Dans Le Devoir du 20 août, commentant les activités du mouvement communiste au Canada et l'agressivité de ses militants, M. Omer Héroux écrit avec beaucoup de raison :
"On ne ruinera pas le mouvement communiste avec de simples épithètes, si hautes en couleur soient-elles, ni même avec des interdictions qu'il est toujours relativement facile d'éluder. Il existe des maux trop réels auxquels les communistes demandent qu'on porte remède. Il faut, à corriger ces erreurs, mettre plus d'élan qu'eux. Nos propres convictions nous en font un devoir."
Y mettre plus d'élan qu'eux — nous aimons cette expression. Mais, nous voudrions bien savoir qui, à l'heure actuelle, déploie un élan tant soit peu comparable à celui des communistes, pour essayer de faire disparaître des maux économiques trop réels. Qui, à part des créditistes ?
De l'élan pour endiguer la montée des revendications, de l'élan pour défendre les auteurs financiers du désordre économique, oh ! cela ne manque pas. De l'élan pour essayer d'arrêter et de refroidir ceux qui en ont, ça se trouve encore.
Mais ce qui domine chez ceux qui possèdent pourtant la connaissance des plus beaux principes sociaux, c'est un embourgeoisement d'une épaisseur désespérante.
Il est vrai que la plupart de ceux-là ont l'assurance virtuelle d'un certain degré d'aisance, même dans les conditions actuelles. Et comme les principes sont dans leur tête plus que dans leur cœur, ils ne jugeront rien de pressé avant d'entendre l'explosion des bombes communistes. Et encore, dans ce temps-là, leur premier geste sera-t-il de crier aux autres d'exposer leurs vies pour les défendre.