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Deux partis, un seul moteur

Louis Even le jeudi, 15 novembre 1945. Dans Éditorial

À part les profiteurs et les ignorants, qui peut donc encore prendre au sérieux le jeu des partis politiques ?

Qu'une équipe ou l'autre soit au gouvernail, le navire marche dans la même direction, parce que les pilotes obéissent aux mêmes ordres.

Dans certaines provinces, comme en Colombie et au Manitoba, les deux partis traditionnels ont jugé opportun de cesser leur joute. Ils marchent la main dans la main. Lorsque vient une élection, les "boss" des deux partis s'entendent. Dans tel com­té, on aura un candidat rouge, et pas de bleu. Dans tel autre comté, un candidat bleu et pas de rouge.

Mais les électeurs rouges et bleus de ces com­tés, comment vont-ils faire ?

C'est bien simple. On leur dit : C'est la même chose. Vous croyiez que bleu était mieux que rou­ge ou que rouge était mieux que bleu ? Grands niais : c'est exactement la même chose. Si vous êtes rouges et qu'il n'y a qu'un candidat bleu, votez bleu, c'est votre chef rouge qui vous le dit. Si vous êtes bleus et qu'il n'y a qu'un candidat rouge, votez rouge, c'est votre chef bleu qui vous le dit.

Drôle ? Mais pas du tout. Ce qui est drôle, c'est de croire qu'il y a de la différence entre les deux.

Lorsque, comme dans notre province, les deux bras continuent de boxer l'un contre l'autre, la tête ne s'en émeut pas. Être servie par l'un ou par l'autre, qu'est-ce que cela peut bien lui faire ?

Sont bien naïfs, ceux qui, croient que Godbout est le pire adversaire de Duplessis. Demandez donc à M. Duplessis si c'est M. Godbout qui l'empê­che d'administrer la province selon son goût, de construire des routes, d'aider les colons, les éco­les, etc, Il n'est jamais limité par M. Godbout, mais par le manque d'argent dans son trésor.

Et c'était la même chose sous M. Godbout.

Les créditistes savent cela. C'est pourquoi ils visent la tête plus que les bras. C'est à la tête qu'ils font la guerre, à l'année.

Ce ne sont pas eux qui vont s'amuser à plan­ter un troisième bras sur le monstre et partir en lutte contre les deux autres.

En temps d'élection, ils prient simplement le peuple de cesser d'être badaud et de se tourner vers autre chose que vers le monstre et l'une ou l'autre de ses tentacules.

Goliath est encore gros, et ses bras attirent encore l'attention. Mais s'il y a de la matière dans le monstre, il y a de l'esprit dans le Crédit Social. Et l'on a droit de croire que l'esprit peut un jour triompher de la matière, même en poli­tique.

Louis Even

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