En 1940, l'Ontario produisait 97 millions de livres de sucre de betterave. Cette année, il en produira seulement 45 millions de livres, moins de la moitié. Cette province possède deux grandes raffineries, et l'une d'elles est fermée.
La production canadienne de sucre atteignit son maximum en 1940 et 1941. Depuis, elle a diminué, alors qu'on manque de sucre. Pourquoi ?
Pourquoi ? Parce que les bureaucrates de Gordon ont plafonné le prix de vente du détail. Comme le coût de production a augmenté, les producteurs n'ayant plus de profit ont cessé de produire.
Bien des familles aimeraient mieux payer le sucre un sou de plus la livre et en avoir.
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On veut éviter l'inflation, et on a raison.
Mais quand est-ce qu'il y a inflation ? Il y a inflation lorsqu'il y a plus d'argent devant les produits que de produits devant l'argent.
D'où deux moyens de combattre l'inflation :
1. — Diminuer l'argent devant les produits, ou encore rendre l'argent inemployable en rationnant les achats par des coupons obligatoires :
2. — Augmenter les produits devant l'argent.
La première manière signifie privations pour les consommateurs ; la deuxième manière signifie distribution de l'abondance possible.
Les bureaucrates, fidèles serviteurs de ceux qui veulent mener les hommes par le ventre, pratiquent la première manière. La deuxième serait beaucoup plus conforme au bon sens et aux aspirations de l'humanité.
Le plafonnement des prix par décrets est un moyen artificiel de freiner l'inflation. Il arrive qu'il n'atteint pas toujours sa fin. C'est le cas lorsque le plafonnement décourage la production, comme pour le sucre d'Ontario. Le produit étant plus rare, parce que la production diminue, les prix tendent à monter. Le plafond décrété provoque le marché noir.
L'augmentation de production, encouragée par un profit légitime tend au contraire à faire baisser les prix : plus il y a de produits, moins ils sont chers. C'est un moyen naturel d'éviter l'inflation et en même temps de satisfaire les besoins. Ce moyen-là n'a pas besoin de bureaucrates.