les autres sont tellement enrégimentés et oc­cupés qu'ils n'ont pas le temps de surveiller les affaires publiques, le gouvernement socialisant en profite pour effectuer des réformes drastiques dans le domaine de l'éducation ; et ces réformes tendent vers la gauche.

Par l'exemple de ce qui se passe en Nouvelle‑Zélande, on peut juger de ce qui arriverait au Ca­nada sous une régime C. C. F., et de ce qui va arri­ver sous un régime libéral centralisateur et socia­lisant, si la population ne se tient pas sur le qui-vive et ne s'organise pour résister au socialisme d'État.


M. Dorion demande l'amnistie

Dans son discours du 19 septembre à la Chambre des Communes, M. Frédéric Dorion, député de Charlevoix-Saguenay, parle en patriote de diver­ses questions qui intéressent au plus haut point les Canadiens de la province de Québec : Un dra­peau national, l'abolition du recours au Conseil Privé, la reconnaissance de la langue française dans les formules du gouvernement fédéral, la redistribution des sièges électoraux pour corriger une injustice vis-à-vis de la province de Québec.

Puis, M. Dorion termine son discours en récla­mant l'amnistie pour les délinquants et déserteurs. Voici son texte, tel que consigné au Hansard de la présente session, page 334 :

"Il y a un autre problème qui se pose avec acuité à l'heure actuelle et qui devrait recevoir l'attention immédiate des autorités fédérales. Je veux parler de la situation dans laquelle se trouvent les jeunes gens qui ne sont pas en règle avec les dispositions de la loi de la Défense Nationale. Je veux parler de ceux qui, pour une raison ou pour une autre, n'ont pas répondu à l'appel qui leur a été signifié ; ou encore de ceux qui, pour une raison ou pour une autre, — et il y en a qui ont d'excellentes rai­sons, — après avoir obtenu un congé des autorités militaires, ne sont pas retournés pour faire leur service militaire.

"La guerre est terminée, et il me semble que le gouvernement fédéral devrait être clément et se montrer généreux. Le gouvernement devrait faire en sorte que ces jeunes gens ne soient pas traités comme des criminels et pourchassés comme on le fait actuellement.

"Je n'ai pas besoin d'aller chercher d'autres exemples que ce qui se passait la semaine dernière dans mon comté, dans la paroisse de Château-Ri­cher. En effet, dans la nuit du 12 au 13 septembre, la police militaire est allée faire ce que l'on appelle un "raid". On est entré dans les maisons des par­ticuliers en forçant les portes, et je dois vous citer le cas pitoyable d'une femme malade, chez qui la police militaire est entrée pour faire des perqui­sitions, toujours par la force, ce qui a eu pour résul­tat que cette femme est aujourd'hui rendue à l'Hôpital, très dangereusement malade.

"Cet état de choses ne devrait pas durer plus longtemps. Il me semble que ces jeunes gens, qui ne sont pas des criminels, qui, je le comprends, peu­vent avoir désobéi aux lois de leur pays alors que la guerre battait son plein, ne devraient plus être recherchés. Aujourd'hui que la guerre est terminée, nous devrions envisager la question d'amnistie en faveur de ces jeunes gens.

"D'ailleurs, les membres du parti libéral de­vraient facilement comprendre ma requête, car je n'ai qu'à les référer aux discours prononcés par eux en 1919. Après la dernière guerre, pendant que le gouvernement (de Borden) continuait à pour­chasser les conscrits comme cela se fait actuelle­ment, les membres de l'opposition du temps (Libé­raux) réclamaient à grands cris, et avec raison, que l'amnistie soit accordée à ceux que l'on appelle déserteurs."

Nous félicitons sincèrement M. Dorion d'avoir pris cette attitude à la Chambre des Communes, sans se soucier des coups que ne lui ménagerait pas la presse impérialiste.


RECTIFICATION

Comme quelqu'un nous l'a fait remarquer, la manière dont nous présentons la citation de Gla­diateur, dans notre numéro du 1er septembre (pa­ge 2), sous le titre "L'idée fait son chemin", laisse croire qu'il s'agit de l'opinion du Messager de St-Michel. Il ne s'agit réellement que de l'opinion de Gladiateur lui-même, sous sa propre signature, dans la page que le Messager de St-Michel met à la disposition des Syndicats Catholiques.

Poster un commentaire

Vous êtes indentifier en tant qu'invité.

Panier

Dernière parution

Infolettre & Magazine

Sujets

Faire un don

Faire un don

Aller au haut
JSN Boot template designed by JoomlaShine.com