Le vice-président des États-Unis prévoit une période de crise peu après la fin de la guerre. Il sera plus difficile, dit-il, de gagner la guerre contre le chômage que de gagner la guerre contre Hitler.
Cela se comprend : quand les Américains font la guerre à l'Allemagne, ils ont toute la science appliquée pour eux. Mais, quand ils font la guerre au chômage, ils ont toute la science appliquée contre eux.
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Pendant ce temps-là, un ministre canadien s'écrie que nous n'avons aucun chômage à craindre pour après la guerre. Il y aura tellement de ruines à réparer, tellement d'affamés à nourrir, dans tous les pays d'Europe, qu'il y aura de quoi occuper tous les bras et toutes les machines du Canada.
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Pendant ce temps-là encore, le ministre d'Agriculture d'Angleterre déclare qu'après la guerre, l'Angleterre n'aura plus comme auparavant besoin des importations étrangères pour nourrir les Anglais. "Nous sortirons de cette guerre, dit-il, avec nos terres en meilleure forme, notre bétail meilleur que jamais, et nous serons en mesure de produire toute la nourriture dont la nation a besoin en temps de paix." (À quoi sert notre milliard ?)
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Les uns et les autres, ceux qui disent blanc comme ceux qui disent noir, oublient qu'ils sont sous les ordres de la finance et que c'est le mot d'ordre du financier qui décidera des conditions d'après-guerre... à moins que le monde se tourne vers le Crédit Social.
Il paraît qu'un certain professeur des Hautes-Études de Montréal, expert en tout excepté en Crédit Social, projette de fonder un institut de missionnaires qui iront en Chine, habituer les Chinois à faire et à manger du pain de froment, afin de régler le problème du blé de l'ouest canadien !...
Un autre, jugeant qu'il y a bien d'autres problèmes dans le même cas que celui du blé, passe ses nuits au télescope. Il cherche des consommateurs dans la lune ou dans Mars, afin d'avoir un marché pour les surplus de la terre : il craint le chômage universel.